BrèvOGM, d'octobre 2004 au 18 juin 2005


Essais d’OGM médicamenteux : la pilule risque d’être amère !

Communiqué de Presse de France-Nature-Environnement, jeudi 26 mai 2005

  Par 11 décisions en date du 27 avril 2005, le ministère de l'Agriculture a délivré 11 nouvelles autorisations de culture expérimentale d’OGM en plein champ. Celles-ci ont été délivrées sans information suffisante du public concerné et en l’absence d’étude sanitaire permettant d’évaluer les risques engendrées par la dissémination des OGM dans l’environnement.

  Ces autorisations ont en effet été délivrées dans la précipitation sans attendre la transposition de la directive 2001/18 CE relative à la dissémination des OGM, texte qui fixe la procédure à suivre pour adopter ce type de décision. A l’heure d’aujourd’hui, et malgré la condamnation de la France le 15 juillet 2004 par la Cour de justice de l’Union européenne, cette directive n’a toujours pas été transposée en droit français.

  C’est pourquoi la fédération France nature environnement a déposé mardi 24 mai 2005 deux recours devant le Tribunal administratif de Clermont-Ferrand par l! esquels elle demande l’annulation des autorisations délivrées à la Société Meristem Therapeutics pour procéder à des cultures expérimentales d’OGM médicamenteux en plein champs. Elle a par ailleurs adressé des recours gracieux au Ministre de l’Agriculture pour lui demander de retirer les 9 autres autorisations délivrées aux sociétés Biogemma et Pioneer genetique.

  La fédération France Nature Environnement considère qu'il est inacceptable de prendre de nouveaux risques avec des cultures d'OGM médicamenteux alors qu'il existe des techniques plus sûres en milieu confiné avec des micro-organismes génétiquement manipulés.

  La fédération France Nature Environnement demande enfin un arrêt immédiat des expérimentations en plein champs et l’organisation d’une large concertation à l’occasion de l’élaboration du projet de loi de transposition de la Directive 2001/18.

Contact(s) Presse Lylian Legoff : 06 72 15 22 25

Pour les questions juridiques :
Arnaud Gossement : 06 83 32 15 10


Gers : quota de signatures atteint en vue d'un référendum sur les OGM

AFP, le 19 mai 2005

  Une pétition en faveur d'un référendum sur les essais OGM en plein champ dans le Gers a désormais recueilli plus de 14.000 signatures, soit 10% de l'électorat départemental, le seuil limite pour l'organisation d'une consultation, a-t-on appris jeudi auprès de l'association chargée de la collecte.

  Les pétitions devraient être officiellement remises samedi à Philippe Martin, président (PS) du conseil général du Gers et initiateur de ce projet de référendum. L'élu avait lancé cette idée en septembre 2004 à la veille d'une opération de fauchage à Solomiac (Gers) afin de "sortir du bras de fer entre gendarmerie et police d'une part et les organisations anti-OGM d'autre part".

  Fermement opposé aux essais OGM en plein champ, Philippe Martin avait pris une délibération en juin 2004 dans laquelle le conseil général se déclarait "opposée à tous essais privés ou publics, à toutes cultures de plantes génétiquement modifiées en plein champ sur le territoire du département". Cette délibération a été annulée le 6 avril 2005 par le tribunal administratif de Pau. Le conseil général du Gers a fait appel de cette décision.

  "Pourquoi ne pas organiser le vote le dimanche 4 septembre, un an après la tentative d'arrachage de la parcelle de maïs transgénique de Solomiac? Ca aurait de l'allure", a estimé l'élu socialiste.


Les surfaces dévolues aux OGM multipliées par 8 en un an

Reuters, le 19 mai 2005

  Les surfaces consacrées aux essais de plantes transgéniques ont été quasiment multipliées par huit en un an et atteignent 53 hectares, contre sept l'an dernier, fait savoir le ministre de l'Agriculture.

  Dominique Bussereau a confirmé avoir autorisé onze nouveaux essais de plantes génétiquement modifiées (OGM) cette année, en accord avec le ministre de l'Ecologie Serge Lepeltier. Il a précisé que le gouvernement envisageait un "dispositif approprié de sécurisation" afin de protéger les parcelles victimes de destructions "scandaleuses" et contraires, selon lui, à "l'intérêt général".

  Samedi dernier, quelque 150 "faucheurs volontaires d'OGM" ont détruit des essais de maïs transgénique à Valdivienne (Vienne) en présence du leader paysan José Bové. Les autorités ont demandé au préfet du département de saisir le parquet pour engager des poursuites judiciaires. Le ministre de l'Agriculture a souligné que les propositions remises le 15 avril dernier au gouvernement par la mission parlementaire sur les OGM étaient en cours d'examen.

  L'objectif est de "dégager" des propositions à l'automne dans le cadre du projet loi sur les OGM, a-t-il dit. "Les orientations proposées portent en particulier sur les règles de coexistence des cultures OGM et non OGM et l'information et la consultation du public".


Opération "semeurs volontaires" des "faucheurs" du même nom dans la Vienne

France3, le 14 mai 2005

  Cent vingt-cinq "faucheurs volontaires" menés par José Bové, selon la gendarmerie, 250 selon le syndicaliste paysan, ont ensemencé deux champs destinés à l'expérimentation des OGM avec des semences non OGM, samedi près de Poitiers. Baptisée "Semeurs volontaires", l'opération, qui a eu lieu en fin de matinée, s'est déroulée dans "une atmosphère tout à fait détendue", d'après les gendarmes qui ont constaté les faits, mais n'avaient "pas pour mission d'intervenir". "Nous voulons dénoncer l'illégalité de ces essais puisque la directive européenne sur le sujet n'a pas encore été transposée dans le droit français", a déclaré le syndicaliste paysan à l'AFP.
  Ces parcelles appartiennent à un exploitant agricole qui travaille avec le géant américain de l'agrochimie Monsanto, ont précisé les gendarmes. Elles font partie du même lot que celles qui avaient fait l'objet de heurts entre militants et forces de l'ordre lors d'une tentatives d'arrachage de maïs OGM en septembre 2004 et représentent au total un demi-hectare environ, selon les "faucheurs". Elles sont situées à Valdivienne, à une trentaine de kilomètres à l'est de Poitiers, dans le département fief du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et dans une "région qui a été parmi les premières à se déclarer non OGM", a relevé M. Bové. "Nous reprenons avec cette opération +semeurs volontaires+ la campagne où nous l'avions finie en 2004", a ajouté le militant altermondialiste. Les "faucheurs volontaires" revendiquent 3.000 adhérents en France.


Anti-OGM, 5 des 7 maires ont comparu

Bertrand Lerossignol, France 3 Aquitaine, le 11 mai 2005

Les maires pensent que c'est de leur devoir d'appliquer le principe de précaution, il revêtent pour cela leur écharpe.
  Le tribunal administratif a entendu le commissaire du gouvernement et l'avocat qui défendait les prévenus.

  La question à trancher par le Tribunal administratif était de savoir si les maires abusaient de leurs prérogatives, "au nom de leur pouvoir", pour prendre des arrêtés interdisant la culture de plants de produits transgéniques en plein champ. Le représentant du gouvernement estimait qu'il y avait excés de pouvoir, comme le Préfet l'avait estimé.

  Le Préfet de la Dordogne avait, au tître de son devoir de contrôle a posterioride la légalité des décisions prises par les maires des communes de la Dordogne, déposé une requête auprés du Tribunal administratif pour excés de pouvoir. Le Préfet, au nom de l'Etat, estimait que les arrêtés des sept maires qui envisageaient d'interdire la culture en plein champ de produits transgéniques, ne faisaient pas partie de leurs prérogatives décisionnelles en matière réglementaire. Les maires des communes de Cours-de-Pile, Chenaud,Marquay, Saint-Aquilin, Saint-Nexans, Pomport et Saint Paul-de-Serre, avaient pris des arrêtés qualifiés d' "anti-OGM". Ils devaient donc répondre de leur décision devant la juridiction administrative, le commissaire du gouvernement estimait que les maires ont fait un usage excessif de leur pouvoir de police, que leur décision ne pouvait pas aller à l'encontre d'une décision supérieure, celle du ministre de l'Agriculture. Dans l'assemblée, derrière le prétoire, une soixantaine de militants anti-OGM, des associations Agrobio Périgord, Faucheurs volontaires 24, de la Confédération Payanne 24, Attac 24, Greenpeace Gironde et les Verts. L'avocat de la défense a noté que le commissaire du gouvernement attaquait le pouvoir de police de maires, que pour lui, il n'y avait pas de danger imminent, mais la défense de préciser que l'Etat français n'appliquait pas les directives européennes en matière de la précaution dont il faut faire preuve face aux circonstances particulières des lieux des cultures.

  Alors que le gouvernement français autorise onze nouvelles implantations de sites expérimentaux, en plein champ, de nouveaux produits transgéniques, les Faucheurs Volontaires revendiquent leur droit de justiciable d'être jugés. En effet, la Cour d'appel d'Orléans a rejeté la demande de 44 faucheurs volontaires de comparaître devant une juridiction, au même que leur corrélégionnaires qui doivent être jugés pour avoir fauché une parcelle de maïs transgénique en août 2004, dans le Loiret. Ils sont poursuivis pour dégradation grave du bien d'autrui commise en réunion. La Cour d'appel de Toulouse avait écarter 222 faucheurs volontaires de la procèdure intentée contre neuf responsables politqiues et syndicaux poursuivi pour le fauchage d'OGM, le 25 juillet 2004, à Menville en Haute-Garonne. 167 autres faucheurs demandent à comparaître pour des faits identiques devant une juridiction du Puy-de-Dôme.

  Le Tribunal administratif de Bordeaux délibère, il rendra sa décision le 7 juin prochain, mais la jurisprudence constante condamne les premiers magistrats des communes qui ont pris un arrêté dans le but d'interdire les cultures transgéniques, leurs arrêtés ont été considéré comme illégaux; A Orléans, le Tribunal administratif vient d'annuler trois arrêtés anti-OGM pris par des maires de l'Indre-et-Loire, à Antogny, Cussay et Pussigny. Les maires de ces trois communes avaient interdit toute culture de semences transgéniques dans un rayon de trois kilomètres autour de certaines parcelle en culture.


ETIQUETAGE OBLIGATOIRE EN ALASKA : UNE PREMIERE AUX ETATS-UNIS

Eric Darier, Greenpeace, le12 mai 2005

  Le Sénat et la Chambre des représentants de l'état de l'Alaska viennent d'approuver à l'unanimite une loi (loi 25) qui obligera l'étiquetage obligatoire des poissons génétiquement modifiés. La FDA évalue actuellement une demande d'autorisation d'un saumon OGM.
La loi 25 de l'Alaska est perçue comme étant la première loi sur l'étiquetage obligatoire des OGM adoptée aux Etats-Unis. Elle va ouvrir la voie à d'autres projets de loi sur l'étiquetage obligatoire que réclame environ 90% des américains.
Il faut que le Québec se depêche s'il veut être la première juridiction en Amérique du nord pour imposer l'étiquetage obligatoire des OGM ! On attend toujours que le gouvernement de M. Charest aille de l'avant sur une promesse libérale.

Source : CenterForFoodSafety


7 maires anti-OGM de Dordogne devant le tribunal administratif de Bordeaux

AFP, Bordeaux, 10 mai 2005

  Le tribunal administratif de Bordeaux s'est penché mardi sur la légalité des arrêtés municipaux anti-OGM pris par 7 maires de Dordogne après une requête en excès de pouvoir formulée par le préfet de la Dordogne. Outre les 7 arrêtés anti-OGM pris par les maires de Cours-de-Pile, Chenaud, Marquay, Saint-Aquilin, Saint-Nexans, Pomport et Saint-Paul-de-Serre, le tribunal administratif a également examiné des délibérations des conseils municipaux de Ribérac et de Chancelade concernant les OGM. La décision a été mise en délibéré au 7 juin. Cinq des maires, ceints de leur écharpe tricolore, ont fait le déplacement à Bordeaux accompagnés par une soixantaine de militants anti-OGM (Agrobio Périgord, Faucheurs volontaires 24, Confédération paysanne 24, Attac 24, Greenpeace Gironde et Verts).

  Le commissaire du gouvernement a demandé aux juges administratifs d'annuler les 7 arrêtés anti-OGM, indiquant que "les maires ne peuvent se substituer au ministre de l'Agriculture" qui est "seul compétent" pour délivrer des autorisations de culture OGM. Il a également précisé que "les périls imminents" n'étaient pas établis et par conséquent que les maires n'étaient pas fondés à prendre de tels arrêtés dans le cadre de "leurs pouvoirs de police exceptionnels". L'avocate des maires Gwendoline Paul, du cabinet de l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, a déploré que le commissaire du gouvernement ait limité la discussion "aux pouvoirs de police du maire". Selon cette avocate, "les autorisations d'expérimentation d'OGM sont illégales car la France n'a pas transposé dans son droit la dernière directive européenne qui précise notamment qu'il faut tenir compte des circonstances particulières des lieux des cultures".


OGM : autorisations en catimini

Mission Agrobiosciences 9 mai 2005, L’Express, Libération, Nouvel Obs, Reuters, AFP, Agrisalon, Terre-Net

  Malgré les menaces de nouveaux fauchages et la demande de "pause" des parlementaires, le ministre de l’agriculture a décidé d’autoriser 11 nouveaux tests d’OGM en plein-air en 2005. La décision, datée du 3 mai, a été signalée dans une brève lapidaire de l’agence Reuters le 6 mai, reprise sur le site de Libération. La liste définitive des communes choisies pour réaliser ces essais sera disponible dans quelques jours, précise une dépêche plus complète de l’AFP, reprise sur le site du Nouvel Observateur et le portail professionel Agrisalon. Le site Terre-Net, plus complet, ajoute quelques paragraphes pour signaler la demande de pause de la mission parlementaire, les menaces de nouveaux fauchages de José Bové et les vaines tentatives d’« un certain nombre de maires (...) de bloquer des essais sur leur commune ». L’information, tombée au début d’un week-end et au milieu du "pont" de l’Ascension, n’a guère été davantage développée ni commentée. Seul Claude Allègre, dans sa chronique hebdomadaire à l’Express, rend un hommage appuyé à Jean-Yves Le Déault, président (PS) de la mission parlementaire qui a eu « la patience et le courage de coordonner ce travail et d’en exprimer clairement le résultat », et fulmine contre le « contrôle tatillon des chercheurs par des incompétents ». La liste des dossiers autorisés et les communes d’implantation potentielles sont désormais disponibles sur le site interministériel (Revue de Presse Quotidienne. Mission Agrobiosciences. 09 mai 2005, L’Express, Libération, Nouvel Obs, Reuters, AFP, Agrisalon, Terre-Net)
Les 60 propositions de la mission parlementaire et les explications de vote des différents partis et personnalités sont désormais accessibles sur le site de l’Assemblée Nationale-
Lire les nombreux articles et publications concernant le thème « OGM »- sur le site de la Mission Agrobiosciences


Grâce aux OGM, des riziculteurs chinois ont meilleure mine

Denis DELBECQ, vendredi 29 avril 2005, Libération

Une étude démontre les avantages de la réduction de l'usage d'insecticides. Et ravive la polémique avec les tenants d'une agriculture verte

  Comment lutter contre les insectes ravageurs du riz ? La question fait l'objet de vives querelles entre partisans et adversaires des OGM. La revue Science ajoute aujourd'hui une pierre supplémentaire dans le jardin écologiste. Une équipe sino-américaine y relate deux années d'essais en pleins champs, en Chine, de deux variétés de riz transgénique. Plus de trois cents petits producteurs y ont participé. Verdict : une amélioration de la productivité et surtout une très forte réduction de l'usage d'insecticide. Un résultat logique, puisque c'est pour cela que les variétés de riz ont été conçues. Mais, plus rare, les chercheurs ont tenté de mesurer l'impact de la culture de ces OGM sur la santé des riziculteurs. Comme on pouvait l'imaginer, moins de pesticides épandus, c'est moins de troubles liés à leur exposition.

Décennies.   L'ennemi visé dans cette expérience est un insecte foreur de tige. «Deux à trois jours après l'éclosion de l'oeuf, la larve creuse la tige pour se réfugier à l'intérieur, explique Jean-Christophe Breitler, chercheur à l'Inra de Montpellier. Elle est donc particulièrement difficile à attaquer, d'où l'usage de pesticides puissants, capables de pénétrer la tige.» Or, en Chine, comme dans beaucoup de pays du Sud, les agriculteurs font appel à des substances dangereuses, interdites depuis des décennies en Occident, et le plus souvent sans se protéger.

  Outre un mieux de 6 % à 9 % en termes de récolte, l'équipe de Jikun Huang, de l'Académie chinoise des sciences, relève que les agriculteurs ont utilisé 80 % d'insecticides en moins dans les champs de riz transgénique, et que leur santé s'en est améliorée : aucun n'a signalé de trouble lié à l'épandage de pesticides (maux de tête, nausées, irritations , troubles digestifs, etc.). Dans les lopins «traditionnels», entre 3 % et 10 % des fermiers ont reconnu une gêne.

  Ces résultats significatifs confirment que la piste OGM mérite d'être étudiée pour réduire les menaces qui pèsent sur la santé des agriculteurs. Du moins à court terme, puisque les ravageurs sont capables de développer des résistances aux toxines qui les combattent. «C'est vrai qu'on a peu de recul sur cette question vis-à-vis des OGM, reconnaît Jean-Christophe Breitler. La résistance apparaît parfois au bout d'un ou deux ans, ou beaucoup plus tard. Mais que l'on ne s'y trompe pas. Toute contrainte que l'on pose sur l'insecte produit une résistance, que l'on utilise des OGM ou des pesticides. En laboratoire, personne n'a réussi à susciter une résistance chez les foreurs de tige. Mais elle est inéluctable.»

Biodiversité. On s'en doute, ces travaux très favorables aux OGM ne font pas l'unanimité. Chez Greenpeace, qui a tout récemment démontré la présence de riz transgénique (l'une des deux variétés de l'étude) dans le circuit commercial en Chine, on balaie les résultats d'un revers de la main. «Cette étude montre que le système de régulation des essais d'OGM en pleins champs ne fonctionne pas», explique Greenpeace Chine dans un communiqué. L'ONG réclame, une fois de plus, l'arrêt des cultures transgéniques au profit d'autres pratiques agricoles.

  En 2000, le travail d'une équipe chinoise avait été très remarqué. Youyong Zhu, de l'université du Hunan, a montré que le renforcement de la biodiversité, en multipliant les variétés de riz dans un même champ, permet de réduire de 60 % l'usage de fongicides. Une pratique agricole qui se répand désormais en Chine. Zhu avait été récompensé de la médaille d'or de l'année du riz en 2004 par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Car les champignons sont le premier ennemi du riz, bien avant les insectes ravageurs. «Cette stratégie est difficilement envisageable pour lutter contre les foreurs de tige, souligne Jean-Christophe Breitler. La sensibilité au champignon est très différente d'une variété de riz à l'autre. En revanche, les foreurs s'attaquent à toutes les variétés.» A l'Institut international de recherche sur le riz (Philippines), les scientifiques travaillent sur les deux tableaux : sans négliger les OGM, l'institut a publié un manuel de lutte biologique et de pratiques de nature à réduire l'impact des attaques de foreurs. Mais ces pratiques réclament de la main-d'oeuvre, quand les OGM luttent tout seuls. A Pékin, on semble prêt à autoriser le riz transgénique. Mais, sans retour en arrière possible, la décision est difficile.


OGM : Bruxelles pour la levée des interdictions

Nouvel Observateur, le 26 avril 05

  La Commission européenne va proposer mardi la levée des interdictions sur plusieurs variétés de maïs et de colza bannies par plusieurs membres.

  Huit variétés de maïs et de colza transgéniques, bannies selon les cas en Autriche, en Allemagne, au Luxembourg en France ou en Grèce, devraient être au cœur du débat européen mardi 26 avril. La Commission européenne compte en effet proposer la levée des interdictions touchant ces plants, selon une source communautaire.
  La levée de ces "clauses de sauvegarde nationales" a cependant toutes les chances d'être rejetée en juin par une majorité qualifiée des ministres de l'Environnement des 25 Etats membres Dans ce cas, même sans base scientifique, ces cinq Etats pourront continuer à appliquer ces clauses, qui avaient été décidées entre 1998 et 2000 sur l'importation, la transformation et la culture de ces OGM, pourtant déjà autorisés dans l'UE. La législation permet en effet aux Etats de faire jouer une "clause de sauvegarde" d'interdiction temporaire de culture ou de vente d'OGM lorsque des informations scientifiques nouvelles entrent en leur possession.

Autorisation pour Monsanto

  Mais, en juillet 2004, l'Agence européenne de sécurité alimentaire avait estimé que les informations supplémentaires ne modifiaient pas son évaluation nouvelle, contraignant la Commission à proposer la levée de ces clauses, selon la procédure.
Bruxelles va également renvoyer mardi sur la table des ministres une demande d'autorisation pour un maïs de Monsanto, le MON 863.
Comme une majorité qualifiée n'avait été atteinte ni pour autoriser, ni pour interdire ce maïs au niveau des experts en novembre dernier, le dossier arrive au niveau des ministres. Si, en juin, aucune majorité qualifiée n'est à nouveau atteinte dans un sens ou dans un autre, c'est alors la Commission qui tranchera.

Importation illégale

  Depuis la levée en mai 2003 du moratoire sur les nouveaux organismes génétiquement modifiés, l'exécutif européen a autorisé l'importation du maïs BT-11 du suisse Syngenta, puis le maïs NK-603 de Monsanto en octobre.
Bruxelles devait aussi autoriser l'importation dans l'UE du colza transgénique GT-73 mais a retardé sa décision à la lumière des lacunes mises en évidence à l'occasion de l'importation illégale du maïs génétiquement modifié Bt-10 du groupe suisse Syngenta.
  La Commission vient d'imposer aux exportateurs américains de gluten de maïs de certifier, via une méthode de détection fournie par Syngenta lundi, que leurs exportations vers l'Europe ne contiennent pas de Bt10.


Objectivité des parlementaires sur les OGM : Mission impossible ?

Communiqué de presse du 14 avril 2005
Agir pour l'Environnement, Attac, Greenpeace, Confédération paysanne,
Fédération nationale de l'agriculture biologique, les Amis de la Terre, Cohérence

Texte complet et commentaires

Le député François Grosdidier (UMP) dénonce la "thèse pro-OGM" de la mission

Le député UMP de Moselle François Grosdidier a dénoncé comme "une thèse pro-OGM" le rapport de la mission d'information parlementaire sur les OGM, présenté jeudi à l'Assemblée nationale.

"Ce rapport est une thèse pro-OGM plus qu'une synthèse des différentes sensibilités qui s'étaient exprimées, notamment lors de la réunion de synthèse", a affirmé dans un communiqué M. Grosdidier, qui a voté contre le rapport tout comme Yves Cochet (Verts) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP).

Selon lui, ce rapport "est le résultat partial d'une démarche tendancieuse, tant en amont sur le choix et l'organisation des auditions, qu'en aval sur la rédaction du rapport". "Cette démarche, a-t-il poursuivi, a visé de bout en bout à discréditer les scientifiques réservés sur les OGM, privilégiant les institutionnels et les scientifiques pro d'une part et, d'autre part, les opposants caricaturaux desservant, par leurs excès et leurs approximations, leur propre cause".

"Les risques pour la santé et l'environnement sont minimisés et la question de l'irréversibilité, propre aux OGM, occultée", a affirmé M. Grosdidier, pour qui le rapport "refuse des garanties qui n'auraient pourtant nullement entravé l'expérimentation en France".

"La société française était en droit d'attendre plus et mieux de notre mission", a conclu le député.


N’est pas faucheur qui veut

Didier Colin, l'Humanité du 14 avril 2005.

Le tribunal d’Orléans a refusé de reconnaître la responsabilité de quarante-quatre militants anti-OGM qui avaient arraché du maïs transgénique.

Plus de quinze cents - personnes, venues de toute la France, ont répondu hier aux appels de - solidarité lancés par les diverses délégations syndicales en faveur de 44 faucheurs d’OGM cités à comparaître devant le tribunal de correctionnel d’Orléans. Les faits que la justice leur reproche remontent au 14 août dernier. Ce jour-là, à Greneville-en-Beauce, près de Pithiviers dans le Loiret, près de 150 personnes arrachaient à la main 3 000 mètres carrés de maïs transgénique expérimenté en plein champs par la société internationale d’agro-fourniture Monsanto.

Au terme de l’enquête préliminaire et après une centaine d’auditions, le ministère public n’a retenu que 44 prévenus pour « dégradation grave du bien d’autrui commise en réunion ». Tout l’intérêt des débats d’hier était de savoir si la justice allait reconnaître, 44 autres faucheurs qui comparaissaient volontairement devant les juges. « Ces actes sont accomplis par des citoyens responsables qui assument les conséquences de leurs convictions, expliquait à l’entrée du palais de justice, José Bové, représentant de Via Campesina. Nous ne savons pas quels sont les critères du parquet pour choisir qu’un tel sera jugé et qu’un autre ne le sera pas. Le fauchage d’OGM est une action collective, de solidarité. »

Parmi les prévenus - figurent quelques personnalités : Yves Contassot, Francine Bavay, élus Verts, Jean-Émile Sanchez Matéo, porte-parole de la Confédération paysanne, François Dufour, vice-président d’ATTAC... Le collectif de défense, composé de quatre avocats, a tenu d’emblée à associer les 44 faucheurs comparants volontaires à l’ensemble des débats judiciaires pour des raisons d’équité et de liberté d’expression. « Si le tribunal est compétent pour un auteur, il est compétent pour tous les auteurs, a expliqué Me Antoine Comte, il faut mettre le droit en cohérence avec les faits. Ce n’est pas pareil de juger une personne qui arrache cent pieds de maïs que cent qui en fauche un seul. »

Et Me François Roux de poursuivre : « Nous sommes en train de construire du droit. C’est l’un des paradoxes de la désobéissance civile. » L’accusation pour sa part s’est montrée d’une grande fermeté, le procureur de la République indiquant qu’il n’y aurait pas de réquisitoire contre les comparants volontaires puisque non inscrits au rôle de l’audience. Contrairement aux tribunaux correctionnels de Toulouse et de Riom qui avaient pris en compte les demandes de comparution volontaires, celui d’Orléans a, hier, rejeté la demande des avocats des faucheurs. L’affaire a été reportée pour être jugée sur le fond le 27 octobre prochain. La défense des 44 prévenus et des 44 comparants volontaires a interjeté appel.

Les avocats anti-OGM se sont dits surpris par cette mesure dans le sens où elle va à l’encontre des dernières décisions de justice rendues en France sur ce dossier de santé publique et d’environnement. En marge des débats pénaux, se tenait un grand forum alternatif : manifestations, débats, ateliers citoyens ont jalonné la cité johannique. La décision rendue aujourd’hui par la cour d’appel de Toulouse apportera un complément de réponse sur la volonté de la justice face à ces problématiques actuelles.


Guerre des OGM : la première manche aux écologistes

Agence Science-Presse, le12 avril 2005

Dans le dossier des OGM, les écologistes européens n'ont pas seulement gagné la guerre des relations publiques. Dans l'ombre, ils ont aussi gagné la guerre des études scientifiques. Le quatrième et dernier volet d'une des plus grandes études sur le sujet vient de confirmer que la prudence est de mise.

Là où il y a OGM, il pourrait y avoir réduction de la quantité de plantes sauvages. D'où, réduction du nombre d'insectes, d'où réduction du nombre d'oiseaux qui dépendent de ces insectes.

Le «pourrait» est très important: l'étude britannique, qui porte sur quatre années de canolas génétiquement modifiés et de canolas «normaux», n'est pas catégorique. Mais elle insiste sur la nécessité d'en savoir plus avant de prendre un virage OGM.

Les trois volets précédents avaient déjà sérieusement miné le peu de crédibilité qu'il restait aux OGM en Grande-Bretagne: commandée par le gouvernement britannique, cette étude à grande échelle, c'est-à-dire menée dans des champs et non dans des laboratoires, avait commencé il y a près de cinq ans et chacun de ses volets convergeait vers le même objectif: évaluer l'impact des plants génétiquement modifiés sur leur environnement (les autres plantes, les insectes et les oiseaux). Dans tous les cas sauf un, l'étude est arrivée à la conclusion que les OGM avaient «peut-être» un impact négatif.


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  L'exception était, par contre, suffisamment étrange pour que les fabricants d'OGM s'en réjouissent et appellent, eux aussi, à d'autres études: en octobre 2003, on apprenait que le maïs transgénique serait moins dommageable pour son environnement que le maïs «traditionnel»! (lire Mauvaise nouvelle pour les OGM british).

L'ensemble de l'opération a coûté 6 millions de livres (15 millions $ CAN). Chacun des volets a donné lieu à la parution de résultats dans des revues savantes (le dernier volet fait l'objet d'un article dans une édition récente des Proceedings of the Royal Society). Et le gouvernement de Londres attendait beaucoup de cette étude: depuis des années, face à une opposition qui ne faiblit pas, nombreux étaient ceux qui, dans l'administration, espéraient que la science leur apporterait la preuve définitive d'une absence de dangers.

L'an dernier, sous la pression de l'Organisation mondiale du commerce, l'Union européenne, incluant Londres, a dû ouvrir ses frontières à de nouveaux types de plants génétiquement modifiés. Mais c'est peut-être trop tard: les frontières ont beau être à nouveau ouvertes aux producteurs d'OGM, les groupes de pression comme Greenpeace et ces études scientifiques ont fait leur œuvre. La fin des plants génétiquement modifiés, titre le quotidien britannique The Independant en résumant cette dernière étude. Celle-ci et la série dont elle fait partie «ont scellé le destin des OGM au Royaume-Uni —du moins dans un futur prévisible».

Déjà, il y a des mois que les géants américains Monsanto et Bayer ont retiré leurs demandes pour faire pousser leurs maïs modifiés sur le sol britannique — sur l'ensemble du sol européen, en fait, dans le cas de Monsanto.

Restent l'Inde et la Chine où l'industrie des biotechnologies est en expansion rapide. Mais ça, c'est une autre histoire.


OGM - BT 10: Syngenta devra verser une amende de 460 000 $

Fabien Deglise, Le Devoir, Édition du samedi 9 et du dimanche 10 avril 2005

À l'amende. L'entreprise suisse Syngenta s'est vue imposer hier une amende de 460 000 $ par les autorités américaines pour avoir répandu pendant quatre ans dans l'environnement des semences de maïs génétiquement modifié, le Bt 10, dont la vente n'a pas été autorisé. Le Canada, où cet OGM illégal a été planté dans les champs du Québec et de l'Ontario, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) pourrait en faire tout autant.


<< Lettre ouverte des scientifiques internationaux
à tous les Gouvernements >>

750 SCIENTIFIQUES INTERNATIONAUX PRENNENT POSITION : mars 2005

Nous, les scientifiques signataires de la présente lettre, appelons à une suspension immédiate de toute propagation dans l’environnement des cultures et des produits GM, commercialement et dans des essais de plein champ, pour au moins 5 ans ; à l’annulation et l’interdiction des brevets sur le vivant, sur les organismes, les semences, les lignées cellulaires et les gènes ; à une investigation publique exhaustive sur l’avenir de l’agriculture et la sécurité alimentaire pour tous.

>> texte en français

>> texte complet en anglais (incluant la liste des signataires) >> http://www.i-sis.org.uk/list.php


Bruxelles "regrette" l'importation de Maïs Bt-10 dans l'UE

ATS - 01.04.2005, web

BRUXELLES - La Commission européenne "regrette" que des tonnes de maïs transgénique Bt-10 de Syngenta non-autorisé aient été importées dans l'UE. Elle a écrit aux autorités américaines et au groupe bâlois pour leur demander de "clarifier la situation".

Jusqu'à dix kilos de Bt-10 ont pu être exportés vers la France et l'Espagne à des fins de recherche, a expliqué Philip Tod, porte-parole en charge de la santé. "On nous dit de plus qu'environ mille tonnes de Bt-10 ont pu rentrer par le canal du Bt-11 depuis 2001", a-t-il ajouté.

La Commission européenne a demandé à Syngenta les caractéristiques moléculaires du Bt-10 et les différences entre Bt-10 et Bt-11. L'objectif est de permettre de donner aux Etats membres les méthodes de détection adéquates pour le Bt-10, a déclaré le porte-parole. L'information demandée aux autorités américaines concerne l'évaluation de risques complète du Bt-10.

Il y a une dizaine de jours, Syngenta a reconnu avoir mis par erreur sur le marché américain un type de maïs génétiquement modifié pas encore autorisé aux Etats-Unis. Le groupe a découvert à fin décembre 2004 la présence "non intentionnelle" du Bt-10 "dans un petit nombre de lignées de maïs aux Etats-Unis.

Ce maïs se trouve actuellement en phase de développement pré-commercial. La protéine Bt-10 qu'il contient est identique aux lignées Bt-11. Ce dernier a été autorisé à la culture et à la consommation aux Etats-Unis en 1996. Il est homologué pour l'alimentation humaine et animale depuis 1996 au Japon et depuis 1998 dans l'Union européenne.

OGM : communication de crise mensongère et colère de l'UE

Didier Heiderich, avril 2005, web

L'UE a importé depuis les USA 1000 tonnes du maïs transgénique bt10 interdit à la vente et les arguments rassurants développés par les autorités US et Syngenta, le producteur de ce maïs, étaient mensongers : de quoi décrédibiliser pour longtemps la communication des pro-OGM.
Dans un communiqué très ferme (1), Bruxelles demande des explications aux USA et à Syngenta. Rappelons les faits. Syngenta a commercialisé par erreur et illégalement un maïs transgénique bt-10 expérimental et ceci pendant quatre ans avant de s'en apercevoir. 1000 tonnes de ce maïs ont été importé en Europe depuis les États-unis.

Argument rassurant
Se voulant rassurants au moment de la révélation de l'affaire en Mars 2005, Syngenta précisait dans un communiqué "La protéine Bt produite par ces lignées est identique à celle produite par les lignées Bt11, complètement approuvées et commercialisées. Cela ne change donc aucunement le profil du maïs, tant au niveau de l’alimentation, de la santé que de l’environnement. ". Si CCC doutait de la validité de cet argument en raison de la complexité du vivant nous pensions que celui-ci pourrait convaincre les politiques et les médias.

Mensonges des autorités US sur le bt-10
Il s'avère que l'argument de la similarité totale entre le bt-10 et le bt-11 est mensonger. Selon le communiqué de Bruxelles, "les autorités américaines n'ont pas informé la Commission que le Bt-10, contient contrairement au Bt-11, un gène conférant une résistance à un antibiotique, l'ampicilline", ce qui en fait un maïs potentiellement nocif en raison de cette résistance.

Grave erreur de communication
Cette absence de transparence des autorités US et de la firme Suisse est une erreur conséquente en communication de crise. D'abord, il sera difficile de nous expliquer que ce maïs transgénique n'est pas nocif pour l'homme ou pour l'environnement : sinon pourquoi avoir tenté de cacher la vérité ? Ensuite, toute communication de Syngenta et des autorités US sur les OGM demeureront suspects et ceci pour longtemps. En effet, toute communication de crise par le déni se veut inopérante voir nocive lorsqu'elle cache des faits qui pourront être révélés ultérieurement : d'abord elle décrédibilise toute communication à venir, ensuite elle créait les conditions du feuilleton.

Discrédit sur l'ensemble de la filière "OGM"
De plus, cette erreur grossière de communication engage toute la filière. En effet, suite à ce mensonge délibéré et en plein débat sur les OGM, les citoyens européens peuvent largement douter des pratiques des semenciers qui n'hésitent pas par ailleurs à caricaturer leurs détracteurs et de qualifier sur ogm.org, un site réalisé par les professionnels des semences et de la protection des cultures, d'" actions de désinformation" (2) tous les arguments des anti-OGM.


Contamination au maïs OGM Bt10 de Syngenta au Canada ?

Greenpeace Internationale et Greenpeace Canada, Amsterdam & Montréal, 31 mars 05

  L’entreprise de biotechnologie Syngenta a tenté d’induire en erreur le public lorsqu’elle a admise la semaine dernière que son maïs OGM Bt10 avait été cultivé illégalement pendant 4 ans (2001-2004) aux États-Unis. Notamment, Syngenta a négligé de dire que le Bt10 contenait un marqueur résistant à un antibiotique. Il est fort probable que ce maïs OGM ait contaminé également les cultures au Canada.
  Syngenta déclarait « ce qui est unique est le fait que le Bt10 et le Bt11 sont physiquement identiques » [notre traduction]. Des recherches faites notamment par des ONG ont révélé que le marqueur de résistance antibiotique du Bt10 était de l’ampicilline.

  L’ampicilline est un antibiotique important et utilisé très largement pour traiter les infections chez l’humain et les animaux. La directive 2001/18 de l’Union européenne exigeait que ce type de marqueur résistant à un antibiotique (qui pourrait avoir des effets négatifs pour la santé) soit retiré des OGM avant la fin de 2004. Même l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) qui est rarement critique des OGM a déclaré que ce type d’antibiotique « ne devrait pas être présent dans les plantes OGM mises sur le marché » (AESA, 2004).

  Lindsay Keenan, responsable de la campagne OGM pour Greenpeace déclare : « il est incroyable que Syngenta, après 4 mois de préparation pour rendre publique la contamination illégale par du maïs OGM Bt10 de 37 000 acres affirme qu’une plante OGM soit physiquement identique qu’elle contienne ou non un marqueur résistant à un antibiotique. »

  Éric Darier, responsable de la campagne OGM à Montréal déclare : «Basé sur le fait que le maïs Bt11 soit autorisé au Canada et qu’il existe un marché transfrontalier des semences entre le Canada et les États-Unis, on peut présumer que le maïs Bt10 a également contaminé les cultures aux Canada. Le fait que le gouvernement canadien ait annoncé le 24 mars dernier (1) qu’il avait « entamer une enquête » confirme qu’il n’existait pas de contrôle systématique, continu et sérieux des OGM par le gouvernement fédéral. Ceci démontre un fois de plus que le gouvernement canadien protège les intérêts des entreprises comme Syngenta et Monsanto et néglige la protection de l’environnement, la santé publique et les intérêts des agriculteurs. »

  Ce cas de contamination illustre l’incompétence de Syngenta de contrôler d’une manière sécuritaire les semences OGM et l’absence de contrôle des autorités gouvernementales américaines et canadiennes. Syngenta a tenté de camoufler cette contamination par des arguments scientifiques douteux.
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Référence:
L’article in Nature publié le 24 mars 2005 confirme que Syngenta a admis la contamination du maïs Bt10/Bt11
L’article dans Nature publié le 31 mars confirme que le maïs Bt10 contient un marqueur de résistance à un antibiotique.
(1) http://www.inspection.gc.ca/francais/corpaffr/newcom/2005/20050324f.shtml


Des mutants réverses pas très orthodoxes

Info Science (France), 27 mars 2005

Il est parfois des travaux qui soulèvent plus de question qu'ils n'apportent de réponses. Des scientifiques de l'Université Purdue (Indiana) ont réalisé l'autofécondation de plantes Arabidopsis porteuses d'une mutation récessive du gène Hothead empêchant leurs fleurs de s'ouvrir. La mutation étant présente de manière homozygote - c'est-à-dire sur chaque allèle (version possible) du gène sur les deux chromosomes, tous les descendants auraient dû présenter le même phénotype mutant que leurs parents. Or Robert Pruitt et de ses collègues ont observé près de 10% de phénotypes sauvages (avec des fleurs normales), un taux trop élevé pour le fait du simple hasard. Des analyses génétiques ont ensuite confirmé que ce phénotype sauvage était associé à un génotype hétérozygote pour la mutation du gène Hothead, ce qui implique une mutation réverse de l'un des allèles. Mais si le hasard n'y est pour rien et que les chercheurs n'ont pas rencontré, comme ils l'affirment, de problèmes de contamination, comment expliquer un si grand nombre de réversions ? Il est possible que les mécanismes classiques de réparation des erreurs de réplication de l'ADN ait corrigé la mutation héritée des parents, mais ils auraient pour cela eu besoin d'un modèle que ne pouvaient fournir les deux allèles mutés… Les chercheurs ont alors essayé de mettre en évidence la présence d'une éventuelle copie ADN extra-chromosomique du gène sauvage mais sans succès. Ils ont donc émis une hypothèse selon laquelle un type d'ARN stable (peut-être sous forme de double brin) aurait pu être transmis sur plusieurs générations, parallèlement au génome ADN, et servir ainsi de modèle aux réversions observées. Cette théorie reste bien entendu à vérifier mais elle ouvrirait, si elle s'avérait exacte, tout un nouveau champ de possibilités de recherches. Elle impliquerait que les plantes héritent de l'information génétique nécessaire pour, en quelque sorte, réparer des erreurs génétiques, revenant en cas de problème au modèle prévalant quelques générations auparavant. WP 23/03/05 (Plants fix genes with copies from ancestors) / NYT 23/03/05 (Startling scientists, plant fixes its flawed gene)
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A58349-2005Mar22.html
http://www.nytimes.com/2005/03/23/science/23gene.html


L'Argentine dénonce l'attitude de Monsanto

AFP, 23 Mar, 2005
http://french.epochtimes.com/article.asp?id=1303

L'Argentine a dénoncé jeudi l'attitude de «gangster» du producteur américain de semences transgéniques Monsanto, après que ce dernier eut manifesté l'intention de percevoir des royautés de 15 dollars pour chaque tonne de soja argentin exportée vers les ports européens.
«Malheureusement, en dépit de toutes les réunions et discussions que nous avons eues pour trouver une solution et définir un cadre légal adéquat pour la commercialisation de semences (de soja), l'entreprise Monsanto persiste dans son attitude de gangster, sans rapport avec les pratiques habituelles du commerce», a affirmé le secrétariat à l'Agriculture dans un communiqué.
Plus de 95 % du soja cultivé en Argentine, troisième exportateur mondial, est produit à partir de semences OGM développées par Monsanto.
Mais le groupe américain n'en profite pas financièrement, car la plus grande partie des semences utilisées dans le pays ne sont pas achetées auprès de la multinationale mais produites par les agriculteurs.

Devant l'impossibilité de faire respecter ses brevets, Monsanto a annoncé qu'il allait faire prélever une taxe de 15 dollars par tonne à l'arrivée du soja argentin dans les ports européens. Mercredi, le soja a terminé à 182 dollars la tonne sur le marché à terme de Rosario, principal port argentin d'embarquement de la protéagineuse.
Le gouvernement argentin a assuré qu'il «ne resterait pas impassible face à ces menaces et agirait de manière appropriée au moment opportun». Il a appelé un peu plus tard à «une réunion extraordinaire» des ministres de l'Agriculture du Mercosur, du Chili et de la Bolivie pour aborder les «menaces» proférées par Monsanto.

Le Brésil, membre fondateur du Mercosur, est le deuxième producteur mondial de soja. Cette culture s'est aussi récemment développée au Paraguay et en Uruguay. Le soja OGM de Monsanto est résistant à l'herbicide glyphosate (marque «Round Up»). L'utilisation de semences transgéniques en Argentine a permis un essor spectaculaire de la culture du soja, qui est devenu le premier produit d'exportation et un contributeur essentiel aux finances publiques du pays.

Devant les critiques, Monsanto a assuré qu'il «se sentait toujours engagé à parvenir à un accord commercial fondé sur l'octroi de licences pour l'utilisation de technologies dont il détient les brevets, étant donné que l'alternative judiciaire est beaucoup plus coûteuse».


Un maïs transgénique planté par erreur

Nouvel_Obs , le 23 mars 2005

Aux Etats-Unis, où les cultures OGM sont légion, 150 km2 de maïs transgénique ont été plantés par erreur avec une semence non autorisée, révèle aujourd’hui la revue Nature sur son site. C’est le fabricant, Syngenta, qui a lui-même détecté l’erreur et a prévenu l’Agence de protection de l’environnement (EPA) à la fin de l’année dernière.

La firme Syngenta commercialise un maïs transgénique qui exprime un gène de la bactérie Bacillus thuringiensis, utilisée comme pesticide. Ce maïs Bt11, autorisé depuis plusieurs années, est largement cultivé aux Etats-Unis. Syngenta a également conçu le maïs Bt10, proche du précédent mais qui n’a pas reçu d’autorisation fédérale. Or cette semence a été distribuée par erreur pendant quatre ans.

Même si cette erreur n’a pas de conséquences sanitaires graves, elle jette un discrédit sur les systèmes de contrôles des OGM aux Etats-Unis. La dernière affaire de ce genre concernait le StarLink, un autre maïs Bt qui n’était autorisé que pour la consommation animale –à cause de risques d’allergies- et qui s’était retrouvé dans la chaîne alimentaire humaine. Les industriels de l’agroalimentaire avaient alors dépensé près d’un milliard de dollars pour retirer le StarLink du marché, rappelle Nature.


Les OGM endommagent l'environnement, selon une étude officielle britannique

AFP, le 22 mars 2005

La plus importante étude jamais réalisée en Grande-Bretagne sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) et publiée lundi conclut qu'ils endommagent la faune et la flore.

Pendant quatre années, les auteurs de cette étude ont comparé des champs de culture OGM de colza avec des champs traditionnels. Ils ont relevé qu'il y avait moins de graines, d'abeilles et de papillons dans les premiers.

Les graines de colza, comme nombre d'autres OGM, résistent en outre aux herbicides ce qui poussent les agriculteurs à utiliser des désherbants plus puissants. La rareté des mauvaises herbes fait qu'il y a moins d'insectes, soulignent-ils.

La collecte d'un million de graines et deux millions d'insectes a été nécessaire pour réaliser cette étude commandée par la commission scientifique du ministère de l'environnement et des affaires rurales.

Pour les groupes écologistes, les résultats de cette étude prouvent que les OGM sont nocifs pour l'environnement et qu'ils doivent être interdits en Grande-Bretagne où ils sont rejetés par une majorité de l'opinion publique.

Le secrétaire d'Etat à l'Environnement Elliot Morley a décrit cette étude comme "la plus importante jamais réalisée dans le monde" et rappelé la politique du gouvernement de délivrer au cas par cas les autorisations de cultures OGM.


Les polonais se déclarent "libres d’OGM"

http://www.maib.info/1/breve.php3?id_breve=96, vendredi 18 mars 2005

  La province de Mazowieckie (dont fait partie Varsovie), avec une population de plus de cinq millions d’habitants, est devenue la sixième province polonaise. Ses autorités locales ont passé une résolution déclarant elles-mêmes une zone franche pour les OGM.
  Des décisions similaires ont été prises par les provinces de Podkarpackie (dont Rzeszow), de Malopolska (dont Cracovie), de Podlaskie (dont Bialystok), de Lubelskie (dont Lublin) et de Kajawsko-Pomorskie dont Torun). Des déclarations d’intentions fortes contre les OGM ont été proclamées par l’organisation principale des fermiers à Donaslaskie.

En même temps que les communes dans différentes régions de la Pologne, la moitié de la population polonaise vit maintenant dans un secteur où les autorités locales ont déclaré des zones franches quant aux OMG. Cette situation accentue le succès de la campagne d’ICPPC (arrêt des OGM en Pologne pour une Pologne libre sans OGM).

Cependant, voilà juste le début de la campagne. La population est persuadée de la nécessité de sensibiliser le gouvernement polonais et la Commission Européenne afin d’identifier et de faire respecter des déclarations régionales de statut de zone franches sans OGM, et ainsi de permettre la facilité pour les communes non participantes de s’y déclarer. ICPPC fonctionne jusqu’ici sur un budget minimum , la phase suivante de la campagne - pour réaliser une interdiction complète de la plantation des récoltes des OGM et de la vente des graines génétiquement modifiées - a besoin de plus de moyens.

Cette campagne a pour but de faire prendre conscience aux agriculteurs et consommateurs polonais des dangers des OGM, afin que la pression Casserole-Européenne puisse agir sur la Commission de l’union européenne.

Un bon exemple pour la France et l’Europe toute entière.


Le riz doré pour résoudre le problème de la déficience en vitamine A est un échec cuisant

Greenpeace, Amsterdam, le 17 mars 2005

Cinq ans après le début du battage publicitaire entourant le projet de développement du soi-disant « Riz Doré », Greenpeace soutient que ce produit transgénique est un échec technique, et qu’il ne viendra pas à bout de la malnutrition. Plus grave encore, sa mise au point accapare inutilement des fonds tout en détournant l'attention des vraies solutions qui permettraient de lutter contre la déficience en vitamine A (DVA). Greenpeace s'attend à ce que les scientifiques de l'industrie lancent d’ici peu une nouvelle campagne de propagande de désinformation pour louanger le Riz Doré, en lui faisant miroiter des solutions illusoires à la DVA.

  C’est en 2000 qu’a été présenté le Riz Doré pour la première fois. On le décrivait alors comme une variété de riz génétiquement modifiée en laboratoire, capable de produire de la provitamine A (du bétacarotène). Pour régler les problèmes de déficience en vitamine A. La DVA peut avoir pour conséquence la cécité, voire la mort, et elle survient surtout dans les pays en développement.
  « L’industrie s’efforce de mousser la vente de son Riz Doré en le faisant passer pour une solution magique. Sa stratégie induit le public en erreur, elle simplifie à outrance les vrais problèmes entourant la déficience en vitamine A, et elle rejette des solutions de rechange plus efficaces », affirme Christoph Then, responsable de la campagne OGM pour Greenpeace Internationale. « Le projet Riz Doré a simplement pour but d’aider l’industrie à obtenir des appuis pour la vente de ses aliments transgéniques controversés sur les marchés en Inde et en Europe, par exemple.»
  Une lecture attentive des publications portant sur le Riz Doré (1) révèle qu’elles dissimulent l’existence de problèmes techniques. La publication originelle qui traitait du Riz Doré ne décrivait ni entièrement, ni exactement le type de provitamine A présente dans le Riz Doré. En fait, la quantité de bétacarotène présente y avait été significativement surestimée. Le problème majeur est qu’à l’heure actuelle les scientifiques ne comprennent pas comment le riz transgénique fabrique son bétacarotène.
  Quoique l’innocuité alimentaire du riz OGM chez les humains demeure une inconnue, une chose est certaine : le riz cultivé va s’hybrider par croisement éloigné avec des espèces sauvages apparentées, incluant des mauvaises herbes, ce qui va probablement entraîner des problèmes agronomiques et environnementaux.
  Depuis l’an 2000, on a trouvé des solutions à la DVA qui ont fait leurs preuves. Par exemple, une alimentation plus variée, le recours à des suppléments de vitamine A administrés sous contrôle médical, et le jardinage à domicile. Bien que la DVA demeure un grave problème dans certains pays, dont le Bangladesh, les solutions précédemment mentionnées ont virtuellement permis d’éliminer la cécité infantile attribuée à la VDA. (2) Il y aussi des variétés de riz traditionnelles qui non seulement renferment du bétacarotène mais aussi plusieurs autres nutriments importants dont le fer, des protéines de grande qualité et même des composantes riches en gras, indispensables à toute assimilation de bétacarotène. (3)
  « S’il est introduit sur une vaste échelle, le riz GM pourrait envenimer le problème de la malnutrition et miner la sécurité alimentaire parce que sa consommation favorise une alimentation basée sur une seule denrée alimentaire industrielle, au lieu de promouvoir la réintroduction de plusieurs sortes de végétaux riches en vitamines, à haute valeur nutritive, bon marché et qu’on peut déjà se procurer », dit le professeur Klaus Becker, de l’université d’Hohenheim en Allemagne.
  Greenpeace veut mettre en garde contre le fait que les chercheurs qui vantent le Riz Doré vont encore chercher à attirer l’attention en dévoilant de nouveaux travaux portant sur le riz transgénique, prétendant qu’il contient dix fois plus de bétacarotène que celui de la première génération. Malgré cinq années de matraquage publicitaire, le Riz Doré n’a jamais permis de résoudre réellement le problème de la DVA. Il n’a eu pour effet que de distraire l’attention du public des véritables solutions présentement disponibles, lesquelles sont probablement moins chères, plus efficaces, et plus de nature à respecter l’environnement et à en maintenir l’intégrité.


OGM : Des arbres stériles "Terminator"

Traduction de Jacques Hallard, http://www.inapg.inra.fr/ens_rech/bio/biotech/textes/applicat/agricult/vegetale/protcult/ppe/groupe2/julie2.htm

Les arbres génétiquement modifiés et stériles, ne doivent pas contenir de transgènes ; mais ils soulèvent néanmoins des inquiétudes particulières concernant la santé publique et la biodiversité, comme le rappellent ici le Professeur Joe Cummins et le Docteur Mae-Wan Ho..

Source : Terminator Trees. Mae-Wan Ho et Joe Cummins. ISIS Press Release 01/03/05
“The Institute of Science in Society” = ISIS, est une organisation basée à Londres, Grande Bretagne. Le site web est http://www.i-sis.org.uk Les informations générales concernant cet institut sont disponibles auprès de Sam Burcher, joignable par sam@i-sis.org.uk L’institut ISIS est dirigé par Mae-Wan HO, dont la messagerie est m.w.ho@i-sis.org.uk Le texte original en anglais et les références sont accessibles par les membres de l’ISIS sur le web par : http://www.i-sis.org.uk/TerminatorTrees.php

Des arbres transgéniques, ou génétiquement modifiés, ont été examinés intensivement dans de grandes parcelles expérimentales sur le terrain, mais avec très peu d'attention portée à la dissémination des transgènes. Les études sur la dispersion du pollen et des graines des arbres forestiers ont prouvé que les flux de gènes peuvent être mesurés en kilomètres [ 1,2 ].

Il est clair que les transgènes des arbres génétiquement modifiés ne peuvent pas être maîtrisés lorsqu’ils ont été largués dans l'environnement. C’est pour cette raison que beaucoup d'efforts ont été déployés pour mettre au point des modifications génétiques particulières - généralement désignées sous le nom des techniques "Terminator" - qui sont sensées empêcher la floraison et la production de pollen.

En raison des menaces sérieuses que constituent les arbres génétiquement modifiés dans les écosystèmes forestiers à travers le monde, la dissémination commerciale des arbres transgéniques est généralement refusée, sauf si l’on peut garantir, comme il est permis de l’espérer, que les transgènes ne seront pas disséminés, en mettant en oeuvre des biotechnologies du type des arbres "Terminator"(voir l’article " Les arbres forestiers génétiquement modifiés - la menace finale" , dans cette série de rapports).

Dans la plupart des cas, les méthodes utilisées pour contrôler la floraison ou la pollinisation, ont impliqué une interférence avec le programme génétique qui concerne le développement floral ou pour supprimer des cellules impliquées dans le développement floral. Un groupe de gènes – désignés comme la « boîte de gènes MADS » - codent pour les facteurs de transcription de protéines qui reconnaissent des séquences d’ADN (voir l'article " Regard sur la maison MADS ", dans cette série de rapports).

Les gènes MADS ont des analogies avec les gènes homéotiques (HOX) qui ont été abondamment étudiés chez les animaux ; ceux-ci régulent les voies du développement [ 3 ]. En décortiquant les fonctions des gènes MADS, il a été possible de procéder à des manipulations du développement floral.

La floraison est empêchée par des gènes antisens, ou un petit ARN de régulation, qui bloquent les produits actifs de gènes, tels que le facteur de transcription de la boîte MADS qui n’est pas synthétisé. En outre, il est aussi mis en action une sorte d'avortement génétique qui fait appel à un gène de suicide.

Le gène de suicide préféré est la ribonucléase barnase provenant de la bactérie du sol Bacillus amylolquefaciens. La ribonucléase barnase est placée sous le contrôle d’un promoteur qui est spécifique du développement floral ou du pollen. Une fois activé, le produit de ce gène tue effectivement les cellules au sein desquelles le gène est exprimé.

Un autre gène de suicide utilisé est la toxine de diphtérie provenant de Cornyebacterium diphteria ou des toxines ADP-Ribosyltransferase apparentées provenant d’autres bactéries; mais ces gènes de toxine sont moins généralement employés que le gène barnase.. Ce dernier consiste en une partie de la construction génétique qui s’est vu attribuer en premier le terme de "Terminator" pour la stérilité ainsi manipulée, conçue pour placer la production des semences sous le contrôle des sociétés de biotechnologies [ 5,6 ].

Le Professeur Steven Strauss de l’Université de l'Etat de l'Orégon aux Etats-Unis, a ouvert la voie pour le contrôle de la floraison et du pollen chez le peuplier. Il a, avec ses collègues, mené ses travaux dans le domaine du contrôle de la floraison chez les arbres forestiers. Strauss avait précisé que lorsque la stérilité florale est complètement réalisée, les plantes concernées exigeaient une reproduction par multiplication végétative [sans phase sexuée] [ 7 ].

La stérilité florale a commencé à être étendue du peuplier aux arbres d'ombrage [ 8 ]. Strauss a argué du fait que la gestion du peuplier génétiquement modifié est comparable à celle du peuplier conventionnel quoiqu'il ait bien mis en garde à propos de la dispersion du pollen et des graines avec le peuplier transgénique [ 9 ].

Avec l'exploration de la stérilité florale et afin de permettre des cycles plus rapides pour la croissance et la sélection, Strauss a aussi étudié l’accélération du développement floral (rappelons que les arbres demandent normalement des années pour se développer sexuellement) [ 10 ].

Naturellement le cycle de sélection accéléré est entaché d’une certaine incertitude en ce qui concerne le développement ultérieur de l'arbre à maturité. Strauss a ouvert la voie de l'utilisation du gène promoteur PTD du peuplier, qui est, chez cette espèce, l'homologue de la boîte de gènes MADS pour la floraison [ 11 ]. Le promoteur PTD a été combiné avec le gène de la toxine diphtérique, DTA, pour produire un peuplier stérile, mais sans rencontrer les effets néfastes sur le rendement qui avaient été observés antérieurement [ 12 ].

Le problème de la variation somaclonale est à peine mentionné dans la discussion relative au contrôle de la floraison chez le peuplier, bien que ce problème ait été abordé dans un rapport relatif à un essai de quatre ans dans les conditions naturelles, du peuplier [génétiquement modifié] tolérant à un herbicide, et effectué par les chercheurs du groupe de Strauss [ 13 ].

La variation somaclonale résulte de la technique de culture de cellules, employée pour sélectionner et propager les plantes transgèniques. Elle a comme conséquence l’apparition, à des niveaux extrêmement élevés, de mutations et d'instabilité chromosomique, qui pourraient restaurer la fertilité florale. Des rapports antérieurs ont montré que la culture in vitro de cellules de peuplier, a eu comme conséquence l’apparition de niveaux extrêmement élevés de variation somaclonale [ 14, 15 ].

Les chercheurs de l'université de Sopanen en Finlande ont étudié le contrôle de la floraison chez le bouleau argenté. Ces chercheurs ont identifié les gènes de boîte MADS contrôlant la floraison chez cette espèce [ 16, 17 ]. La suppression des cellules florales a bien empêché la floraison, lorsqu’ un gène promoteur spécifique de la floraison du bouleau, le gène BpMADS1, qui permet l’expression du gène barnase, a été utilisé ; mais il y avait également des effets secondaires marqués, portant sur les feuilles et les branches [ 18 ].

Les effets secondaires observés étaient probablement dus à un effet de pleïotropie, causé par l'insertion des gènes, mais ils pourraient tout aussi bien résulter du phénomène de variation somaclonale, faisant suite aux cultures cellulaires in vitro. Un récent rapport a changé le nom du gène de boîte MADS, de BpMADS en BpFULL1. Comme dans l’étude précédente, la floraison a bien été empêchée, mais la modification génétique a affecté les feuilles et le branchage [ 19 ]. Les effets pleïotropiques observés peuvent s’étendre à des secteurs qui n’ont pas encore été détectés et ils exigent une étude plus approfondie.

Risques sanitaires et écologiques des arbres "Terminator"

Des arbres qui ne fleurissent pas et qui ne fructifient pas, ne fourniront donc aucune nourriture pour la multitude d'insectes, d'oiseaux et de mammifères qui s’alimentent normalement à partir du pollen, du nectar, des graines et des fruits ; ces arbres stériles auront inévitablement des impacts énormes sur la biodiversité.

Les toxines d'ablation employées pour créer ces arbres stériles représentent elles-mêmes un risque additionnel. La ribonucléase barnase s’est montrée toxique chez des reins de rats [ 20 ]. Par ailleurs, elle était cytotoxique chez des souris et dans les lignes cellulaires humaines [ 21 ].

Les animaux pourraient ne pas trouver les forêts génétiquement modifiées très accueillantes. La toxine diphtérique a été associée à la réponse anaphylactique [ 22 ]. Comme dit la chanson : "Si vous pénétrez dans les bois (transgéniques) aujourd'hui, vous êtes sûr d’y rencontrer une grande surprise."

Et puis même si ces arbres sont bien stériles, ils peuvent encore se disséminer par reproduction asexuée végétative et, très vraisemblablement, les gènes peuvent être l’objet d’un transfert génétique horizontal vers des bactéries du sol, des champignons d'autres organismes vivants dans le système radiculaire étendu des arbres forestiers, avec des impacts imprévisibles sur le milieu biotique et sur la fertilité de sol. Il y a une probabilité pour que de tels gènes puissent se propager, par transfert génétique horizontal, à d'autres arbres forestiers, et rendent ainsi ceux-ci également stériles.

Les caractères transgéniques tendent à être instables ; de ce fait, ils pourraient se recomposer et faire en sorte que les plantes transgéniques stériles retournent au développement floral normal, dispersant de ce fait des transgènes vers les autres arbres indigènes, ou qu’elles émettent du pollen qui empoisonnerait les abeilles et d'autres insectes pollinisateurs ; ces évènements pourraient tout aussi bien causer des dommages potentiels aux êtres humains.

En conclusion, l'effet génétique qui consiste à empêcher la reproduction sexuelle pourrait réduire de façon drastique la recombinaison génétique qui produit la diversité génétique et la nouveauté en matière d’évolution dans la nature. Les monocultures stériles présentent le risque de succomber de maladie ou de sénescence, ce qui pourrait potentiellement éliminer des plantations forestières entières.

Références bibliographiques
1. DiFazio S, Slavov G, Burczyk J, Leonardi S and Strauss S. Gene flow from tree plantations and implications for transgenic risk assessment. Plantation Forest Biotechnology for the 21st Century eds. Walter,C. and Carson,M. 405-22, 2004.

2. Slavov G, DiFazio S. and Strauss S. Gene flow from forest trees: from empirical estimates to transgenic risk assessment. Scientific methods workshop: ecological and agronomic consequences of gene flow from transgenic crops to wild relatives Columbus, Ohio, 2002.

3. Ng M. and Yanofsky M. Function and evolution of the plant MADS –Box gen family Nature Reviews Genetics 2001, 2,186-96

4. Skinner J, Meilan M, Brunner A. and Strauss S. Options for genetic engineering of floral sterility in forest trees. Molecular Biology of Woody Plants, Jain S and Minocha S. eds, Kluwer Academic publishers Netherlands, 2000.

5. Ho MW and Cummins J. Terminate the terminators! ISIS Report July 12, 2001 http://www.i-sis.org.uk/terminator.php?printing=yes

6. Ho MW and Cummins J. Chronicle of an ecological disaster foretold. ISIS report 2/02/03 http://www.i-sis.org.uk/CEDF.php?printing=yes; also Science in Society 2003, 18, 26-27 http://www.i-sis.org.uk/isisnews.php

7. Strauss S, Rottman W, Brunner A and Sheppard L. Genetic engineering of reproductive sterility in forest trees. Molecular Breeding 1995, 1, 5-26.

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22. Rosenberg A. Immunogenicity of biological therapeutics: a hierarchy of concerns Developmental Biology 2003, 112,15-21.

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définitions


Les pays du Sud, un marché pour les produits toxiques du Nord

Quant une technologie du nord arrive dans le sud, ... Qu'en sera-t-il avec les OGM? Combien de lots de semences transgéniques traînent déjà, abandonnés, non étiquetés ?

http://www.novethic.fr/novethic/site/dossier/index.jsp?id=87437, le 12 mars 2005

  Si les pays occidentaux progressent en matière de réglementation sur les produits toxiques, les pays en développement demeurent, pour des raisons économiques évidentes, les parents pauvres des traités internationaux. Alors qu'ils ont été interdits au Nord, plus de 100 000 tonnes de pesticides extrêmement toxiques continuent à polluer les terres agricoles de ces pays, constituant un péril pour la santé humaine et l'environnement. De même, plusieurs formes d'amiante produites par le Canada et la Russie, continuent à être exportées dans les pays -non industrialisés pour la plupart- qui n'ont pas interdit leur usage. Seule la directive européenne sur le traitement des déchets électroniques, qui entrera en vigueur à l'été 2005, met un terme à l'exportation de produits toxiques vers les pays du Sud. Elle exige en effet que les entreprises traitent elles-mêmes ces déchets sur le territoire européen.

  La FAO tire la sonnette d'alarme depuis plusieurs années. Dans les pays en développement ou en transition, d'importants stocks de pesticides périmés sont laissés à l'abandon, entraînant des conséquences sanitaires et environnementales catastrophiques. Disséminés et difficiles à localiser, les pesticides périmés constituent en effet un risque environnemental important dans les pays en développement. Conservés trop longtemps, souvent dans des conditions qui accélèrent la détérioration de leurs conteneurs, les produits finissent par se répandre dans la nature, entraînant une pollution des sols, de l'eau potable et des nappes phréatiques. La FAO estime à au moins 100 000 tonnes la quantité de pesticides périmés constituant une menace pour l'environnement et la santé dans le monde.
L'Afrique, avec plus de 50 000 tonnes en souffrance, est le continent le plus touché. En Asie, les stocks s'élèvent à 6 000 tonnes. Mais c'est compter sans la Chine où le problème serait très étendu. On estime qu'il y aurait chaque année 1 à 5 millions de cas d'empoisonnements aux pesticides, entraînant la mort de plusieurs dizaine de milliers d'ouvriers agricoles (dont des enfants) dans les pays du Sud.

  La responsabilité des gouvernements, en la matière, est fondamentale. La Convention de Rotterdam, qui réglemente le commerce international des pesticides et des produits chimiques dangereux, stipule en effet qu'aucune exportation ne peut avoir lieu sans que le pays importateur ait été informé des dangers potentiels liés au produit et qu'il ait donné son consentement. Si les pays industrialisés vont appliquer cette règle, qu'en sera -t-il dans les pays en développement ? Difficile d'apporter des réponses positives, lorsque l'on sait que l'amiante continue d'être exportée vers ces pays, alors que la majorité des pays occidentaux l'ont interdite... Le Canada et la Russie, grands exportateurs d'amiante, ont scandalisé les associations de victimes et les organisations écologistes, en refusant d'inscrire cette substance dans la " liste noire " des produits dangereux. " La plupart des pays industrialisés occidentaux ont banni son usage ou sont en voie de le bannir, résume l'Association des victimes de l'amiante. Face à cette situation, le Canada accentue ses efforts pour favoriser l'usage et l'exportation du chrysotile dans des pays pauvres où les contrôles et la réglementation laissent très souvent à désirer."
Seule avancée positive, la directive européenne sur les déchets éléctroniques va mettre fin à ces exportations vers les pays du Sud. Les producteurs d'équipements informatiques et électroniques doivent désormais s'engager à adopter des techniques de traitement, de valorisation et de recyclage, mais également de stockage des déchets. Cette réglementation interdit désormais un procédé très largement utilisé jusqu'ici : envoyer ces produits toxiques dans les pays du Sud, notamment en Chine, devenue une véritable " poubelle " de déchets éléctroniques. La directive stipule en effet que "le traitement peut se réaliser en dehors de l'État membre ou même de la Communauté", mais qu' il doit " respecter le règlement relatif à la surveillance et au contrôle des transferts de déchets à l'intérieur, à l'entrée et à la sortie de la Communauté ". En outre, "le traitement hors Communauté ne compte pour atteindre les objectifs de la directive que si l'exportateur est en mesure de prouver que le traitement s'est déroulé dans des conditions équivalentes aux exigences de la directive".


Nos élus POUR des zones sans-OGM : Lettre-pétition pour la Commission Européenne

Les Amis de la Terre, jeudi 3 mars 2005

Cette nouvelle Lettre-pétition lancée dans toute l'Europe est destinée à la Commission Européenne. Elle à pour but de démontrer l'opposition des élus locaux aux OGM, ainsi que leur volonté de créer des zones sans-OGM dans leurs circonscriptions.

Dans toute l'Union Européenne des milliers de mairies et de régions veulent exclure la culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM). Les raisons sont multiples :

  1. Inquiétudes à propos des nombreuses incertitudes scientifiques concernant la sécurité des aliments OGM et l'impact des cultures OGM sur l'environnement.
  2. Difficultés évidentes à s'assurer que les cultures biologiques et conventionnelles ne seront pas contaminées par les cultures OGM.
  3. Conséquence économique des cultures OGM sur les secteurs agroalimentaires
  4. Volonté de la majorité écrasante de leurs citoyens d'avoir une alimentation et un environnement sans-OGM.

Les lois européennes actuelles ne protégent pas ces collectivités locales. A l'échelle internationale, la pression ne cesse d'augmenter pour introduire de force les OGM dans l'Union Européenne, particulièrement par l'intermédiaire du bras de fer commercial orchestré par les Etats-Unis au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Grace à cette lettre-pétition nous avons une unique opportunité de mobiliser nos élus afin qu'ils réclament le droit de proclamer des zones sans-OGM dans leurs circonscriptions. Cette action à l'échelle Européenne doit aboutir à une mobilisation massive qui permettra de faire pression sur la Commission Européenne afin que ce droit soit inclus dans la législation Européenne.


Quand des OGM et des pesticides conjuguent leurs effets néfastes sur notre santé

Jacques Hallard, le 15 mars 2005

La France a consommé environ 100.000 tonnes de pesticides divers par an à la fin des années 1990. Notre pays s'est classé troisième au monde pour l'emploi des pesticides, derrière les Etats Unis et le Japon.

L'agriculture n'est pas le seul secteur utilisateur des pesticides divers. Par exemple pour les désherbants, les autres usages recouvrent la gestion des infrastructures autoroutières et des voies navigables de France, le nettoyage des voies de chemins de fer par les trains désherbeurs de la SNCF, les applications par la plupart des services départements de l'équipement pour l'entretien des bords des routes et par les services des villes et des communes pour leurs espaces verts. Par ailleurs, de nombreux produits phytosanitaires et antiparasitaires sont proposés aux jardiniers amateurs qui ne respectent pas toujours les conditions d'emploi, pourtant toujours indiquées sur les emballages.

Le professeur Dominique Belpomme, en collaboration avec Bernard Pascuito, ont rappelé, dans leur ouvrage "Ces maladies créées par l'homme - Comment la dégradation de l'environnement met en péril notre santé" paru chez Albin Michel en 2004, que la stérilité est une menace pour les sociétés industrialisée: "L'effet féminisant des pesticides et autres substances chimiques à action oestrogène concerne toutes les espèces, et en particulier l'homme". Ils décrivent en particulier le scandale des pesticides : "La contamination se fait principalement par ingestion, mais aussi par inhalation. Les pesticides contaminent l'eau de boisson, les fruits et les légumes que nous mangeons (près de 10% des échantillons analysés en provenance de produits fruits et légumes français, dépassent les limites maximum de résidus de pesticides), le lait et même les viandes...". " Des propriétés cancérigènes se manifestent de façon nette. A cela trois raison : l'accumulation continuelle des pesticides dans la chaîne alimentaire et donc dans notre organisme; leur stockage dans les tissus adipeux et leur relargage permanent en direction de nos cellules des tissus qu'ils cancérisent".

Dans leur ouvrage publié par les éditions La Martinière en mars 2004, intitulé : « La société cancérigène – Lutte-t-on vraiment contre le cancer ? », Geneviève Barbier et Armand Farrachi citent de nombreuses sources responsables : les dioxines, les additifs alimentaires, l’air et les sols, les rayonnements ionisants, les champs électromagnétiques … et les pesticides, bien entendu. Ces auteurs rappellent que le cancer est aujourd’hui la deuxième cause de mortalité en France, et la première chez les hommes. Cet ouvrage « dénonce, chiffres à l’appui, les silences des discours officiels et les intérêts de bien des lobbies. Car la disparition du cancer serait préjudiciable à des pans entiers de notre économie ».

Une brochette d'éminents spécialistes, du secteur de la santé notamment, ont pris une grande décision en lançant en mai 2004 "L'Apple de Paris" pour avertir l'opinion publique de cet état de fait, lié aux dangers pour la santé de nombreux produits chimiques.

Parmi la gamme des pesticides autorisés à la commercialisation, la spécialité désignée herbicide total, le "Roundup" du groupe Monsanto, dont la matière active est le glyphosate, serait la plus utilisée à travers le monde. Breveté en 1969 et commercialisé depuis 1975, cet herbicide a été, pendant des années, réputé peu toxique et peu rémanent, donc peu dangereux pour la santé publique et l'environnement.

Au cours des ces dernières décennies, nos connaissances sur les dangers de ce produit sont apparues clairement.

L'avancée biotechnologique en matière d'OGM a accru l’emploi du "Roundup" par l'accroissement des mises en culture de plantes génétiquement modifiées pour tolérer cet herbicide.

Nous rapportons ci-après un rapport britannique qui fait état des derniers résultats des recherches, notamment françaises, à travers l’équipe du Professeur Gilles-Eric Séralini de l’Université de Caen, sur la toxicité du "Roundup" et de sa matière active, le glyphosate.

La situation et les risques encourus doivent inciter les responsables en cause et les administrations concernées à réagir promptement dans l'intérêt de la santé publique et du maintien de notre environnement dans une perspective durable pour nos contemporains et les générations à venir.

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OGM : Le glyphosate est toxique et le “Roundup” est encore plus mauvais

Résumé : A la lumière de nouvelles preuves scientifiques, le Docteur Mae-Wan Ho et le Professeur Joe Cummins réclament une révision urgente de la réglementation relative à l’herbicide le plus largement répandu dans le monde.

Source : Glyphosate toxic and “Roundup” worse. Mae-Wan-Ho et Joe Cummins. ISIS Press Release 07/03/2005.

“The Institute of Science in Society” = ISIS, est une organisation basée à Londres, Grande Bretagne. Le site web est http://www.i-sis.org.uk Les informations générales concernant cet institut sont disponibles auprès de Sam Burcher, joignable par sam@i-sis..org.uk L’institut ISIS est dirigé par Mae-Wan HO, dont la messagerie est m.w.ho@i-sis.org.uk Le texte original en anglais.

  De nouveaux résultats de recherches soulèvent des inquiétudes sérieuses quant à la sécurité liée à l’emploi de l'herbicide le plus généralement utilisé [spécialité commerciale « Roundup » dont la matière active est le glyphosate]. Ces résultats devraient se traduire par des ondes de choc auprès des partisans des cultures de plantes génétiquement modifiées pour être tolérantes à cet herbicide. Ces cultures représentent maintenant 75% de toutes les plantes génétiquement modifiées et cultivées à travers le monde.
  Mais le pire réside dans le fait que la formulation [commerciale] la plus commune de cet herbicide est bien plus toxique que la matière active elle-même qu’elle contient ; par ailleurs, cette spécialité commerciale est fabriquée par le même géant des biotechnologies qui a créé les plantes génétiquement modifiées et tolérantes à cet herbicide.
  L’herbicide à large spectre d’action à base de glyphosate (N-(phosphonométhyl)glycine], est généralement vendu sous la formulation commerciale « Roundup » (du groupe Monsanto, de Saint Louis, dans l’état du Missouri aux Etats-Unis). Il a été fréquemment employé sur des cultures, ou des sols nus, dans le monde entier, depuis son introduction dans les années 1970.
  La spécialité commerciale est une association de glyphosate avec d'autres produits chimiques comprenant un agent tensioactif mouillant (détergent), le polyoxyéthylèneamine qui favorise la dispersion des gouttelettes pulvérisées sur les feuilles des plantes. L'utilisation du « Roundup » a particulièrement augmenté dans les pays où l’on cultive des plantes génétiquement modifiées – et tolérantes à cet herbicide – qui ont été créées par Monsanto.

  Le glyphosate tue les plantes en inhibant une enzyme, la synthétase 5-énolpyruvyl-shikimate-3-phosphate (= EPSPS), laquelle est nécessaire pour la synthèse des acides aminés aromatiques tels que la phénylalanine, la tyrosine et le tryptophane; ces acides aminés participent à la synthèse des vitamines et de beaucoup de métabolites secondaires tels que les folates, l’ubiquinone et des naphthoquinones.
  On a cru pendant longtemps que cet herbicide avait une action plutôt spécifique et qu’il était moins toxique que d'autres herbicides, parce que la voie biochimique du shikimate n'est pas présente chez les mammifères ni chez les humains. Cependant, le glyphosate agit en empêchant la liaison du phosphoénol pyruvate au niveau du site actif de l'enzyme, et le phosphoénol pyruvate est un métabolite central qui est présent dans tous les organismes vivants; de ce fait, il présente la potentialité d'affecter d'autres voies métaboliques.
  Ceci a été confirmé par beaucoup d’études portant sur la toxicité liée à cet herbicide ; ces travaux publiés ont été passés en revue dans le rapport intitulé « The Case for a GM-free Sustainable World » qui a été diffusé par l’ISP (Independent Science Panel), un jury international pour une science indépendante [1].

  Une étude épidémiologique conduite dans l'Ontario et portant sur des populations d’agriculteurs a prouvé que l'exposition de ceux-ci au glyphosate a presque doublé le risque des avortements spontanés tardifs [ 2 ]. Le Professeur Gilles-Eric Séralini et son équipe de recherche de l'université de Caen en France, ont de leur côté décider d’approfondir les effets de cet herbicide sur les cellules du placenta humain.
  Ils ont maintenant prouvé que le glyphosate est toxique pour les cellules placentaires humaines, tuant une grande proportion de celles-ci après 18 heures d'exposition à des concentrations inférieures à celles qui sont employées en agriculture [ 3 ]. De plus, le « Roundup » est toujours plus toxique que sa matière active, le glyphosate : sa toxicité est au moins le double. Cet effet augmente au cours du temps et il a été obtenu avec des concentrations de « Roundup » 10 fois plus faibles que celles utilisées dans les pratiques agricoles.

  L'enzyme aromatase est un précurseur de la synthèse des oestrogènes (hormones femelles) à partir des androgènes (les hormones mâles). Le glyphosate interagit avec le site actif de l’enzyme mais son effet sur l'activité enzymatique s’est montré minimal, tout au moins tant que le « Roundup » n’était pas impliqué.
  Mais il est intéressant de souligner que le « Roundup » a augmenté l’activité enzymatique après une heure d’incubation, probablement en raison de son effet d'agent tensioactif, en rendant le substrat des androgènes plus disponible pour l'enzyme. Mais après une l'incubation de 18h, le « Roundup » a invariablement inhibé l'activité enzymatique. L'inhibition étant associée à une diminution de la synthèse des ARN messagers, ce qui suggère que le « Roundup » diminue le taux de transcription de gène. Séralini et ses collègues suggèrent que d'autres ingrédients dans la formulation commerciale du « Roundup », augmentent la disponibilité ou l'accumulation du glyphosate dans les cellules.

Il y a, en effet, une évidence directe que le glyphosate inhibe la transcription de l’ARN chez les animaux à une concentration qui se situe bien au-dessous du niveau qui est recommandé pour l’application en pulvérisation de la spécialité commerciale. La transcription a été inhibée et le développement embryonnaire a été retardé chez des oursins après une exposition à de faibles concentrations de l’herbicide et/ou de l’agent tensioactif , le polyoxyéthylèneamine. On doit considérer ce pesticide comme pouvant présenter un risque pour la santé par inhalation lors d’une application par pulvérisation [ 4 ].

Une recherche récente a prouvé qu'une brève exposition au glyphosate commercial avait endommagé le foie chez des rats, comme indiqué par la dispersion des enzymes intracellulaires dans cet organe. Dans cette étude, le glyphosate et son agent tensioactif contenu dans la spécialité « Roundup » se sont également avérés agir en synergie pour augmenter les dommages au niveau du foie [ 5 ].

Trois études de cas récentes ont suggéré une association entre l'utilisation de glyphosate et le risque du lymphome non-hodgkinien [ 6-8 ]. Par ailleurs, une étude épidémiologique menée dans les états de l’Iowa et de la Caroline du Nord, aux Etats-Unis, qui comprend plus de 54.315 utilisateurs privés et applicateurs professionnels de pesticides, suggère un lien entre l'utilisation de glyphosate et le myélome multiple [ 9 ]. Le myélome a été associé aux agents qui causent soit des dommages au niveau de l’ADN, soit une suppression de l’immunité. Ces études n'ont pas fait de distinction entre la spécialité commerciale « Roundup » et la matière active, le glyphosate et il serait important que des recherches soient entreprises.

Il y a maintenant un ensemble de preuves selon lesquelles l’emploi du glyphosate exige :
• des mises en garde pour la santé publique au niveau mondial et
• une nouvelle révision de la réglementation concernant ce produit herbicide.

En attendant, son utilisation devrait être réduite à un minimum, par mesure de prudence et de précaution.

Références bibliographiques

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6. De Roos AH, Zahm SH, Cantor KP, et al. Integrative assessment of multiple pesticides as risk factors for non-Hodgkin’s lymphoma among men. Occup Environ Med 2003, 60, E11 http://oem.bmjjournals.com/cgi/content/full/60/9/e11

7. Hardell L, Eriksson M, Nordstrom M. Exposure to pesticides as risk factor for non-Hodgkin’s lymphoma and hairy cell leukemia: pooled analysis of two Swedish case-control studies. Leuk Lymphoma 2002, 43,1043–1049.

8. McDuffie HH, Pahwa P, McLaughlin JR, Spinelli JJ, Fincham S, Dosman JA, et al. 2001. Non-Hodgkin’s lymphoma and specific pesticide exposures in men: cross-Canada study of pesticides and health. 2001, Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2001,10,1155–63.

9. De Roos AJ, Blair A, Rusiecki JA, Hoppin JA, Svec M, Dosemeci M, Sandler DP and Alavanja MC. Cancer incidence among glyphosate-exposed pesticide applicators in the agricultural health study. Environ Health Perspect 2005, 113, 49-54.

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Définitions et compléments :
Aromatase ou cytochrome P450 : c’est une l'enzyme qui synthétise les oestrogènes à partir des androgènes. Les aspects médicaux et génétiques du déficit en aromatase sont consultables en français sur le site : http://www.orpha.net/static/FR/aromatase.html

Folates ou acide folique ou vitamine B9 isolée en 1945 dans les épinards ; elle abonde dans les feuilles des végétaux. Et on la trouve aussi dans les fromages fermentés « bleus ». Les folates sont indispensables pour les fonctions suivantes : synthèse de l’ADN, de l’ARN, des protéines et de certains neuromédiateurs, respiration cellulaire et transport de l’oxygène dans les hématies.

Lymphome non hodgkinien : un groupe de cancers qui prennent naissance dans les cellules du système lymphatique. De plus amples détails en français peuvent être trouvés sur les sites :

http://www.cancer.ca/ccs/internet/standard/0,,3172_10175_314423_langId-fr,00.html et

http://www.celmedbio.com/francais/produits/LNH.html

Myélome multiple des os ou maladie de Kahler : maladie qui se traduit par une prolifération maligne des plasmocytes, initialement localisée à la moelle osseuse. Le plasmocyte est une variété de cellule lymphoïde qui se trouve dans la moelle osseuse et surtout dans le tissu lymphoïde. Normalement, on ne le trouve pas dans le sang. Il sécrète les immunoglobulines. Dans le myélome, il y a prolifération médullaire de plasmocytes qui fabriquent et excrètent un type unique d'immunoglobuline (monoclonale) qu'on peut retrouver dans le sang et les urines.Cette maladie apparaît en général après 40 ans et touche plus souvent l'homme que la femme. Les informations médicales sont notamment disponibles sur les sites suivants :

http://www.med.univ-tours.fr/enseign/locomoteur/myelome.htm et http://www.medinfos.com/principales/fichiers/pm-hem-kahler4.shtml

Ubiquinone : molécule dont l’une des chaînes latérales comporte 10 composés appelés isoprénoïdes (ces composés sont semblables à ceux que l’on trouve dans les aromates et les épices), d’où le nom de coenzyme Q10 (ou coQ10). Sa structure moléculaire est proche de celle de la vitamine K mais sa fonction s’apparenteà celle de la vitamine E. Présente dans toutes les cellules du corps (d’où son appellation qui rappelle l’ubiquité), elle est un fournisseur d’énergie et un antioxydant, capable en outre de soigner l’insuffisance cardiaque et l’infertilité masculine. Pour plus d’information, l’on peut consulter notamment les deux sites suivants :

http://www.thierrysouccar.com/edito/edito016.html et http://www.lexpress.mu/display_article.php?news_id=12487

Naphtoquinones ou naphthoquinones : molécules phénoliques trouvées dans certaines essences de bois associées à des tanins et des flavonoïdes. Elles présentent un fort pouvoir antioxydant et elles sont toxiques pour les organismes pathogènes (bactéries, champignons, insectes). L'effet antioxydant s'explique par le fait que ces diverses substances piègent des molécules intermédiaires très réactives, en propageant les réactions d'oxydation qui, très souvent, sont des réactions en chaîne. L'effet antimicrobien de cinq naphthoquinones a été analysé vis-à-vis la bactérie phytopathogène Erwinia carotovora.

Voir : http://pubs.nrc-cnrc.gc.ca/cgi-bin/rp/rp2_abst_e?cjm_w04-088_50_ns_nf_cjm11-04

Note : les lecteurs de français peuvent aussi se reporter à l’article « Le Roundup n’intoxique pas que les mauvaises herbes » de Hervé Morin, journal «Le Monde», dimanche 13-lundi 14 mars 2005, page 17.


OMC, la dictature des brevets

M’hamed Rebah, La Nouvelle République, quotidien algérien, le 9 mars 2005 http://www.lanouvellerepublique.com/actualite/lire.php?ida=23232&idc=4

Les luttes autour d’enjeux décisifs pour les Etats – le commerce des semences et des produits agricoles et la question des ressources phytogénétiques utiles à l’alimentation et à l’agriculture – se déroulent derrière des sigles barbares pour le profane comme «Accord sur les ADPIC» (Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent le commerce) et «UPOV» (Union internationale pour la protection des obtentions végétales). L’accord sur les ADPIC fait partie de l’accord de l’OMC de Marrakech du 15 avril 1994.
Selon l’accord sur les ADPIC, entré en vigueur en 1995, tout gouvernement signataire doit adopter une forme de droit de protection des obtentions végétales, sans être tenu d’adopter le système de brevet industriel ou l’accord restrictif de l’UPOV 91 qui accorde des droits exclusifs aux sélectionneurs et aux firmes privées sans aucune reconnaissance pour les droits des agriculteurs. Comme solution de rechange, les Etats peuvent élaborer une loi «sui generis» (spécialement conçue et adaptée à leur cas) et invoquer des motifs d’ordre public ou moral pour empêcher la privatisation de la biodiversité et des espèces végétales.
Le chiffre d’affaires annuel du marché mondial des semences s’élève à plusieurs dizaines de milliards d’euros. L’écrasante majorité des agriculteurs, surtout ceux du Sud, conservent les semences d’une année sur l’autre et les échangent avec des voisins au lieu de les acheter. Or, cette pratique traditionnelle risque d’être interdite quand il s’agit de graines achetées et couvertes par des droits de propriété intellectuelle. Les questions de biodiversité renvoient à des types de droits collectifs ainsi qu’à des systèmes et des règles d’accès à la biodiversité et d’utilisation des savoirs spécifiques à chaque société. Les spécialistes affirment que l’accord sur les ADPIC, qui se base sur les droits privés, ne préserve pas correctement les droits des communautés indigènes sur leurs savoirs traditionnels et ne respecte pas le principe du partage des avantages reconnu par la Convention sur la diversité biologique. Au niveau de cette convention, c’est à l’OMPI (Organisme mondial pour la propriété intellectuelle), instrument de l’OMC, qu’a été confiée la tâche de rechercher des systèmes juridiques pertinents permettant de protéger ces communautés autochtones et locales, titulaires légitimes des «savoirs, innovations et pratiques». La convention a mis en place un système PIC (Prior Informed Consent) qui signifie, en d’autres termes, que l’accès à la biodiversité pour fabriquer des produits sur lesquels sont déposés des brevets dépend de l’accord préalable donné en connaissance de cause par l’Etat concerné.
L’histoire de la brevétisation du vivant a commencé en 1980 quand la législation américaine a autorisé le dépôt d’un brevet industriel sur un être vivant – une bactérie transgénique – justifié par le fait qu’elle était le fruit de l’ingéniosité humaine puisqu’elle n’existait pas naturellement. La porte était alors ouverte au tout-brevetable. En 1988, toujours aux Etats-Unis, est déposé le premier brevet sur un animal vivant, une souche de souris génétiquement modifiée capable de développer une forme de cancer.
Depuis, tous les procédés faisant intervenir l’activité de l’homme dans le cadre d’une technique microbiologique sont brevetables, même s’ils utilisent en même temps un matériel vivant existant dans la nature. De même, tous les produits directement obtenus avec ces procédés peuvent faire l’objet d’un brevet. Le bénéficiaire d’un brevet acquiert l’exclusivité commerciale avec un délai de protection de 20 ans sur son invention.
Les experts de Greenpeace, comme Arnaud Apoteker, sont convaincus que «l’Organisation mondiale du commerce (OMC) cherche à imposer les brevets comme systèmes de propriété intellectuelle pour les organismes vivants incluant donc les variétés de plantes, les considérant comme des produits industriels ou mécaniques, privatisables, alors que la convention sur la diversité biologique reconnaît le droit souverain des Etats sur leurs ressources génétiques, qui sont donc de fait nationalisées et susceptibles d’échanges économiques pour les Etats riches en biodiversité».
Pour Susan Georges, présidente de l’Observatoire de la mondialisation et vice-présidente d’ATTAC, la sécurité alimentaire des peuples, et donc l’intégrité des paysanneries, passe avant le commerce, et aucun organisme vivant ne doit être brevetable. Elle considère que la jurisprudence de l’Organisme de règlement des conflits de l’OMC doit être soumise au droit international reconnu : droits humains, accords mondiaux sur l’environnement, conventions de base de l’Organisation internationale du travail.
De nombreux pays du Sud ne voudraient pas généraliser le système du droit de propriété à tout ce qui concerne la biodiversité et cherchent à adopter des législations sur les variétés végétales qui reconnaissent les droits des communautés traditionnelles. Les pays africains veulent que l’accord de l’OMC interdise le brevetage du vivant. L’Algérie, concernée par ce nouveau défi qui touche le droit relatif à la propriété intellectuelle sur les organismes vivants, a prévu une loi sur la filière semences et plants qui définit les conditions de protection des obtentions végétales et de préservation des droits de leurs auteurs.


SECURITE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE : 1. Consommateurs et paysans boudent les Ogm

Abdou TIMERA et Fatou SY, L'ACTUEL (Page 5, Dakar), 24 février 2005

« Les expériences paysannes en matière de production de semences et les alternatives qu’elles offrent par rapport au choix des Organes génétiquement modifiés(Ogm) », c’était l’objet d’une conférence-débat organisée par Enda-Pronat, l’association « Kokopelli » et la Coalition pour la sauvegarde du patrimoine génétique africain. Il s’agit d’alerter les consommateurs et paysans sur les conséquences de l’usage des Ogm dans l’agriculture.

Les organisations paysannes et les consommateurs ne voguent pas dans le même fleuve que les scientifiques sur les questions des organes génétiquement modifiés(Ogm). Puisque la thèse selon laquelle les cultures des Ogm constituent un remède contre la faim dont souffrent la plupart des pays en développement est battue en brèche par les paysans et les consommateurs. Au contraire, disent ces acteurs, « l’introduction des Ogm dans le système agricole pose beaucoup plus de problème qu’elle n’en résoud ». Car, précisent les conférenciers « les Ogm dans l’agriculture ont des conséquences que ni l’agriculteur ni le grand public ne peuvent évaluer actuellement ». Et pour cause, le Ogm peuvent créer des risques pour la santé humaine, animale et pour l’environnement, sur des aspects très concrets tels que la perte des semences des variétés traditionnelles… car comme le souligne un des participants, cette méthode agricole utilise des pesticides, des engrais chimiques… Ce qui le rend d’ailleurs trop dépendant des systèmes de financement. Et M. Dominique Guillet, formateur et représentant de l’association « Kokopelli », n’a pas mis de gants pour fustiger l’attitude des firmes internationales qu’il considère comme «des mafiosi». Pour M. Guillet, ces multinationales contrôlent-la presque totalité des industries de semences génétiquement modifiées. En effet, selon ce dernier, la révolution verte initiée par les multinationales a entraîné « une érosion génétique ».Avec comme conséquences : la destruction du sol, la pollution… mais aussi, en Inde par exemple, la femme a perdu le rôle qui était le sien dans l’agriculture. Car l’agriculture féminine devient masculine. Ce qui pousse M. Guillet à dire qu’on peut croire « aux menteurs qui promettent en plus une seconde révolution verte », car la première a été, martèle-t-il, un fiasco. Donc, autant de dangers qui guettent l’humanité, surtout les des pays pauvres en majorité analphabètes. C’est ainsi que le combat, selon les organisateurs de la conférence, reste à agir vite. Il s’agit à cet effet de travailler sur la promotion des semences traditionnelles. Pour cela, M. Guillet estime qu’il faut avoir confiance aux paysans qui, depuis des siècles, ont pratiqué l’agriculture sans l’intervention des ingénieurs agronomes. Car, ajoute-t-il, ces derniers ont toujours su sélectionner leurs semences et adopter des techniques leur permettant de faire de bons rendements. Les conférenciers pensent qu’il faut intégrer la coalition africaine pour la sauvegarde du patrimoine génétique. Tout en insistant sur l’information et la sensibilisation de la masse paysanne, celle des consommateurs.
(Stagiaire)

2. Face aux OGM : Des semences locales comme alternative

Maxime Déthié SENE, Walfadjri, 24 février 2005, page 5

Mme Mariéme Sow, coordonnatrice d'Enda-Pronat, le rappelle inlassablement : "Il faut encourager la maîtrise de la production locale par les populations." Plusieurs raisons président à l'urgence de trouver son propre capital de semences : la cherté des semences, l'impossibilité de diversification et l'incapacité de faire campagne quand on veut. Avec ses techniciens, Enda-Pronat répertorie non seulement les semences locales de la région, mais recense les espèces disparues et essaie d'expérimenter le potentiel existant menacé. Amadou Sy, technicien en agriculture biologique au sein de la structure, évoque par exemple le risque de voir disparaître notre maïs local et exhorte les populations à poursuivre les expérimentations de semences dans les petits jardins potagers. Il fait cas des résultats qu'ils ont obtenus dans cette optique. "Dans le courant de l'année 2004-2005, nous avons expérimenté 43 espèces de tomate, 7 espèces de piment, 12 d'aubergine et 16 de laitue et la liste n'est pas exhaustive".
Enda-Pronat travaille en collaboration avec les organisations paysannes et appuie leurs initiatives, afin que la problématique introduite par les Ogm soit approfondie et largement discutée. Les paysans maliens et béninois qui étaient présents à la conférence, ont eux aussi fait l'état des lieux dans leurs pays respectifs. René Segbénou du Bénin, membre de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain, déplore la mainmise des multinationales sur notre chaîne alimentaire, mais avance "qu'il y a bien des façons de lutter contre l'utilisation massive des Ogm, et le moyen le plus efficient reste le choix des semences biologiques". Pour Mme Mariéme Sow, il s'agit avant tout "d'assurer l'autonomie des populations paysannes en matière de semences, et de préserver le patrimoine génétique du pays". Dominique Guillet, fondateur d'une association française nommée Kokopelli qui œuvre pour la protection de la biodiversité, est quant à lui formel : "Il ne faut pas faire confiance à ces multinationales, mais au contraire développer les techniques d'agriculture des peuples de Sud et mettre en place des réseaux paysans de productions de semences et de centres de ressources génétiques."


La libération des cultures transgéniques: une victoire du lobby agricole

Agence France-Presse, le 4 mars 2004

La nouvelle loi brésilienne sur la biosécurité, libérant la production et la commercialisation des cultures trangéniques, représente une victoire du lobby agricole sur les environnementalistes.

Adoptée cette semaine par le Parlement, cette loi, qui n'attend plus que le feu vert du président Luiz Inacio Lula da Silva, a été accueillie avec satisfaction par les représentants des producteurs agricoles. Mais elle a suscité une réaction publique négative du ministère brésilien de l'Environnement qui voit ses pouvoirs de contrôle sur les OGM totalement rognés.

La loi prévoit certes que la présence des OGM dans les aliments soit signalée sur les étiquettes, comme le demandaient les écologistes. Mais l'objet de la colère de la ministre Marina Silva, est la clause de la loi qui confie à une Commission technique nationale de biosécurité (CNTBio) le soin de décider à la majorité simple de ses 27 membres sur tout ce qui touche à la recherche, la production, la culture, la vente et le transport d'organismes génétiquement modifiés (OGM).

Dans un communiqué, le ministère de l'Environnement estime que la nouvelle loi "condamne les organismes publics agissant dans les domaines de l'environnement, de l'agriculture, de la pêche et de la santé à un rôle secondaire". Cela crée, selon le ministère, "un sérieux déséquilibre dans le processus de prise de décision en ce qui concerne les OGM, au détriment des précautions nécessaires pour maîtriser des technologies dont les conséquences sur les écosystèmes brésiliens ne sont pas encore dûment identifiées". Au contraire, pour le député Darcisio Perondi, représentant le lobby rural à la Chambre des députés, l'adoption de la loi - qui a autorisé aussi par ailleurs l'utilisation de cellules souches provenant d'embryons pour la recherche et le traitement médical- "la victoire est totale". "Aujourd'hui, nous avons infligé une défaite à l'aile conservatrice et moyenâgeuse du gouvernement", a estimé le député.

Une opinion qui n'est pas partagée par le député Fernando Gabeira, défenseur de l'environnement, qui avait quitté le Parti des travailleurs du président Lula en 2003, dès les premières concessions faites par le gouvernement de gauche aux producteurs de produits trangéniques. M. Gabereira a appuyé les clauses de la loi de biosécurité portant sur l'autorisation de l'utilisation des cellules souches pour la recherche médicale, mais dénonce les conditions d'autorisation des OGM. Le député estime que le débat sur les OGM n'a pas reflété "une lutte de la science contre la politique, mais de la science contre la science". Selon lui, "l'écologie est aussi une science qui nous dit que dans un écosystème, tous les éléments sont interdépendants".

Le débat remonte à 1998, lorsque la CNTBio avait approuvé la demande de la multinationale américaine Monsanto pour la commercialisation du soja génétiquement modifié, résistant à son herbicide Roundup Ready, dit "soja RR". La Confédération nationale de l'Agriculture du Brésil (CNA), représentant les exploitants agricoles, a estimé que le vote de la loi avait tranché ce débat.

"La discussion est maintenant close sur le fait de savoir s'il faut ou pas intégrer une technologie qui garantisse au Brésil de meilleures conditions de compétitivité", s'est félicité Carlos Rivaci Sperotto, vice-président de la CNA, par ailleurs président de la Fédération de l'agriculture de l'Etat du Rio Grande do Sul, haut lieu de la production de soja transgénique. Pour lui méthodes traditionnelles de culture du soja sans OGM, plus coûteuses, vont devenir "un luxe", réservé à une "niche de consommateurs".


LES ASSUREURS PRENNENT CLAIREMENT POSITION CONTRE LES OGM

9 février 2005

« Les enjeux juridiques des OGM », tel était le thème de la table-ronde qui eut lieu le Mercredi 9 février 2005 à l’Assemblée Nationale (1).

Dès le début des discussions Madame Corinne Lepage a déclaré à juste titre que la question du régime de responsabilité et de l’assurance constitue le point clé des enjeux juridiques des OGM. Qu’adviendra-t-il si les OGM posent dans 10 ans de graves problèmes en terme de santé publique et d’environnement (2) ? Qui en supportera les coûts ? Les contribuables devront-ils, encore une fois, réparer des dégâts causés par des sociétés privées ?

Au cours du débat, les regards se sont progressivement tournés vers les assureurs, représentés par Mr Claude Delpoux, Directeur des assurances de biens et de responsabilités, et Mr Guillaume Rosenwald, Directeur des marchés. La Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA) s’est clairement positionnée contre les OGM. Pourquoi ? Les assureurs ont besoin de quantifier les risques pour dégager des probabilités et évaluer les coûts conséquents. Or, en l’état actuel des connaissances vis à vis des risques sanitaires et environnementaux, une telle évaluation est impossible. En d’autres mots : les OGM ne sont pas assurables.

Ne serait-ce pas là une des meilleures raisons de faire valoir le principe de précaution vis à vis des OGM ? (3)

La FFSA a conclu que si la société « estimait devoir prendre certains risques, tels ceux engendrés par les OGM, elle devait parallèlement en accepter les conséquences futures, sans se défausser sur les assureurs ».

(1) La « mission d'information sur les enjeux des essais et de l'utilisation des organismes génétiquement modifiés » de l’Assemblée Nationale est présidée par M. Jean-Yves Le Déaut et a pour rapporteur M. Christian Ménard.
Lien internet : assemblee-nat.fr

(2) Un grand nombre d’experts, lors des tables-rondes relatives aux enjeux sanitaires et environnementaux des OGM, a déjà rapporté des preuves scientifiques sur leurs risques.

(3) Au sujet du principe de précaution, lire notamment le rapport de l'Agence Européenne pour l'Environnement: Signaux précoces et leçons tardives, le principe de précaution 1896-2000.

Que font les autres assureurs européens ? Quelques exemples :

- Royaume-Uni abecedaire.net

- Belgique infogm1.org

- Suisse infogm2.org


OGM : Sortir de l’impasse

Jean-Claude Flamant, Mission d’Animation des Agrobiosciences, janvier 2005, Site de la Revue Vivant
Le débat OGM sur le site de la Mission Agrobiosciences : http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=1259

Une tentative tonique pour explorer « les pistes aujourd’hui très étroites en Europe d’avancées raisonnables et de positions consensuelles sur les OGM ». Un autre titre du papier aurait pu être « OGM : pour raison garder ». Un papier accessible sur le Web, publié par la Revue électronique « Vivant », dans son numéro de septembre 2004. Une note de lecture de Jean-Claude Flamant de la Mission Agrobiosciences.

L’agriculture biologique constitue aujourd’hui un point de cristallisation de l’opposition aux OGM. Et si les OGM étaient le futur de l’agriculture biologique propose Alain-Michel Boudet de manière provocante ? Et ceci, dit-il, grâce aux avancées qui pourraient être réalisées par la transgenèse en vue d’une réduction massive d’intrants - pesticides et engrais - en agissant sur l’amélioration de la valorisation de l’eau, l’assimilation des engrais ou la résistance des plantes aux maladies, toutes avancées assurant le développement d’une agriculture de masse respectueuse de l’environnement.

Le fil rouge de son argumentation, c’est qu’il faut distinguer dans le débat d’aujourd’hui ce qu’est la technologie de la transgenèse - technologie générique - et ce que l’on en fait ! Ainsi les maïs Bt qui n’ont pas un intérêt majeur dans les conditions agricoles européennes, ne présentent aucun avantage pour les consommateurs. Or, si ceux-ci perçoivent un doute quant à la sécurité alimentaire des produits issus de ces maïs - justifié ou non - fort logiquement, ils ne veulent pas être confrontés à un danger potentiel pour leur alimentation. Et à ce propos, il salue les opposants aux OGM qui ont su faire mouche, avec des « actions marketing anti-OGM » efficaces reposant sur « des actions spectaculaires et des formules simplificatrices » bien assimilées par les médias de masse ! Mais si, dans un futur plus ou moins proche, des OGM étaient disponibles qui présenteraient à la fois des avantages environnementaux indéniables et des bénéfices santé pour les consommateurs ? Et, parce que les avantages du maïs Bt sont aujourd’hui douteux faut-il rejeter globalement « tous les OGM » demande Alain-Michel Boudet ?

Ce papier est d’abord un papier de dénonciation des conditions dans lesquelles se déroule - ou ne se déroule pas - le débat sur les OGM. Et Alain-Michel Boudet énumère les raisons pour lesquelles selon lui les acteurs sont tous responsables du blocage actuel : les scientifiques qui n’ont pas compris suffisamment tôt le changement intervenu dans les sociétés industrialisées vis-à-vis des avancées scientifiques, les pouvoirs publics pour avoir « laissé se développer, quasi exclusivement une recherche technologique à fort potentiel applicatif par le secteur privé », « la pusillanité et l’autisme des politiques » et leur manque de courage face aux réactions spontanées de leurs électeurs, « le silence assourdissant des grands organismes de recherche » dont le financement dépend du pouvoir politique, les grandes multinationales pour avoir privilégié les actions marketing au détriment d’une écoute des nouvelles sensibilités concernant l’alimentation et l’environnement, et enfin les opposants systématiques eux-mêmes par leur « utilisation d’arguments reposant sur des présupposés idéologiques » concernant par exemple l’économie de marché ou les rapports à la nature.

Pour s’en sortir, il y a deux défis à relever conclut Alain-Michel Boudet : « (1) définir des modalités acceptées d’exploitation de cultures transgéniques à avantages clairement démontrés ; (2) améliorer le degré de maturité de nos sociétés dans l’instruction du débat contradictoire ». Il faut retrouver les voies de la raison, dit-il, celles d’une recherche valorisant « un fantastique réservoir d’innovation s’inscrivant en rupture dans la domestication des espèces végétales entreprise par l’homme depuis près de 10.000 ans », face à ce que l’auteur dénonce comme étant « une opposition manichéenne », « des présupposés idéologiques », des réflexes « quasi religieux », le « domaine passionnel des OGM », et pour résumer le tout « une mobilisation excessive » !

Or, défend l’auteur, le débat actuel sur les OGM risque d’apparaître dans quelques années comme « un exemple de mystification intellectuelle dans lequel l’idéologie aura supplanté l’objectivation scientifique et technologique ».

L’interpellation d’Alain-Michel Boudet a le mérite de la franchise et de la clarté. Elle répond au besoin de disposer d’un corps complet d’arguments, pour ou contre les OGM : voir par exemple dans le camp des opposants : « Société civile contre OGM ». http://www.agrobiosciences.org/impr...

Ce qu’il défend, c’est que la société ferait collectivement une grosse erreur en rejetant a priori tout ce que va permettre la transgenèse. Mais il ajoute que la démarche raisonnée de la science ce n’est pas uniquement de la technologie, c’est aussi une réflexion sur la meilleure manière de l’utiliser pour faire face aux nouveaux défis du développement durable. Sa profession de foi, c’est que les voies de la raison doivent permettre de trouver les moyens de « sortir de l’impasse »... C’est aussi un sujet de débat.


La Chine en voie de commercialiser du riz génétiquement modifié

FAO, http://www.fao.org, le 3 mars 2005

La Chine pourrait etre le premier pays au monde a commercialiser du riz genetiquement modifie. Quatre varietes de riz transgenique sont actuellement soumises au controle de securite du Ministere de l'agriculture chinois. La commission de bio-securite evalue les trois varietes de riz contenant le gene du bacillus thuringiensis qui lui permet d'etre resistant a la pyrale et une quatrieme resistant a la fletrissure bacterienne.

Apres validation par la commission, le riz transgenique pourra etre cultive experimentalement pendant deux ans, avant d'etre officiellement commercialise. Ce riz devrait permettre aux fermiers de reduire leur consommation de pesticide de 70 a 80%.

Le gouvernement chinois avait deja autorise la commercialisation de coton, tomates et piments genetiquement modifies dans les annees 90. En 2000, apres avoir ratifie le protocole international sur la biodiversite et face aux organismes internationaux anti-OGM et de protection de l'environnement, la Chine avait du renoncer a la commercialisation de ces OGM, sans interrompre la recherche.

Le professeur JIA Shirong de l'Academie des sciences agricoles de Chine estime que les risques de gene flottant sont minimes. Selon le professeur XU Haibin du Centre de controle et de prevention des maladies de Chine, les rats nourris par le riz genetiquement modifie ne presentent aucune anomalie. Le riz genetiquement modifie constitue une ressource interessante pour la production de riz qui est la base principale de l'alimentation en Chine.


Mexique: l'effet transgénique sur le berceau du maïs

Libération, le 28 février 2005

Agriculture. Suivant les Etats-Unis, Mexico légalise la culture des OGM.

Le 16 février, soit au moins six mille ans après que la première intervention humaine sur une graminée locale, la «téosinte», a donné naissance aux premiers plants de maïs cultivé, le Parlement mexicain, en adoptant une loi dite de «biosécurité des organismes génétiquement modifiés», a fait officiellement basculer le berceau historique de la culture du maïs dans le camp des pays ouverts aux cultures OGM.
Le symbole n'a pas échappé aux responsables mexicains de Greenpeace, qui avaient ardemment combattu ce qu'ils ont baptisé «loi Monsanto». Incapables de mobiliser, ils reconnaissent aujourd'hui leur défaite : le Mexique, qui interdisait depuis 1999 la culture de variétés génétiquement modifiées (à l'exception d'un nombre réduit d'expériences scientifiques), a mis fin officiellement à son opposition de façade à la ligne défendue par Washington. «Nous militions depuis quatre ans pour une loi conforme au principe de précaution. Ce que nous avons obtenu, c'est exactement le contraire. En s'alignant sur la position des Etats-Unis contre le reste du monde, les parlementaires mexicains donnent un chèque en blanc aux entreprises de biotechnologies», affirme Maria Colin, de Greenpeace Mexique.
Mais si les écologistes mexicains n'ont pas obtenu gain de cause, le système, mis sur pied par l'académie mexicaine des sciences, n'est pas sans garde-fous, selon ses défenseurs. «Le nouveau système d'autorisations, assorti de précautions scientifiques, est en fait très proche de ce qui existe en Europe», souligne Jose Luis Solleiro, chercheur à l'université nationale autonome de Mexico et conseiller d'Agrobio, une association financée par les entreprises de biotechnologie. Dispositif original, la loi prévoit la création de «zones de biodiversité» : des sanctuaires où les variétés indigènes seraient en principe préservées et dont les cultures OGM seraient exclues.
Commercialisation. Dans le cas particulièrement sensible du maïs, ce système pourrait nécessiter trois ou quatre ans de mise en place, estime Jose Luis Solleiro, pendant lesquelles la commercialisation des semences transgéniques continuera d'être prohibée dans la majeure partie du pays. Objectif : répondre aux préoccupations qui avaient suivi la publication, en 2001, de recherches montrant la contamination accidentelle, dans l'Etat d'Oaxaca, de plantes locales par des transgéniques. Le phénomène avait été confirmé par le gouvernement mexicain, forcé de reconnaître la porosité de ses frontières.
Les écologistes mexicains craignent que, faute de moyens de contrôle, le système ne se révèle insuffisant. Ils en veulent pour preuve l'introduction en 2002 dans le code pénal d'un «délit environnemental de biosécurité», assorti d'une peine maximale de neuf ans de prison, en cas d'utilisation «illégale» de transgéniques «susceptibles d'avoir des effets néfastes sur les écosystèmes». Une sévérité toute théorique, puisqu'elle n'a pas freiné les importations illégales.
Pour le Mexique, les enjeux sont considérables. La libéralisation du maïs était l'un des points importants de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) avec les Etats-Unis et le Canada. «Nos agriculteurs sont déjà très peu compétitifs. Sans les OGM, ils s'affaiblissent encore plus sur le marché américain», insiste Jose Luis Solleiro. «Le problème ici est que nous avons affaire à deux agricultures mexicaines. Pour les paysans pauvres, surtout dans les communautés indigènes des Etats du Sud, les semences transgéniques ne sont, de toute façon, pas une option», tempère Maria Colin.
Etiquetage. La défaite est lourde pour les écologistes. Contrairement à ce qui a été instauré en Europe, Mexico a ­ comme les Etats-Unis et le Canada ­ refusé d'imposer un étiquetage. Les produits alimentaires incorporant des OGM étaient déjà importés librement au Mexique, sans la moindre labellisation. La nouvelle loi pérennise la situation : aucun étiquetage n'est requis pour les produits alimentaires transformés si le recours aux OGM ne modifie «ni la composition ni le caractère nutritionnel des aliments». Une formulation calquée à dessein sur celle en place aux Etats-Unis, la première destination des produits alimentaires mexicains et la première source des importations du pays.


Le Brésil ouvre la porte aux OGM

http://www.cyberpresse.ca/technosciences/article/article_complet.php?, le 3 mars 2005

La chambre basse du Parlement brésilien a approuvé mercredi une loi permettant la vente de germes de soja génétiquement modifiés au Brésil, offrant ainsi une victoire à la firme américaine de biotechnologie Montesanto dans ce pays, le plus grand de l'Amérique latine.
Cette décision, votée à 352 voix contre 60 et largement dénoncée par les défenseurs de l'environnement, ouvre la voie à la mise en place de lois autorisant la vente par Montesanto de germes de soja génétiquement modifiés au Brésil, pays où la production de soja a connu une belle croissance au cours de la dernière décennie.

Les germes génétiquement modifiés étaient interdits au Brésil, mais durant des années, les agriculteurs brésiliens ont utilisé des versions clonées ou illégalement importées des germes produites par Montesanto, afin de réduire les coûts de production.

Cette utilisation illicite des germes créés par Montesanto a été dénoncée durant des années par la firme américaine qui estime avoir subi des pertes importantes en termes de bénéfices.

Le projet de loi votée mercredi par la chambre basse à Brasilia a d'ores et déjà été approuvé par le sénat brésilien et devrait être signée par le président Luiz Inacio Lula da Silva.

Le Brésil est le second producteur de germes de soja après les États-Unis, mais a le potentiel de devenir le plus grand producteur du monde car le pays dispose de terres agricoles et d'une main d'oeuvre bon marché, ainsi que d'importantes réserves d'eau.


ÉTATS-UNIS - Des OGM nocifs écoulés en douce au Guatemala

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=48735&provenance=ecologie&bloc=02, le 23 février 2005


  L’affaire a de quoi embarrasser le ministère de l’Agriculture américain, rapporte Village Voice. Du maïs OGM interdit sur le marché, le StarLink, a été retrouvé dans des colis du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies à destination du Guatemala. Aussitôt, dans six pays d’Amérique latine, des activistes s’en sont pris aux Etats-Unis, les accusant de "refiler de la nourriture dangereuse aux pauvres du Guatemala", poursuit l’hebdomadaire alternatif new-yorkais.
Le StarLink est une création de la société Aventis CropScience. Les graines de cette variété de maïs transgénique sont censées générer leur propre pesticide. Seul problème : le StarLink serait néfaste pour la santé. Il provoquerait réactions allergiques et crises d’asthme. Sur le marché américain, son usage est limité : il ne peut servir qu’à nourrir des animaux et à fabriquer de l’éthanol. Ce qui n’a pas toujours été le cas, rappelle Village Voice : "Il y a cinq ans, des usines américaines avaient été fermées, et des supermarchés avaient dû retirer de leurs étalages de la farine de gruau, des chips et des crêpes de maïs, après que des traces de StarLink ont été trouvées dans plus de 300 produits différents à base de cette céréale." L’affaire avait coûté à Aventis CropScience plusieurs centaines de millions de dollars.

A l’époque, la firme s’était défendue en accusant les cultivateurs de ne pas isoler les semences comme ils le devaient : des plants d’autres cultures auraient été alors contaminés par simple diffusion de pollen. Les partenaires commerciaux des Etats-Unis n’avaient pas tardé à réagir : le Japon avait réduit ses importations de maïs américain de 50 %, après avoir retrouvé des traces de StarLink dans des cargaisons certifiées saines par le ministère de l’Agriculture. Les Coréens, quant à eux, avaient suspendu toute importation.

Les Etats-Unis auraient-ils vendu en douce des variétés d'OGM nocives au PAM ? "Contre toute évidence, les autorités nient avoir envoyé du StarLink à l’étranger", relève Village Voice. Interrogé par l’hebdomadaire, Ed Loyd, porte-parole du ministère de l’Agriculture, a déclaré qu’il ne pouvait expliquer comment un laboratoire de l’Iowa avait pu retrouver du StarLink dans certains colis du PAM. D’autant que, toujours selon Ed Loyd, les tests menés par le ministère n’avaient permis de déceler aucune anomalie.

Ce ne serait pourtant pas la première fois que les Etats-Unis agissent de la sorte. Village Voice se souvient qu’en 2002 des traces de StarLink avaient déjà été retrouvées dans des colis du PAM à destination de la Bolivie. Et comme les Etats-Unis sont "le seul pays au monde à avoir jamais cultivé du StarLink"…


LA TECHNIQUE GENETIQUE AUGMENTE L’UTILISATION DES PESTICIDES

http://www.biotech-info.net/full_version_first_nine.pdf, le 20 février 05

Un nouveau rapport venu des USA révèle que l’usage répandu de semences manipulées génétiquement a conduit à une utilisation accrue de produits chimiques agricoles. La Soil Association britannique estime à 24.200 tonnes l’augmentation pour 2004.

Cela confirme les conclusions du rapport controversé publié par la Soil Association, "Seeds of Doubt" ("les graines du doute" - 2002) et selon lequel les récoltes d’OGM "conduisent à de nouveaux problèmes" en Amérique du Nord et "semblent entraîner une utilisation et une confiance accrue dans les herbicides". Pendant plus de dix ans, les partisans des OGM ont proclamé que les OGM entraîneraient une réduction des produits chimiques. C’était leur argument principal pour vanter les bénéfices des OGM sur l’environnement. C’est vrai qu’au début, on a utilisé peu de produits chimiques agricoles. Mais la quantité utilisée pour les récoltes d’OGM aux USA a augmenté d’année en année et continue d’augmenter. Parallèlement, l’utilisation de la chimie agricole pour les récoltes de produits non-OGM a diminué continuellement, grâce aux changements des produits utilisés.
Le rapport s’intitule "Genetically Engineered Crops and Pesticide Use in the United States : The First Nine Years" (2004). Son auteur : Dr Charles Benbrook, agronomiste et directeur du Northwest Science and Environmental Policy Center. Le rapport se base sur des données du gouvernement US et de l’industrie.


Des OGM dans l'aide alimentaire de l'ONU en l'Amérique centrale

Libération, vendredi 18 février 2005

  Pas moins de soixante organisations non gouvernementales d'Amérique centrale montent au créneau. Elles dénoncent l'emploi massif d'OGM dans l'aide alimentaire distribuée par les Nations unies. Cinquante échantillons de maïs et de soja ont été prélevés dans l'aide alimentaire reçue au Nicaragua, Honduras, Salvador et Guatemala, ainsi que dans des produits importés au Costa Rica et en République dominicaine.

  80 % contenaient des OGM. Les ONG dénoncent surtout la présence de maïs Starlink dans les livraisons de l'ONU, une variété transgénique interdite à la consommation humaine.


Vingt régions européennes défient Bruxelles en refusant les OGM

Hervé Kempf, LE MONDE, le14.02.05

Dans une charte adoptée à Florence, des exécutifs régionaux de l'Union européenne, donc cinq français, revendiquent le droit de se protéger de la contamination transgénique. Ils demandent des sanctions contre les responsables de pollution génétique. Les régions européennes déterrent la hache de guerre. Réunies à Florence, en Italie, le 4 février, les représentants de vingt régions de l'Union européenne, ont lancé un défi à la Commission de Bruxelles sur les organismes génétiquement modifiés (OGM).

Soucieuses de protéger l'agriculture de qualité qu'elles estiment menacée par les cultures transgéniques, elles ont adopté une "charte des régions et des autorités locales d'Europe sur la coexistence entre les OGM et les cultures traditionnelles et biologiques".

Cet événement constitue une évolution importante du conflit sur les OGM : il témoigne du fait que la contestation n'est plus portée seulement par des associations écologistes, paysannes ou de consommateurs, mais par des autorités élues et disposant, à des degrés divers, de moyens d'exercer un pouvoir.

En France, où plus de quinze régions à l'exécutif socialiste ont voté, en 2004, des "vœux" hostiles aux produits transgéniques, cinq vont plus loin en s'associant au réseau des régions européennes libres d'OGM : l'Aquitaine, la Bretagne, l'Ile-de-France, le Limousin et le Poitou-Charentes.

La Charte de Florence est très critique à l'égard de la politique suivie par Bruxelles. Elle affirme que la directive 2001/18 - le texte central régissant la dissémination des OGM en Europe - "ne s'intéresse pas aux droits des agriculteurs ayant choisi l'agriculture traditionnelle à défendre leurs cultures de la pollution génétique". Les exécutifs des vingt régions signataires considèrent en effet que les agriculteurs qui choisissent de ne pas cultiver d'OGM ne sont pas suffisamment protégés de la pollution par le pollen de leurs voisins ayant adopté cette technologie. En effet, précise la charte, "la directive ne couvre pas la responsabilité civile des entreprises biotechnologiques en cas de contamination d'autres cultures et ne fait, dès lors, pas référence au principe pollueur-payeur, énoncé à l'article 174 du traité de l'Union". Dans une analyse novatrice, les vingt régions soulignent que les conséquences de la mise en culture des OGM ne concernent pas seulement la santé et l'environnement, mais aussi les "conditions de fonctionnement social et économique des collectivités".

Dans l'intention d'"assurer une coexistence réelle, autrement dit une garantie de séparation totale entre les cultures transgéniques et les autres cultures", elles s'engagent à "prévoir une protection des cultures traditionnelles et biologiques contre les OGM sur des zones étendues ainsi que sur l'ensemble du territoire régional". Enfin, elles demandent à la Commission "de proposer un système de sanction" des responsables de contaminations transgéniques et veulent que les procédures d'autorisation des OGM "soient subordonnées, outre au respect des principes de précaution, de prévention et d'éthique, à la présence d'effets positifs pour les consommateurs". Cette considération est essentielle puisque, à l'exception du coton, aucun avantage particulier des OGM pour le consommateur ou pour l'environnement n'a jusqu'à présent été établi de manière incontestable.

Cette démarche des régions européennes aboutit au moment où la nouvelle Commission présidée par José-Manuel Barroso hésite encore sur l'attitude à adopter à l'égard de ce dossier et où les Etats - à l'exception de l'Allemagne et de l'Italie, qui ont adopté des lois protégeant l'agriculture conventionnelle - tardent à établir un régime de coexistence entre les cultures transgéniques et les autres.

PLUS DÉTERMINÉES QUE LES ÉTATS

Cette passivité ne témoigne pas d'un enthousiasme à l'égard des OGM : les Etats membres n'ont toujours pas réussi à se mettre d'accord pour autoriser la culture de nouvelles plantes transgéniques, et la décision est donc prise par la Commission. Début mars, celle-ci pourrait autoriser une variété particulière de colza, le GT 73 de Monsanto, qu'en décembre 2004 les ministres de l'environnement européens ont rejetée (la France avait voté pour son introduction). L'innocuité environnementale et sanitaire de ce colza n'est pas pleinement établie.

Face à cet attentisme des Etats, la contestation régionale a pris de l'ampleur. Lancé en novembre 2003 par la Haute-Autriche, le mouvement de refus régional est passé de dix régions au printemps 2004 à vingt aujourd'hui. La France, l'Italie (Toscane, Emilie-Romagne, Sardaigne, Marches, Lazio, province de Bolzano) et l'Autriche (Haute-Autriche, Burgenland, Salzbourg, Steiermark) sont les plus présentes dans ce réseau, qui gagne l'Espagne (Euzkadi, c'est-à-dire Pays basque), la Grande-Bretagne (pays de Galles, Highlands), la Grèce (Drama-Kavala-Xanthi) et l'Allemagne (Schleswig-Holtstein).

Les régions contestataires devraient rencontrer la Commission début mars. Elles vont, par ailleurs, chercher à étendre leur réseau, notamment à travers l'Association des régions d'Europe. Certaines d'entre elles sont entrées en dissidence ouverte avec Bruxelles, comme la Haute-Autriche, qui est en conflit juridique pour avoir interdit les OGM sur son territoire. D'autres, et notamment les régions allemandes et italiennes, s'appuient sur les lois adoptées par les Parlements de leurs Etats, au Bundestag, à Berlin, le 26 novembre, et par le Sénat, à Rome, le 25 janvier. La loi italienne délègue aux régions le pouvoir d'établir les règles sur les OGM.

Cette fronde des régions signifie aussi que, sur des questions importantes, elles veulent pouvoir mener une politique plus déterminée que les Etats. "La place des régions en Europe est en train de grandir, estime Jean-Yves Le Drian, président (PS) du conseil régional de Bretagne, et nous pouvons acquérir un poids politique, notamment dans ce domaine de l'agriculture et des OGM."


la culture de semences OGM "stériles" doit être interdite au niveau mondial

Isabelle Zerrouk, Attachée de presse Verts/ALE au PE Bruxelles, le 9 février 2005

  Pour les Verts européens, la culture de semences OGM "stériles" doit être interdite au niveau mondial.
  Cette semaine et à l'initiative des Nations Unies, une réunion importante de la Convention sur la Biodiversité (CBD - Bangkok, 7 - 11 février 2005), à laquelle participe une délégation de la Commission européenne, doit décider si le moratoire mondial sur l'utilisation des semences stériles est acceptable ou non. Pour l'heure, le Canada propose de supprimer ce moratoire et d'autoriser les essais et cultures de ces semences stériles.
Pour Marie - Hélène Aubert, eurodéputée Verte française, membre de la commission agriculture au PE, " les essais et la culture de semences stériles est politiquement inacceptable dans la mesure où ils constituent tout à la fois:
1) un dérèglement du fonctionnement normal de la nature
2) un encouragement à la brevetabilité et la biopiraterie des semences
3) une interdiction aux peuples des pays en voie de développement à utiliser leurs propres ressources génétiques au niveau agricole et alimentaire."
L'eurodéputée Verte estime que ces arguments sont suffisants pour demander à la délégation de l'Union Européenne de s'opposer à toute forme d'initiative internationale qui viserait à encourager la libre circulation, les essais et la culture de semences stériles en quelque lieu que ce soit.


Nouvelle loi italienne sur les OGM

marco.schlueter@ifoam-eu.org, IFOAM EU Group internal mailing list, MAIL INFO N° 67 février 2005

Adoption cette semaine par le parlement italien de la nouvelle loi sur la co-existence.. la dernière étape législative pour ce dossier controversé, qui a déjà presque scindé le parti au pouvoir en Italie. Les nouvelles règles exigent aux 20 régions d'avoir formulés leurs projets de co-existence pour le 31 décembre 2005, suivants des lignes élaborées par des experts de l'agriculture biologique, de l'agriculture conventionelle et de la technologie transgénique. Les producteurs utilisant des OGM et qui contaminent d'autres cultures par négligence ou par non-conformité aux règlement de co-existence en vigueur auront à faire face à des amendes entre 2500 et 25000 Euro. Des Régions auront le droit de se déclarer "sans OGM" et 13 des 20 régions ont déjà déclarées leur intention de le faire. Un agriculteur responsable d'une violation de zone non-OGM pourrait aller en prison.


OGM: Bruxelles devrait autoriser un colza Monsanto début mars

La Tribune, le 4 février 2005
http://www.latribune.fr/News/News.nsf/

   La Commission européenne devrait autoriser début mars l'importation et la transformation dans l'UE du colza transgénique GT-73, produit par le géant américain des biotechnologies Monsanto, a-t-on appris vendredi de source communautaire. Après le maïs BT-11 du suisse Syngenta, puis le maïs NK-603 de Monsanto en octobre, ce serait le troisième OGM autorisé dans l'Union européenne depuis la levée en mai dernier du moratoire sur les nouveaux organismes génétiquement modifiés. Selon cette source, bien que la nouvelle Commission soit plus réservée sur les OGM que celle de Romano Prodi, "il semble que nous soyons tenus juridiquement d'adopter la proposition d'autorisation faite par la précédente Commission". Les ministres de l'Environnement de l'UE n'avaient pas dégagé fin décembre de majorité qualifiée pour approuver ou rejeter cette proposition, ce qui oblige la Commission à prendre la décision finale.

  Le colza GT-73 a été modifié génétiquement par Monsanto afin d'être tolérant à l'herbicide glyphosate, également appelé "Roundup" et lui aussi développé par le groupe américain. Il a reçu un avis favorable de l'Agence européenne de sécurité des aliments (AESA), qui a conclu qu'il était "aussi sûr que le colza conventionnel" et n'était "pas susceptible de provoquer des effets indésirables sur la santé humaine ou animale, ou dans le contexte de son utilisation envisagée, sur l'environnement". La demande d'autorisation de Monsanto vise l'importation dans l'UE et la transformation du produit pour l'alimentation animale, et non la culture de colza.


Alimentation animale - Greenpeace dénonce l'utilisation de soja transgénique

© Milfeuille Presse / TV Agri, le 4 février 05

  Dans un communiqué émanant de l'association paru ce matin, vendredi 4 février, on apprend que Greenpeace a investi le siège social de Lactalis "afin de dénoncer l'utilisation massive de soja transgénique dans l'alimentation animale".

   L'association entend montrer au public l'utilisation par Lactalis d'OGM dans l'alimentation des vaches qui produisent le lait Lactel. Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM à Greenpeace, entend rencontrer la direction afin de mettre en place au plus vite une alimentation non OGM pour les animaux dont Lactalis commercialise les produits, et notamment le lait Lactel.

  Cette action fait suite à celle menée par Greenpeace avec la Confédération Paysanne, les Faucheurs Volontaires la semaine dernière et visant le cargo Golden Lion transportant 32 000 tonnes de tourteaux de soja transgénique en provenance d'Argentine et destiné à nourrir les animaux d'élevage français. "La compagnie importatrice du soja OGM avait à cette occasion déclaré être prête à commercialiser du soja non OGM pour satisfaire à la demande", selon Greenpeace.


OGM - « On ne peut pas couvrir le risque » estiment les assureurs

© Agra, le 2 février 2005

  « Les OGM sont un domaine où l’incertitude technique est énorme, où les conséquences ne sont pas mesurables et où l’environnement juridique n’est pas adapté ; non, on ne peut pas couvrir les risques (alimentaires et environnementaux, NDLR), » a déclaré Claude Delpoux, directeur des assurances de biens de responsabilités à la Fédération française des sociétés d’assurance, le 1er février. Il s’exprimait devant la mission d’information parlementaire sur les OGM.

  Guillaume Rosenwald, directeur des marchés à la FFSA précise qu’actuellement aucune expérience d’assurance OGM n’existe dans le monde.

  Il apparaît cependant une demande sur le risque de dissémination, poursuit Guillaume Rosenwald, de la part des agriculteurs voulant avoir une production indemne de contamination ou encore de la part de ceux qui cultivent des OGM et souhaitent connaître les limites de leur responsabilité.

  « Aujourd’hui, on ne sait absolument pas où s’arrête cette responsabilité » conclut-il.


« Comment instruire le débat OGM ? »

Propos recueillis par Jean-Marie Guilloux. Mission Agrobiosciences.

« Bertrand Hervieu : dans ce débat OGM, la critique doit aussi redevenir le travail de la science elle-même ! »
Entretien avec Bertrand Hervieu. Secrétaire général du Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes (CIHEAM). Ancien Président de l’Inra.


A la question « Comment instruire le débat OGM ? », Bertrand Hervieu préconise que la science produise des connaissances ouvertes qui approfondissent le questionnement et appellent la décision. Reste qu’il soulève ce manque : concernant les OGM, la critique ne s’est pas exprimée du côté de la science. Comme si, tout à coup, l’esprit critique n’était pas aussi le progrès. Il propose que les scientifiques aillent au bout d’une critique, discipline par discipline. Selon lui, mieux vaut perdre son temps à reposer les questions que de continuer à en perdre en allant trop vite avant même que la question ne soit posée dans toutes ses dimensions. Au cœur du débat actuel, il soulève notamment ce paradoxe : pourquoi les couches sociales qui se sont battues et ont été porteuses des lois sur la libération de la femme, et cela en rupture avec l’ordre religieux, font appel aujourd’hui, face aux OGM, à cette loi moralisante : « On ne touche pas au vivant, on ne touche pas à la nature ». Et inversement : pourquoi des conservateurs anti-avortement sont-ils pro-OGM ? C’est-à-dire des défenseurs de la rupture scientifique et technique proposée par les OGM sur le règne végétal ?

Mission Agrobiosciences : Quel est votre jugement sur l’état « général » du débat public OGM. Que vous inspirent ces tensions entre pro-OGM et anti-OGM ?

Bertrand Hervieu : Plusieurs choses me frappent en décantant l’abondante littérature sur ce thème. D’abord le fait que chez les « pro-OGM », et en mettant de côté les firmes pour qui c’est le métier d’en tirer profit, je remarque cette propension à affirmer, voire à décréter, que cette technologie est un « bien pour l’humanité ». Dans cette incantation, souvent exprimée par nous, les scientifiques, je perçois à la fois l’expression d’une indignation face à un obscurantisme ambiant et l’expression d’une sorte de « dogme du progrès immaculé »..

Mission Agrobiosciences : Les scientifiques sont souvent critiques face à ce qu’ils nomment souvent « un retour vers l’obscurantisme »...

Bertrand Hervieu : D’accord. Mais nous ne pouvons pas nous contenter d’opposer à ce supposé obscurantisme le fait que tout changement est un progrès. Nous devons aller plus loin. La science est un travail, ce n’est pas une dévotion. Il est tout de même remarquable que la critique des OGM ne se soit pas exprimée du côté de la science. Comme si, tout à coup, l’esprit critique n’était pas aussi le progrès. Comme si la critique n’était pas, justement, le travail de la science elle-même. Et si nous qualifions d’obscurantistes ceux qui sont actuellement porteurs de la critique, il me paraît tout à fait logique qu’en retour, ils nous traitent de « dévots dépourvus de tout sens critique ».

Mission Agrobiosciences : Il y a tout de même eu beaucoup de réactions aux destructions de champs d’OGM qui ont relevé avec vigueur le « non respect du travail scientifique » ?

Bertrand Hervieu : C’est vrai. Bien qu’il s’agisse d’une protestation compréhensible et normale, elle reste banale car elle ne dit pas grand chose du « sens » du travail scientifique. « On met en l’air trois ans de travaux, il faut respecter cela !!! » entend-on. D’accord, mais ça ne dit pas en quoi et pourquoi ce travail est intéressant et important. D’une certaine manière, nous ne sortons pas de l’incantation. Le débat sur les OGM a produit une sorte de télescopage entre une culture d’ingénieurs agronomes et, parce qu’il s’agit du vivant, une culture de « médecins ». Aujourd’hui, cette culture du progrès -mise en regard du principe premier : d’abord ne pas nuire- nous conduit à admettre que ce n’est pas parce que nous savons cloner, qu’il faut cloner et ce n’est pas parce que nous savons faire des OGM, qu’il faut s’en servir. Et réciproquement, ce n’est parce qu’on refuse la clonage reproductif, qu’il faut s’interdire la recherche en biologie du développement et ce n’est pas parce qu’on refuserait les OGM, qu’il faudrait cesser de s’intéresser à la transgénèse.

Mission Agrobiosciences : On entend peu de réactions du côté des organismes de recherche ?

Bertrand Hervieu : Les organismes de recherche ont les plus grandes difficultés à cerner ce que le politique attend d’eux. Le politique aimerait que l’organisme de recherche dégaine le premier et qu’il affirme son point de vue dans le débat quitte à ce qu’il aille au delà de la seule posture scientifique. Sur ce point, j’ai travaillé en tant que Président de l’Inra, à ce qu’il n’ y ait pas de position de l’Inra mais des positions de chercheurs, de disciplines... Autant de positions partielles dont la somme ne saurait faire une position politique. Laquelle est, par construction, d’une autre nature.

Mission Agrobiosciences : Vous avez récemment affirmé que les scientifiques avaient eu tort d’avoir accepté que le débat sur les OGM ne se raisonne que dans les généralités. Quel rôle peuvent avoir les scientifiques dans ce débat ?

Bertrand Hervieu : Si nous, scientifiques, avions « redisciplinarisé » ce débat, nous aurions avancé et aidé le débat public à en faire de même, au lieu de nous noyer dans un débat général sans disciplines. Parmi les différents angles qui doivent être abordés pleinement, il y a certes la génétique, mais aussi l’agronomie, l’écologie, l’économie, le droit... Il est clair que le problème que pose le juriste sur le sujet n’a presque rien à voir avec la question que pose le généticien. L’état du débat sur les OGM est exemplaire de ce qu’introduit dans le débat public une « gribouille interdisciplinaire ». Avant de se précipiter vers l’interdisciplinarité, en vue d’aller vite vers un point de vue global, la science doit aller jusqu’au bout de l’analyse discipline par discipline.

Mission Agrobiosciences : Le temps de ce travail risque de ne plus être en phase avec celui de la décision ?

Bertrand Hervieu : Permettez moi ce constat : depuis sept ans que ce débat est en cours, il n’a pas avancé d’un millimètre. Il convient d’instruire concrètement les problématiques posées par les OGM. Les scientifiques doivent y contribuer car cela ne saurait se raisonner avec une seule et même question, une seule et même réponse. Des points de vue scientifiques partiels doivent d’abord abonder jusqu’au bout de leurs logiques propres. Puis ils devront être confrontés entre eux avant de tenter d’arbitrer. C’est-à-dire, non pas choisir, mais donner des savoirs pour aider aux constructions politiques que cette confrontation a ouvertes. Afin qu’il y ait une réponse politique quitte à ce qu’elle soit provisoire et encore insatisfaisante. Je vois là l’occasion de réinvestir notre responsabilité intellectuelle et scientifique, qui doit toujours consister à aider la société à se comprendre elle-même Et pour répondre directement à votre question, je pense qu’il vaut mieux que nous perdions notre temps à reposer « Les » questions que posent les OGM, plutôt que de continuer à en perdre en voulant aller trop vite et en voulant répondre avant même que la question ne soit posée dans toutes ses dimensions.

Mission Agrobiosciences : Vous pensez que cet exercice d’un arbitrage entre disciplines scientifiques est souhaitable pour aider à construire la décision ?

Bertrand Hervieu : Concernant les OGM, il est clair que, à terme, il faut bien prendre des décisions. Reste qu’il y a des conflits entre les disciplines scientifiques. De ce point de vue, il est normal qu’on ait du mal à aller jusqu’au bout. Je dirais que l’arbitrage est un nouvel exercice épistémologique intellectuel et politique qui est posé à la science. Arbitrer consiste à « vider » les querelles, voire les controverses disciplinaires. Il existe un débat scientifique sur l’environnemental. Mais, bien au delà des problèmes largement évoqués, concernant les croisements et la dissémination, une discipline comme l’agronomie doit absolument pratiquer une évaluation des changements de pratiques qu’induisent les OGM, en tant que « kits » liant la semence et les engrais ou encore les pesticides. Il lui faut approfondir les relations entre ce matériel, les pratiques culturales et le support... c’est-à-dire le sol. Et puis, il y a le débat économique et politique. Est-ce que nous acceptons, puisque c’est un basculement, que les biotechnologies appliquées à l’agriculture régissent le secteur de l’agriculture sous la domination d’acteurs qui viennent de la chimie et non plus de l’agronomie ? Qui viennent de la finance et des grands groupes multinationaux et non plus du secteur familial et du coopératif nationaux ? Cette question rejoint celle d’une autonomie de l’Europe sur ce que l’on appelle généralement « La gestion des ressources génétiques ». C’est-à-dire toutes les questions liées à l’approvisionnement en intrants des agricultures, à la délocalisation des productions et à la biodiversité écologique... et politique. Tout ce champ concret de problématiques majeures doit et peut être approfondi dans chaque discipline et entre disciplines scientifiques. L’arbitrage ne dit pas ce qu’il faut faire. A ce stade, la science n’a pas à faire de choix. Mais il nous faut produire des connaissances ouvertes qui approfondissent et nourrissent le questionnement et appellent la décision.

Mission Agrobiosciences : Y a-t-il débat dans la science ?

Bertrand Hervieu : Pas vraiment. Il y a une énorme censure et une difficulté à échanger. Et ce pour trois raisons. D’abord, il a toujours été difficile de faire discuter nos disciplines entre-elles en posant cette règle du jeu : « Il n’y aura pas de dernier mot ! ». Cette difficulté s’accroît également dans la situation particulière des grands organismes de recherche. Ces institutions sont dans une relation de tutelle avec des dirigeants nommés au Conseil des ministres, ce qui n’est pas le cas des universités. Le scientifique peut se demander si toute incursion dans ce débat va gêner ou bien servir son organisme. Bref, on ne crache pas dans la main qui vous nourrit... Résultat, très peu de scientifiques se sont véritablement engagés dans le débat. Disons que c’est un non-débat scientifique. Il apparaît d’ailleurs que ce sont plutôt les universitaires qui se sont montrés les plus libres à aborder la question des OGM. D’une certaine manière la liberté était plutôt du côté de l’université.

Mission Agrobiosciences : On peut soulever ce paradoxe : le fait que chez certains anti-OGM, s’exprime un soudain « refus du progrès » alors même qu’ils en ont été les tenants dans l’histoire récente...

Bertrand Hervieu : Oui et on a même pu entendre des arguments très durs à leur encontre. Tel que : « Tous ces bobos qui ont passé leur temps à révolutionner la sexualité sont les mêmes qui, par conservatisme, refusent les OGM et le progrès »... Je ne suis pas d’accord avec cette assertion. Car ce n’est pas parce que les humains se sont affranchis d’une trajectoire plaisir = reproduction, grâce au progrès des sciences du vivant, que ceci justifierait une gestion du vivant totalement reconstruite.

Mission Agrobiosciences : Reste que ces « volte-face » de positionnement paraissent tout de même paradoxales

Bertrand Hervieu : Je me pose cette question : pourquoi les couches sociales qui se sont battues et ont été porteuses des lois sur la libération de la femme, et cela en rupture avec l’ordre religieux, font appel aujourd’hui, face aux OGM, à cette loi moralisante : « On ne touche pas au vivant, on ne touche pas à la nature ». Pourquoi ces couches progressistes produisent-elles, 20 ans après, l’essentiel du discours critique sur le progrès scientifique ? Je ne rappelle pas cela pour dire qu’elles avaient raison avant et tort aujourd’hui. Mais je me pose la question de l’émergence de ce paradoxe : si ces couches sociales appliquaient vraiment, et à elles-mêmes, cette morale naturelle, je pense que ça leur ferait drôle si on songe à l’avortement et à la procréation assistée... Reste que je me pose également cette question : pourquoi des conservateurs anti-avortement sont-ils également pro-OGM ? C’est-à-dire des défenseurs de la rupture scientifique et technique proposée par les OGM sur le règne végétal ? Bref, pourquoi en est-on arrivé là ?

Mission Agrobiosciences : Votre questionnement critique s’adresse aux arguments des deux « camps » ?

Bertrand Hervieu : Disons que je me contente de remarquer qu’il y a du paradoxe dans les deux « camps ». Chez les partisans des OGM, nous rencontrons des expressions d’un scientisme aveugle. Chez les anti-OGM, les expressions sont d’un conservatisme porté par un « discours » du respect de supposées lois de la nature. De là, naissent des gourous qui parlent au nom de la science dans une sorte de « patasse an-épistémologique ». D’où la nécessité, selon-moi, de pousser chacune de nos disciplines scientifiques à argumenter au cœur de ce débat et au cœur des arguments de cette tension...

Mission Agrobiosciences : Ce qui rend difficile la question des OGM, c’est qu’elle dépasse souvent cette technologie elle-même. Il apparaît que la question des OGM, si elle révèle des incertitudes concernant leurs applications, elle révèle également les incertitudes et les craintes d’une société tout entière...

Bertrand Hervieu : Concernant le politique, la science et la morale, ce qui caractérise effectivement ce début du 21ème siècle, c’est que nous assistons à des processus de désacralisation. La science n’est plus intouchable, le politique n’est plus immuable et la morale ne relève plus d’un fondement transcendantal. Aujourd’hui, la morale est une construction sur des valeurs que nous nous donnons et nous imposons à nous-mêmes. Et nous nous imposons ces principes en raison de notre histoire et des développements en cours. Que cela concerne l’économie, le social ou encore la science... Le corps social se donne des absolus et les gère de façon contractuelle. L’exemple du mariage est intéressant. Il ne s’impose plus par la transcendance. Il s’impose désormais comme un contrat avec tous les aléas qui peuvent s’y rapporter. Ce n’est pas moins important puisque cela ne fait qu’accroître la responsabilité des sujets qui se marient. On passe là de l’individu au sujet. Et c’est un progrès. Dans l’affaire du PACS -puis du mariage entre homosexuels- les arguments pour le contrer, en appelaient à des prétendus invariants, ceux d’une sorte de loi naturelle. A mes yeux, ce débat a fait progresser les sciences sociales elles-mêmes dans l’examen des attendus qu’elles entretiennent.

Mission Agrobiosciences : Être progressiste c’est être en rupture avec la « nature » ?

Bertrand Hervieu : Face à cette idée que l’humanité ne serait que nature, on peut rappeler que l’humanité elle-même est « La » rupture avec la nature. Dans nos sociétés modernes, l’engendrement s’est affranchi de la nature par la contraception, l’avortement ou la procréation assistée... Je considère, d’ailleurs, que ce qui illustre le mieux aujourd’hui le paradigme de l’engendrement et de la parentalité c’est vraisemblablement l’adoption et moins l’enfantement. Une histoire où l’on opte pour l’enfant.

Mission Agrobiosciences : Cette désacralisation fait réagir et soulève de fortes résistances.

Bertrand Hervieu : Il est logique que le champ du cygne de la sacralisation fasse fortement réagir.

Mission Agrobiosciences : La désacralisation n’est pas forcément accomplie dans la science elle-même

Bertrand Hervieu : Le scientisme n’est pas mort. Pour certains scientifiques, être « pour ou contre les OGM », n’a tout simplement pas de sens... Il s’agit de l’avancée des connaissances. Donc, c’est bien ! C’est de la science, donc c’est forcément un progrès. On constate là, effectivement, que le processus de désacralisation, la fin des absolus transcendantaux et le chemin de la reconstruction de la science dans une société démocratique et laïque ne sont pas accomplis. Il n’y a pas de réponse facile à cette question : qu’est qu’une morale sans Dieu ? La laïcité, c’est une société qui se donne à elle-même ses codes, ses absolus et ses valeurs. Elle se veut une construction élaborée à partir des héritages et non pas le fruit d’héritages non révisés. Ce qui est dé-sécurisant. L’exemple de l’Europe est assez significatif de ce progrès. L’Europe est un horizon que l’on se donne et non pas une nouvelle cathédrale sacrée. Ainsi, on peut penser et vouloir l’Europe, et la critiquer dans le même temps.

Mission Agrobiosciences : Comment la science peut-elle progresser dans ce processus de désacralisation des absolus moraux...alors que ce processus n’est pas accompli ?

Bertrand Hervieu : Le progrès des sciences nous conduit à exercer l’esprit critique à l’intérieur de la science elle-même. A l’intérieur de la sphère de la connaissance, le caractère partiel des sciences produites l’emporte sur le caractère définitif et total. Dans une société laïque la question doit primer sur la réponse (selon la formule d’Edgar Morin). Et la science, par sa démarche et la connaissance, doit contribuer à aider la société à se comprendre elle-même. Dire ce qui est et non pas ce qu’il faut faire. Il faut que nous allions le plus loin possible, sans prétendre que notre discipline est seule à pouvoir dire. En clair, il faut que nous fassions fonctionner nos disciplines au regard de l’objet en débat et non pas vis-à-vis du groupe ou de la corporation.

Mission Agrobiosciences : Et concernant les OGM ?

Bertrand Hervieu : Il faut d’abord que chaque discipline dise ce qu’elle a voulu faire et a voulu connaître autour de ce vaste sujet des OGM. Qu’est-ce que cela nous a appris sur le vivant ? En quoi cette épopée a fait avancer ou non notre connaissance du monde ?... Qu’est-ce que nous en tirons, comme intérêt ou non, du point de vue de la connaissance ? Aujourd’hui, on est tellement obnubilé sur le « à quoi ça sert », que l’on en vient à oublier que les OGM ont d’abord été un moyen d’investigation et de production de connaissances.


régions sans OGM en Europe

Gentech news 108

Berlin : Conférence européenne pour la cause des régions sans OGM
A l’heure actuelle 100 régions européennes et 3'500 »zones sub-régionales« (communes entre autres) se sont déclarées sans OGM. Et ce chiffre augmente quotidiennement. Plus de 200 délégués de 30 pays concernés se retrouvent les 22/23.1.2005 afin de mettre en réseau leurs activités »sans OGM«.
Quelques exemples:
France: plus de 1250 maires déclarent leurs communes zones sans OGM. 15 des 21 régions et 5 départements se positionnent contre les OGM.
Autriche: 8 des 9 provinces refusent les OGM. La Carinthie a promulgué un texte de loi interdisant la dissémination des OGM.
Italie: plus de 1800 villes s’opposent aux OGM; 14 des 20 provinces interdisent les plantes transgéniques.
Angleterre: 44 régions ont adopté une résolution anti-OGM.
Grèce: tous les grands partis refusent les OGM. Plus de 200 ONG ont constitué le »Réseau grec contre les OGM«.
Pologne: 2 provinces du sud se déclarent zones hors OGM.
Hongrie: le gouvernement interdit l’importation de semences de maïs transgénique. 26 communes se déclarent zones sans OGM.
Une délégation du Japon annonce: le Japon ne cultivera pas d’OGM. Toutes les firmes renoncent au développement des OGM. La campagne: »non aux OGM« pourrait aboutir à l’interdiction de la culture du riz transgénique.
(Informations sur le site www.zs-l.de/conference)

En outre: Symposium organisé par SWISSAID: » Technologie génétique dans l’agriculture – chronique d’une catastrophe annoncée ? « le 10.2.05 à Berne. (www.swissaid.ch)


Surveiller les effets des OGM sur l'environnement
Une consultation d'experts recommande des lignes directrices

Luisa Guarneri, 27 janvier 2005, Rome, Food and Agriculture Organization of the United Nations

  Toute dissémination d'organismes génétiquement modifiés se voulant responsable doit englober l'ensemble du mécanisme de développement technologique, de l'évaluation des risques a priori aux considérations de biosécurité, à la surveillance postérieure à leur mise sur le marché, recommande une consultation d'experts qui vient de se tenir à la FAO.

Les objectifs environnementaux doivent également comprendre la conservation et la protection des ressources naturelles fondamentales, comme le sol, l'eau et la biodiversité. De cette façon, la surveillance pourrait devenir l'élément pivot de la création de connaissances nécessaires à protéger à la fois les systèmes agricoles, les moyens d'existence ruraux et l'intégrité écologique dans son ensemble. Les risques potentiels constitués par les OGM doivent - selon les scientifiques - s'inscrire dans le contexte plus vaste des impacts positifs et négatifs de toutes les pratiques agricoles.

  Participation des associations d'agriculteurs

Les associations de défense de l'environnement, les groupes d'agriculteurs et les organisations communautaires devraient intervenir de façon active et continue dans ce processus car elles font partie intégrante du système. La FAO est prête à faciliter ce processus, de même que d'autres organismes et centres de recherche nationaux et internationaux, et à encourager l'adoption de programmes de vigilance très rigoureux. Outre la FAO et le PNUE, les centres GCRAI sont censés jouer un rôle important dans l'alliance avec les centres de recherche nationaux d'excellence.

La consultation a été organisée dans un climat de polémiques et d'inquiétude du public sur les modifications génétiques. La FAO a demandé à un groupe d'agronomes et de chercheurs de diverses parties du monde de fournir des lignes d'orientation claires sur les méthodologies les plus rigoureuses et reposant sur des fondements scientifiques pour surveiller les effets des cultures transgéniques sur l'environnement.

  Protéger les agrosystèmes et les moyens d'existence

"Le but de la FAO est de fournir un instrument visant à aider les pays à faire en connaissance de cause leurs propres choix en la matière et à protéger la productivité et l'intégrité écologique des systèmes de production", a déclaré Mme Louise O. Fresco, Sous-Directrice générale de la FAO, responsable du Département de l'agriculture. Et d'ajouter: "La nécessité de contrôler les avantages et les risques potentiels pour l'environnement des plantes transgéniques mises sur le marché acquiert une importance croissante devant l'ampleur que prennent les cultures commerciales." Les experts ont reconnu qu'une grande quantité de données est déjà disponible. Il convient de rassembler et coordonner ce volume d'informations souvent dispersées. Ils ont également souligné que même avec des ressources limitées, la surveillance des cultures génétiquement modifiées non seulement s'impose, mais est tout à fait réalisable.

Les experts ont convenu qu'il est important d'identifier les données existantes les plus rigoureuses. A cet égard, ils ont noté que l'expertise de terrain et les connaissances traditionnelles devraient devenir une ressource complémentaire précieuse des compétences scientifiques. Ces données pourraient être utilisées dans les indicateurs servant à mesurer les effets des OGM sur l'environnement. Tout changement sensible susceptible de susciter des préoccupations devrait être immédiatement signalé. Une des difficultés rencontrées dans le suivi des cultures a souvent été l'hétérogénéité des systèmes de production. A cet égard, le groupe de scientifiques a recommandé d'adapter toute méthodologie à différents systèmes de production dans différentes régions en respectant un processus rigoureux recommandé par les experts.

La surveillance des cultures transgéniques fournira des informations utiles pour l'élaboration des politiques et des réglementations, mais fournira surtout aux producteurs des options leur permettant d'adopter, en connaissance de cause, les technologies dans une optique durable.

Contact:
Luisa Guarneri
Relations médias, FAO
luisa.guarneri@fao.org
(+39) 06 570 56350


OGM chimérique : une alouette (pour le miroir) et un cheval (de Troie)

Jacques Testart, Inf'OGM N°60 - Janvier 2005

  Comment faire accepter par les populations une innovation qui ne leur est d’aucun bénéfice et présente des risques incontrôlables ? Les promoteurs des plantes génétiquement modifiées (PGM) s’ingénuent depuis dix ans à en faire miroiter des applications littéralement extraordinaires, orientées surtout vers la santé humaine. Sur ce terrain de choix parce qu’il permet de convaincre en apitoyant, il y eut d’abord un riz “el dorado” (golden rice) qui permettrait aux populations souffrant de carences alimentaires de complémenter leur régime en vitamine A, ou encore des bananes et tomates dopées de vertus vaccinales. Puis vint le maïs fabriquant une enzyme (lipase gastrique de chien) capable de soulager les souffrances d’enfants atteints de mucoviscidose. Ensuite cette herbe banale (arabette des dames) modifiée pour détecter les mines antipersonnelles. Enfin le pavot dont la chaîne de synthèse de la morphine se trouve bloquée à l’étape de la réticuline, une substance efficace contre le paludisme. Bilan annoncé : des plantes alimentaires secrétant des médicaments contre carences ou maladies, une herbe sauvage devenue sentinelle vigilante des suites de guerre, une plante maléfique (pour drogués) détournée vers la guérison de multitudes innocentes (cf. aussi page « Recherche et environnement »)...

  Comment résister à de telles propositions ? Sauf en vérifiant que “ça marche” aussi bien que le promet la “pub OGM”, et en exigeant que toute production de médicaments, par un alambic ou une PGM, soit confinée dans un espace clos.

  Etonnament, ces miracles génétiques ne vivent que le temps d’opérations cycliques de propagande, puis laissent la place à de nouveaux miracles... Une question mérite alors d’être posée : comment se fait-il que ces merveilleux végétaux n’aient pu s’épanouir dans des pays, comme les USA, où l’opposition aux PGM reste impuissante ? La même chose est arrivée avec l’annonce réitérée de mammifères produisant dans leur lait des substances utiles (hormone de croissance, soie d’araignée,...). En fait, ces plantes et animaux GM ne sont jamais compétitifs par rapport aux OGM unicellulaires cultivés en fermenteurs.

  Le comble du paradoxe n’est-il pas alors que ceux qui soupçonnent ces PGM séductrices de n’être qu’un cheval de Troie sont accusés d’”obscurantisme”. Nouvelle opération de passe-passe : l’obscurantiste est aujourd’hui celui qui ne croit pas aux miracles ! Étonnant ? non ! Opinion Grossièrement Manipulée !


Vers une Bretagne sans OGM, du champ à l’assiette

Jean-Yves LE DRIAN, Président du Conseil régional de Bretagne, Mercredi 26 janvier 2005

L’arrivée prochaine, à Lorient, du cargo Golden Lion en provenance d’Argentine et chargé de 32 000 tonnes de tourteaux de soja transgénique, sera probablement très médiatisée. Ce navire est en effet escorté par un bateau de Greenpeace.

Cette action, à laquelle participe la Confédération Paysanne, met en évidence une réalité de la politique agricole européenne : notre dépendance vis à vis de l'Amérique latine pour les protéines destinées à l'alimentation animale. Chaque année, plus de 5 millions de tonnes de soja du Brésil et d'Argentine sont déchargés dans les ports français et bretons pour produire des aliments pour le bétail.

Par ailleurs, la législation européenne et française est actuellement insuffisante en matière d’étiquetage des produits issus d’animaux. En pratique, aujourd’hui, les consommateurs européens ne sont pas en mesure, par défaut d’information obligatoire, d’exercer leur droit de refuser les OGM dans les produits d’origine animale.

La Région Bretagne a pris ces problèmes à bras le corps en votant le 8 octobre dernier un ensemble d'actions destinées à concrétiser sa politique « Vers une région sans OGM, du champ à l'assiette ». Elle s'est par ailleurs engagée, dès août 2004, dans une démarche de développement durable avec l'Etat du Parana au Brésil pour soutenir leur action "soja pura", c'est-à-dire la culture de soja sans OGM.

La Bretagne coordonne également, avec le soutien de l’Association des Régions de France, une action européenne des Régions et territoires sans OGM pour faire avancer la réglementation européenne notamment sur l'étiquetage des produits issus des animaux. Plus de 50 régions européennes, convaincues que seule la modification du droit pourra entraîner un réel changement des pratiques, sont désormais mobilisées.

Ces actions engagées depuis le printemps dernier marquent bien une inversion de politique correspondant aux attentes des consommateurs comme aux enjeux de développement d’une agriculture bretonne de qualité. Les progrès attendus en la matière dépendent maintenant avant tout de notre capacité à convaincre et à négocier avec l’ensemble des acteurs concernés : Union européenne, producteurs et industriels de l’agro-alimentaire, distributeurs, autorités portuaires, consommateurs …

Ce mouvement est cependant d’ores et déjà engagé. Ainsi, le trafic du port de commerce de Lorient est constitué par une part croissante d’importations de soja sans OGM au détriment du soja transgénique. Il faut évidemment continuer à travailler ensemble pour aller plus loin.

Contact presse : Odile BRULEY ( 02.99.27.13.55 )


La culture biologique du soja, c'est rentable

Par Judith RUEFF, 30 janvier 2005 (Liberation.fr), Porto Alegre, envoyée spéciale

LA PAROLE A... Olivo Dambros, agronome et producteur de soja bio dans le sud du Brésil

« Je cultive trente hectares de soja biologique dans l'Etat du Parana, un des trois du Sud brésilien. Sur mon exploitation, je fais aussi du maïs et des haricots. La situation dans le Parana est très différente de celle du Rio Grande do Sul (où se trouve Porto Alegre, ndlr), où le soja transgénique est ultra-majoritaire. Chez nous, il est encore peu répandu. Mais nous avons de grandes difficultés pour empêcher l'entrée de soja OGM, malgré le soutien du gouvernement de l'Etat qui a voté une loi interdisant les cultures transgéniques.

Le problème, c'est que le soja OGM entre clandestinement au Brésil par l'Argentine, échappant aux contrôles et aux amendes, puis le pollen contamine les autres cultures. Dans certaines préfectures du Parana, 70% des cultures de soja sont contaminées par ces entrées illégales. Malgré tout, la nouvelle loi bloque encore les entrées en masse, puisqu'elle interdit les sorties de soja OGM par le port de Paraguana. Mais les pressions des grandes firmes productrices de semences sur le gouverneur et les syndicats agricoles pour qu'ils autorisent les OGM sont énormes.

Dans certaines régions, il y a des grandes coopératives qui font du lobbying pour les semences transgéniques, les techniciens passent dans les villages avec des vidéos pour convaincre les agriculteurs de cultiver les nouvelles variétés.

Contrairement à ce que les grands semenciers comme Monsanto essaie de faire croire aux petits paysans brésilens, le soja OGM n'est pas plus rentable pour lui. En tant que producteur de soja biologique, j'ai un coût de production inférieur de 20% à celui du soja génétiquement modifié. Je produits moi-même mes semences. J'utilise moins d'engrais et je contrôle mieux les mauvaises herbes avec un désherbage manuel, en faisant travailler plus de main d'œuvre. Ce désherbage permet aussi d'éviter la prolifération d'insectes nuisibles et donc, de baisser les coûts. La culture biologique du soja, c'est rentable et pour nous, les petits agriculteurs, c'est une alternative très intéressante. En plus, la demande de bio est de plus en plus forte, il y a des marchés à l'export, vers l'Europe notamment où les consommateurs ne veulent pas d'aliments OGM. Je propose la tenue d'un référendum sur la question des OGM dans l'Etat du Parana et je demande au Forum social mondial d'approuver ce plébiscite. »


Analyse critique (Laurent de Paris) de l'article de Louis Marie Houdebine, directeur de recherche à L'INRA, et porte parole de la cause OGM pour cette institution, qui dresse "un premier bilan après huit ans".
paru dans la revue du GNIS et de l'UIPP(*) : 'Plantes Transgéniques' N°9
L.M. Houdebine :
"Le fait qui s'impose tout d'abord est le succès commercial global de la démarche puisque l'augmentation de la culture des OGM atteint le taux de 15% par an. Il est de ce point de vue remarquable que l'adoption des OGM par certains pays en développement ait commencé peu de temps après leur implantation dans les pays développés pionniers."

1°) Succès commercial peut-être. Mais succès économique, certainement pas.
Pour preuve, les licenciements de PDG de Monsanto, ou la revente des activités Plantes Génétiquement Manipulées (PGM) des grands groupes pharmaceutiques.
Pour une nouvelle technologie sensée apporter autant d'avantages, 15% l'an au bout de huit ans c'est plutôt décevant pour les financeurs, sachant qu'on n'arrive au bout du compte qu'à 67,7 M ha, c'est à dire 1,4% des terres cultivées. Connaissant les investissements faits pour en arriver là, on peut espérer une faillite dès que l'on aura des études sérieuses sur la santé des animaux nourris aux PGM.

2°) L'adoption des OGM par les pays en développement s'est fait à coup de pot de vin (140 fonctionnaires corrompus par Monsanto en Indonésie), par la contrebande de semence de soja à la frontière entre Argentine, Brésil, et Uruguay, puis par la pression économique suite à l'implantation de laboratoires de biotechnologie (Brésil, Egypte, Kenya), par la communication mensongère sur les vertus de la patate douce transgénique au Kenya, ...etc

Malgré cela, d'après l'ISAAA qui répertorie les cultures de plantes génétiquement modifiées,
pour 2004:
_70% se font dans deux pays de l'Amérique du Nord,
_25% dans deux pays de l'Amérique du sud,
_4% en Chine (coton).
_1% est réparti entre l'Afrique du Sud, l'Inde, l'Uruguay, la Roumanie, l'Australie, le Honduras, le Mexique, la Colombie, l'Indonésie (moins de 1 millième des surfaces mondiales pour 140 pots de vins!), la Bulgarie, l'Espagne et l'Allemagne.

M. Houdebine cite la Bolivie (l'ISAAA non), pour nous parler d'une pomme de terre GM résistante à un nématode, alors qu'il y a tellement de variétés indigènes en Bolivie qui y résistent très bien.
On nous a déjà fait le coup au Kenya, mais pendant que la nouveauté GM faisait 'pshitt',
l'Ouganda cultivait une variété non transgénique qui avait la même résistance au virus.
Les variétés de pommes de terre attaquées par les nématodes sont celles à haut rendement quand elles sont cultivées de manière non durable. On ne peut pas tout avoir.

L.M. Houdebine :
"Le plus incontestable paraît être la simplification des méthodes de culture mais aussi une augmentation significative des revenus des agriculteurs, ce qui a un impact relatif dans les pays riches mais infiniment plus important dans les pays en développement."

Si leur revenu augmente, on a donc du mal à s'expliquer les suicides de paysans indiens
(par ingurgitation de Round Up, entre autres moyens de se donner la mort).
En fait, les coûts en intrants augmentent plus que les rendements.
Ce qui est normal puisque les PGM ont été développés pour s'adapter à une agriculture très mécanisée et déjà utilisatrice d'intrants chimiques (engrais et pesticides).
La seule agriculture qui enrichi le paysan, c'est celle qui est la plus autonome possible (lire André Pochon.)
Ce n'est pas pour rien que les pays développés subventionnent leur agriculteurs.
Dans les pays appauvris, il n'y a pas de telles subventions.
D'autre part, ce n'est pas forcément le temps de travail qui limite la production, c'est aussi l'absence de formation, les conditions pédo-climatiques, la perte des semences locales en cas de crise, ...

Aux USA, grâce aux PGM, on arrive effectivement à des records de gain de temps de travail par hectare: 12 jours pour cultiver 100 ha de maïs.
On ne dit pas combien de litres de pétrole sont nécessaire et combien de kilogrammes de CO2 émis pour en arriver là. Effectivement, au début, c'est plus simple de cultiver des PGM.
Dans ces conditions, l'exploitant agricole peut cumuler plusieurs métiers. Cela explique pourquoi ce type d'agriculteurs est favorable aux PGM. En plus, les subventions à l'agriculture américaine ont plus que doublé entre 1997 et 2001 (47% du revenu agricole).

Donc, l'impact en terme de revenus était plutôt positif pour les américains et faible voire négatif pour les pays appauvris.
Depuis 3 à 4 ans, les quantités de désherbants totaux ont beaucoup augmentées pour combattre les résistances acquises par les plantes adventices, au point que le soja Round Up Ready commence à jaunir alors qu'il était conçu pour résister à ce traitement.
Ce jaunissement induit un phénomène nouveau: les aphidés (de la famille des pucerons) se trouvent attirées par cette plante jaunâtre, alors qu'elles n'y allaient pas habituellement.
Les chiffres d'augmentation de l'usage d'herbicide totaux sont: 2 à 5 fois plus qu'au début; 55000 tonnes de plus l'an dernier par rapport à l'année précédente.

Aux US, les rendements en soja étaient stables depuis 1994, ce qui est normal au niveau qu'on a atteind. Depuis l'arrivée du soja GM, le seul avantage est que le temps de travail a diminué.
Mais en 2003 les rendements ont diminué. Cette année le climat pourrait expliquer en partie le phénomène, mais le rendement en soja conventionnel a été meilleur qu'en PGM. Si on considère que le prix des semences GM est plus élevé, on se demande vraiment où est l'intérêt.

Et on nous dit qu'il faut absolument expérimenter ça en France pour éviter de prendre du retard sur les américains. Pourquoi?
On voudrait aussi devenir obèses, faire la guerre pour le pétrole, avoir une église pour 800 habitants, 0,7% de la population en prison et 30 000 morts par balles chaque année?

On ne peut pas reprocher à M. Houdebine de ne pas ête compétent en agronomie, il travaille essentiellement dans des laboratoires à la modification génétique d'animaux pour leur faire produire des protéïnes à usage industriel. Rappelez vous, le lapin fluorescent, c'est sa fierté.

L.M. Houdebine :
"Un série de tests destinés à identifier les effets toxiques et allergènes des OGM et de leur produits dérivés ont été définis et normalisés. Ils sont systématiquement utilisés sous le contrôle de commissions d'experts indépendants sous la responsabilité en France de l'AFSSA (Agence Française de Santé et de Sécurité Alimentaire). Aucun effet négatif des OGM utilisés pour l'alimentation animale et humaine n'a été mis en évidence à ce jour."

Effectivement, on ne trouve que ce qu'on cherche, en l'occurence des effets à court terme.
Pourtant, après une action administrative auprès de la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB), qui a permi de révéler certains comptes rendus de réunion, le grand public a pu ête informé qu'après une alimentation de rats pendant seulement 90 jours avec du maïs transgénique, les chercheurs découvrent que: "il y a des effets significatifs sans signification pathologique".
Pourtant, des anomalies sanguines et des variations du poids des reins ne seraient sans doute pas triviales s'il s'agissait d'être humains.
Puis après un refus d'autoriser l'OGM en l'état, de nouvelles études ont abouti à la conclusion que finalement: "les effets observés ne sont plus significatifs" sans explication crédible sur ce changement de conclusion. Cela pour des rats, au bout de 90 jours.
Et pour des humains qui vivent plus de 70 ans?
Sans compter que les problèmes de reproduction ne sont pas pris en compte.
Pour l'instant, il n'y a pas d'argent pour faire des analyses de taux de métabolite d'herbicide dans les plantes GM cultivées normalement, c'est à dire avec du glyphosate ou du gluphosinate et ses 14 adjuvants. Pourtant, des neurologues sont inquiets des effets d'un de ces métabolites sur le développement du cerveau des humains (une étude récente au Japon tire la sonnette d'alarme).
Ca, aucune étude sur des rats ne pourra le démontrer.

Les rares chercheurs qui ont osé divulguer des résultats de recherche négatifs pour les OGM, ont quelquefois eu des ennuis dans leur carrière: Arpad Pusztaï et Ignacio Chapela, pour ne citer que les plus connus. C'est arrivé aussi dans le domaine de la toxicologie. Ces pressions ne sont pas réservées aux chercheurs en biotechnologies.
Ca n'incite pas les scientifiques à faire du zèle.

L.M. Houdebine :"Personne n'a par ailleurs montré que les produits biologiques étaient plus sains et véritablement moins risqués pour l'environnement."

On n'a même montré dans certains cas que les taux de nitrates pouvaient être trop élevés si le paysan chargeait trop ses terres en fumier.
Mais comme ces produits labellisés sont deux fois plus contrôlés que les autres, on a pu s'en apercevoir.
Sérieusement: La démonstration scientifique de l'avantage de l'agriculture BIO n'est pas refaite régulièrement parce que ça tombe tellement sous le sens qu'on ne va pas dépenser de l'argent public pour ça.
Tous les comparatifs AB/AR/AC (*) basés sur des méthodes classiques démontrent que le bio est plutôt meilleur pour la santé aux niveau de ses constituants nutritifs en pariculier en oligoéléments, bien meilleur au niveau de la teneur en pesticides, et ce qui se fait de mieux pour l'environnement.
Maintenant que l'on sait que les causes de cancer, de baisse de fertilité, de malformation congénitales, et plus récemment de troubles nerveux, ont au minimum une composante environnementale non négligeable, il serait temps d'arrêter de défendre un modèle qui est, en plus, à l'origine de 20% des émissions de gaz à effet de serre en France. De toute façon, avec l'augmentation inéluctable du prix du pétrole, ce modèle va finir par disparaître tout seul, mais après nous avoir laissé des pollutions pour quelques décennies.

Les tenants du 'tout génétique' veulent nous faire croire que l'on va améliorer la santé des gens grâce aux nouvelles découvertes.
On vient même de découvrir l'importance de l'effet du gène Pokemon sur le cancer,
après avoir découvert le gène de l'homosexualité (un bluff).
M.Houdebine, qui fabrique des onco-souris, pourrait peut-être nous expliquer comment notre génome a pu évoluer tellement vite, que le taux de cancer est bien plus élevé qu'il y a 20 ans.
J'ai une hypothèse qui lui fera plaisir: effectivement les gènes mutent.
Mais d'autant plus vite qu'ils sont soumis à des substances mutagènes ou à la radioactivité.
Ces substances que les écologistes voudrait interdire grâce au programme REACH.
Et parmi ces substances, certaines se retrouvent dans les pesticides.
Comme par hasard M. Chirac défend l'agriculture productiviste et s'oppose à la poursuite du programme REACH. Pourtant, il reconnait que la maison brûle.
Comme quoi, on ne peut faire confiance en personne.

   Alors, l'agriculture biologique est-elle vraiment plus dangereuse ?

-----Présentation de l'auteur de l'article dans 'Plantes transgéniques' : Louis Marie Houdebine est l'auteur du livre "OGM, le vrai, le faux".
Puisque c'est un scientifique, les lecteurs prennent ce qu'il dit pour vrai, sans savoir que ce monsieur ne doit pas avoir beaucoup de morale pour créer un lapin avec un gène de méduse, et qu'il n'a aucune expérience dans le domaine des plantes génétiquement manipulées.
Mais il espère bien s'enrichir grâce à des financeurs qui croient en ses capacités de bricoler l'ADN.
Et il y arrive.
Le problème conceptuel est que, même s'il y a des similitudes au niveau de l'ADN entre les créatures animales et végétales, il ne faut pas être biologiste pour comprendre que le végétal est obligé d'évoluer pour s'adapter, alors que l'animal peut se déplacer. Ce qui fait que depuis l'apparition de la vie sur terre, les végétaux ont acquis la capacité de muter rapidement, d'autant plus que la reproduction se fait tous les ans (pour la plupart d'entre eux, en fonction des cycles météorologiques longs). Ce qui fait que la similitude de l'ADN, ne donne finalement pas du tout les mêmes résultats en terme d'évolution, ni en terme de résultats des manipulations génétiques.

*:
GNIS: Groupement National Interprofessionel des Semences
UIPP: Union Interprofessionnelle de la Protection des Plantes (ou U.I. des Produit Phytosanitaires)
AB/AR/AC: Comparatif entre Agricultures Biologique, Raisonnée, Conventionnelle (ou irraisonnée)


Analyse critique (Laurent de Paris) de l'éditorial de Jean-Yves Le Déaut :"les bénéfices des OGM : bilan et perspectives", paru dans la revue du GNIS et de l'UIPP : 'Plantes Transgéniques' N°9

Jean-Yves Le Déaut à un lourd passé et un présent peu rassurant : Il était en 1998 Président de l'Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Techniques (OPECST). Il avait assumé de ne pas retenir un certain nombre d'avis de bon sens du panel de citoyens suite à la conférence de citoyens sur les OGM. Aujourd'hui il est Vice-Pdt de l'OPECST.

J.Y. Le Déaut : "Le transfert de gènes existe depuis le début de l'histoire du règne vivant et la nature n'a fait que fabriquer des OGM, tout au long des 4 milliards d'années qui viennent de s'écouler, en sélectionnant les gènes qui apportaient des avantages sélectifs. Ce que fera l'homme sur certaines plantes est infinitésimal par rapport au brassage naturel des gènes. La transgénèse qui permet la fabrication d'un OGM est une technique qui ne diffère pas fondamentalement des techniques de sélection naturelle, ou d'hybridation".

Si je compte bien ça fait:
- Une méconnaissance de la définition officielle des OGM (c'est très grave dans son cas);
- Une erreur sur l'échelle des modifications par l'homme ou par la nature si on considère une plante à la fois;
- Une méconnaissance des techniques de manipulation génétique, qui fait que la différence est complète, sauf dans un cas où ça peut s'apparenter mais avec des effets collatéraux différents de ce qui se passe dans la nature.

J.Y. Le Déaut :"Une poignée d'opposants, 'les faucheurs volontaires', a réussi grâce au battage médiatique accompagnant les saccages de recherches autorisées par les gouvernements successifs à persuader le grand public de l'équation OGM=DANGER."

- Il a oublié un 's' à 'danger', mais on ne peut pas lui en vouloir.
- Plus de 3000 faucheurs volontaires à visage découvert se sont engagés dans un bras de fer avec l'Etat, parce qu'ils ont des arguments ou qu'ils ont confiance dans les scientifiques qui se sont déclarés contre la culture des PGM en plein champ. Ils sont à peu près 500, à avoir choisi d'être jugés avec les boucs émissaires que M. Perben a sélectionné.
- Il n'y a jamais eu beaucoup de battage médiatique, en tout cas pas à la hauteur de l'événement que constituait la naissance d'un mouvement de désobéissance civique, ni à la hauteur de la débauche de moyen militaires pour y résister. Sinon on aurait eu droit à des débats intéressants.
Ou alors ces débats n'ont pas eu lieu faute d'arguments scientifiques chez les pro-OGM.
- A ma connaissance, aucune recherche autorisée (dans le sens de ce qu'entend le grand public, c'est à dire avec mesure des conséquences sur l'environnement ou la santé), n'a été empêchée depuis celle sur le riz au CIRAD, ou sur un essais de dissémination de colza.
Dans le cas du riz, le CIRAD a depuis crée une commission d'éthique.
C'est un résultat positif du saccage.
Dans le cas du colza, il y a déjà dissémination quasi généralisée au Canada, et début de dissémination en France autour des premiers lieux d'essais et à cause de semences non pures. Saccage trop tardif.

Les autorisations de culture sont données pour des essais de productivité n'ayant aucun intérêt pour la recherche fondamentale.
Ces essais de productivité se font à très grande échelle aux Etats unis, en Argentine, et en Inde pour le coton, ce qui nous permet d'en découvrir les inconvénients, sans qu'on ait à les subir.

J.Y. Le Déaut : "Ils ont même réussi à convaincre certains présidents de région, qui ont oublié les décisions qui avaient été prises par le gouvernement dans lequel ils siégeaient"

Combien de personnes sont citées là?
Pour ceux qui ont effectivement changés d'avis, il ne font que démontrer leur capacité à se remettre en cause, en fonction des nouvelles données qui leur sont communiquées.
De toute façon, l'avis personnel d'un membre du gouvernement est rarement connu ('un ministre ça ferme ça gueule ou ça démissionne'). C'est ce devoir de réserve qu'ont pratiqués tous les ministres de l'environnement.
Une fois libéré de ce devoir, ils s'expriment plus librement.
S'il ne sait pas ça, M. Le Déaut ne comprend pas grand chose à la politique.
Peut-être suppose-t-il que nous ne le savons pas ?

J.Y. Le Déaut : "La vérité, c'est que le débat a été inexistant et que l'art de manier la faucille peut en aucun cas nous dispenser de réfléchir à une question majeure pour l'avenir de notre pays"

- C'est pour cela que nous réfléchissons à la question majeure suivante:
Comment peut on développer l'agriculture biologique dans notre pays, alors que les importations croissent avec la demande, et que notre modèle agricole actuel n'est pas durable (20% des émissions de gaz à effet de serre, autres pollutions, endettement des paysans, épidémies, plaintes de nombreux pays européens...)

- Pour revenir aux PGM (les OGM qu'on est accusé d'avoir attaqué à la faucille), les deux fois où de grands débats ont étés organisés (juin 1998 et février 2002), les conclusions ont déplu à M. Le Déaut. Pourtant il avait participé à l'organisation de ces débats. Il donne l'impression de ne plus s'en souvenir. Ca s'appelle du refoulement, non?
A moins que ce soit plus grave...

- Le problème n'est pas de débattre, mais d'accepter les conclusions de ce débat. Certains on même constitués un 'Collectif pour une Conférence de Citoyen sur les OGM'. Mais ils n'arrivent pas à être pris en considération parce qu'ils demandent à participer à l'élaboration du cadre de ce débat et à ce que les conclusions de ce débat induisent des effets concrets.

J.Y. Le Déaut : "La réalisation des essais en plein champ est bien évidemment le seul moyen d'évaluer l'impact des OGM sur l'environnement et la santé ou sur les performances agronomiques d'une plante. Il est paradoxal que certains, par idéologie, refusent cette évidence".

La réponse à cette obligation d'évaluation a déjà été argumentée plus haut:
Très peu d'essais (2%) pour mesurer la dissémination, et beaucoup de dégâts déjà constaté en Amérique après quelques années de pratique (ce qui confirme les craintes).
Ne faisons pas les mêmes erreurs qu'eux, sous prétexte que nous voulons rester dans la course. Une course mortelle à long terme.
Essayons plutôt de rattraper notre retard sur l'agriculture durable, comme le demande certains syndicats de paysans soucieux des questions environnementales et de santé publique.

J.Y. Le Déaut : "Il est donc absurde de décider que tous les OGM sont à priori mauvais.
C'est donc 'au cas par cas' qu'il faut décider de l'autorisation de culture, en fonction de l'impact sur l'environnement, du bénéfice pour le consommateur ou pour l'agriculteur, et même des critères économiques évaluant les dangers d'évolution vers une agriculture dominée par quelques groupes agro-chimiques, qui seront malheureusement tous chinois et [sic] américains, si l'Europe continue à faire l'impasse sur les biotechnologies végétales."

- Apparemment, c'est bien là la raison idéologique qui motive les défenseurs des OGM.
Désolé de vouloir promouvoir l'agriculture paysanne, mais tant que les groupes agrochimiques ne seront pas plus respectueux de l'environnement, des consommateurs et des paysans, quelle motivation aurions nous à défendre leurs intérêts de ces entreprises. Autant défendre Monsanto.
Il suffit d'avoir vu le documentaire 'The Corporation' et pour être vacciné contre Monsanto.

- Il semble que M. Le Déaut soit un optimiste.
C'est sans doute la raison pour laquelle il ne lui semble pas nécessaire d'évaluer les OGM comme des médicaments ou des produits toxiques. Pourtant, la plupart contiennent, soit de l'insecticide à haute dose (2000 fois plus que ce qu'ils recevaient par pulvérisation), soit des résidus d'herbicides à dose élevée (60% des cas), soit les deux.

Pourquoi n'a t-on jamais fait ces essais de manière sérieuse sur au moins un seul PGM, que nous aurions choisi?
L'argument classique de M. Houdebine: "Tous les américains en consomment et personne n'en est mort", n'est vraiment pas convaincant.
La santé de l'américain moyen n'est pas si bonne (14% de leur PIB consacré à la santé contre 10% en France). Aucune étude épidémiologique n'est possible à cause de l'interdiction d'étiquetage aux US.
Evidemment, cette évaluation serait très coûteuse. Pourtant, plus on pousse les essais de nutrition sur rats ou souris, plus on découvre de problèmes. Pour l'instant ces essais ont été limités, ce qui ne permet pas d'avoir une certitude scientifique, mais seulement de fortes inquiétudes. Qu'attendons nous pour aller plus loin?

Du point de vue scientifique, les effets des herbicides totaux utilisés avec les PGM, commencent à être bien documentés.
Effets sur l'environnement: taille des vers de terre, sexe des oursins (pourtant loin des lieux d'épandage), acquisition de résistance par les adventices.
Effet sur la santé: impact sur le développement cérébral des embryons.

Quand M. Le Déaut écrit qu'il faut donner des autorisations en fonction 'du bénéfice pour le consommateur'. Pour l'instant le bénéfice est nul, tout le monde est d'accord là dessus (la controverse sur les mycotoxines sur le maïs n'étant pas terminée). C'est bien une balance bénéfice-risque qu'il faut envisager, et avec encore plus de sévérité qu'avec un médicament puisqu'on n'a pas besoin de ces OGM: on produit tout ce maïs pour alimenter du bétail dont la production est excédentaire par rapport à une demande en baisse.
Et pour complémenter ce maïs, pauvre en protéïne, on importe du soja (dont une bonne partie est transgénique).

Quand on connaît, aux USA, la collusion de la Food and Drug Administration avec certaines entreprises qui soumettent les demandes d'autorisation,
comment croire en son indépendance?
Depuis que les entreprises payent pour l'évaluation et depuis que des responsables d'entreprises privées (dont Monsanto) ont été placés par M. G.W. Bush dans cette administration, c'est la méfiance qui devrait prévaloir.
De fait, on sait maintenant comment l'hormone SomatoTropine Bovine recombinante de Monsanto a été acceptée par l'administration, malgré des études scientifiques défavorables, dont les conclusions ont été arrangées.
La présomption d'innocuité des OGM n'est que le résultat d'un processus similaire, qui a abouti à la qualification: 'équivalence en substance'.
Certains scientifiques de la FDA étaient en désaccord pour les PGM,
mais leur avis n'a pas été pris en compte. Depuis, ils ont démissionné.
Et l'OMC, dans laquelle le semencier-transporteur CARGILL a un pouvoir officieux mais effectif supérieur aux Etats, oblige tous les pays à considérer que la décision de la FDA doit s'appliquer à tout le monde.
La FDA était effectivement crédible il y a 10-15 ans. Ce n'est plus le cas aujourd'hui (VIOXX, CELEBREX, ...)
Quand on voit les chercheurs des universités américaines ou des entreprises, avoir des ennuis de carrière dès qu'ils osent dire des choses qui ne vont pas dans le sens du 'business', on comprend qu'il n'y ait pas plus de scandales.

C'est ce qui conduit à la méfiance du public vis-à vis de la techno-science.
Dans cette histoire, les faucheurs volontaires arrivent bien tardivement.

Le seul bénéfice des OGM est pour ceux qui les vendent : semenciers. Si les exploitants agricoles sont complices, c'est soit parce qu'ils n'ont pas le choix (colza au canada) soir parce qu'en 12 jours de travail il est possible de cultiver 100ha de maïs grâce à la simplification, par exemple. Mais pour combien de temps encore?
En Argentine, certains en reviennent. Malheureusement, quand ils demandent des semences traditionnelles, les semenciers leur répondent qu'ils n'en ont plus. C'était le but recherché.

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Editorial complet dans:
"Les plantes transgéniques, N°9": les bénéfices des OGM : bilan et perspectives.
(La lettre d'information aux décideurs publics et relais d'opinion) A demander à : GNIS, BP54, 49071 Beaucouzé cedex, tél: 01 42 33 76 90

Vous y trouverez d'autres bonnes blagues (involontaires), comme celle de Philippe Joudrier, chercheur en biologie végétale au Cirad:
"Il faut dix ans pour créer une variété de plante traditionnelle et ce n'est pas sans risque. Avec les technologies transgéniques, un an suffit et l'on est sûr du résultat. On connaît parfaitement la construction génétique qui a été faite. Une fois les barrières de sécurité mise en place, il n'y a rien de plus sûr." Extrait de la Marseillaise, 30 septembre 2004.

Vous y trouverez aussi, les conclusions, remaniées, de l'étude de l'AFSSA (OGM et alimentation; peut-on identifier et évaluer des bénéfices pour la santé) : Comment ne montrer que les aspects les moins problématiques, voire quelques fois positifs, en ne sélectionnant que 4 cas, pour faire oublier le reste.


Hausse de 20% des cultures OGM en 2004

http://info.france2.fr/eco/, janvier 2005

Les surfaces des cultures génétiquement modifiées ont enregistré une croissance de 20% en 2004.

N.B.: pourtant, les cultures transgéniques représentent actuellement 1,4% de l'ensemble des cultures mondiales.

  Les agriculteurs utilisant des variétés transgéniques en ont cultivé environ 13 millions d'hectares de plus qu'en 2003, selon l'ISAAA.

  L'ISAAA se présente comme une organisation à but non lucratif ayant pour vocation de faciliter le partage des applications des biotechnologies agricoles. Les agriculteurs utilisant des variétés transgéniques en ont cultivé environ 13 millions d'hectares de plus qu'en 2003, selon l'ISAAA, une organisation à but non lucratif qui se présente comme ayant pour vocation de contribuer à la réduction de la pauvreté et de la faim en facilitant le partage des applications des biotechnologies agricoles avec les pays en développement.

  Environ 8,25 millions d'agriculteurs, dont 90% d'entre eux vivent dans des pays en développement, ont cultivé des plantes génétiquement modifiées en 2004, soit 1,25 million de plus qu'en 2003.
  Pour la première fois, le développement des cultures transgéniques s'est montré plus important dans les pays du Sud que dans les pays industrialisés.
   Selon le rapport de l'ISAAA, l'autorisation de deux variétés de maïs génétiquement modifié à l'importation dans l'Union européenne et les évolutions observées en Chine laissent présager une poursuite de l'augmentation des surfaces durant les dix ans à venir.

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Cécile Dumas, http://www.agrobiosciences.org, le 13 janvier 2005

  Les surfaces cultivées avec des plantes transgéniques ont augmenté de 20% dans le monde en 2004. Avec 13,3 millions d’hectares supplémentaires, les surfaces OGM atteignent 81 millions d’hectares en 2004. Il s’agit de la seconde plus forte hausse annuelle après 2003 (23% de hausse), selon l’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications), groupe de promotion des OGM dans les pays en voie de développement.

  Les Etats-Unis restent en tête de la production mondiale d’OGM avec 59% du total des surfaces de cultures transgéniques. L’Argentine se situe au second rang (20%), suivie par le Canada (6%), le Brésil (6%) et la Chine (5%). Viennent ensuite le Paraguay (2%), l’Inde et l’Afrique du sud (1% chacun).

  Pour la première fois, la croissance absolue en superficie a été enregistrée l’année dernière dans les pays en développement (7,2 millions d’hectares supplémentaires), se félicitent l’ISAAA. L’objectif affiché de cette organisation à but non lucratif est de «contribuer à la réduction de la faim et de la pauvreté en facilitant le partage des applications biotechnologies agricoles» dans les PVD. Parmi ses principaux donateurs figurent les grands fabricants de semences génétiquement modifiées comme Monsanto, Syngenta, Bayer CropScience, Cargill, Dow AgroSciences ou encore Pioneer Hi-Bred (filiale de DuPont).

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Les pays pauvres mordent à belles dents dans les biotechnologies

Annie Cloutier, Agence Science-Presse, http://www.sciencepresse.qc.ca/, le 17 janvier 2005

Pendant qu’en Europe et, dans une moindre mesure, en Amérique du Nord, on grince des dents à l’idée de croquer dans un épi de maïs transgénique, les pays en voie de développement adoptent avec enthousiasme les biotechnologies.

  En effet, selon un rapport du Service international pour l'acquisition des applications d'agro-biotechnologie (ISAA), ces pays ont cultivé de plus grandes surfaces de maïs, de soya, de colza et de coton transgéniques (7,2 millions d’hectares, un territoire comparable au Nouveau-Brunswick ) que les pays industrialisés (6,1 millions d’hectares). Une augmentation de 20% par rapport à 2003. L’Inde y est pour quelque chose, ayant augmenté de 400% ses superficies consacrées au coton.

  Plus encore, parmi les 8,25 millions de fermiers qui, dans 17 pays, ont planté des semences issues du génie génétique en 2004, 90% étaient des petits cultivateurs habitant la Chine, l’Inde, l’Argentine, le Brésil, l’Afrique du Sud ou d’autres pays qualifiés de sous-développés.

  Selon le président et fondateur de l'ISAAA, M. Clive James, les biotechnologies offrent leur plein potentiel à ces pays aux prises avec la sécheresse, la pauvreté des sols et les ravageurs. Un agriculteur philippin, Edwin Paraluman, présent à la conférence de presse, a affirmé que le maïs bt, avait permis de doubler sa production, d’augmenter ses revenus et de diminuer de moitié l’emploi de pesticides, tout en améliorant la qualité des grains. M. James prévoit que d’ici 2010, 15 millions d’agriculteurs se seront convertis aux biotechnologies. La Chine s’apprête d’ailleurs à donner le feu vert à la culture —version transgénique- de l’aliment le plus important au monde, le riz.


La commission européenne poursuit la France dans 6 dossiers liés à l'environnement

Pascal Farcy, http://www.univers-nature.com, le 12 janvier 2005

  La France accumule un retard important en matière de conformité à la législation européenne sur l'environnement. Bien que sanctionnée à plusieurs reprises par plusieurs arrêts de la Cour européenne de justice, la France fait évoluer sa législation très lentement, à l'image de la désignation des sites pour protéger les oiseaux sauvages qui accuse un retard supérieur à 20 ans.
Le discours de la commission est sans ambiguïté, estimant que '…la France nuit aux efforts déployés pour préserver la faune et la flore d'Europe et sape les actions en faveur d'une meilleure gestion des risques pour l'environnement et la santé humaine.' A ce titre, la commission européenne a décidé d'engager des poursuites judiciaires contre la France, dans le cadre de 6 dossiers : préservation de la nature, accès aux informations sur l'environnement, protection de l'eau, déchets des véhicules à moteur, organismes génétiquement modifiés et Natura 2000 (réseau européen de sites destinés à préserver la biodiversité).

(...)  Parmi les autres dossiers sensibles, citons l'absence de programmes de réduction de la pollution en cas de déversement dans l'eau de certaines substances particulièrement dangereuses et des textes insuffisants en matière d'utilisation confinée des OGM (organismes génétiquement modifiés) notamment en ce qui concerne les plans d'urgence et l'information du public sur les mesures d'urgence.

  Bien que la législation française soit en cours de modification dans différents dossiers, si la France ne respecte pas les avertissements de Bruxelles, d'ici 2 mois elle pourrait être renvoyée devant la Cour européenne de justice et s'y voir infliger, cette fois, des sanctions financières.


Russie : La viande, le soja et le pain figurent en bonne place dans la liste des aliments contenant des OGM

http://fr.rian.ru/rian, le 13 janvier 2005

MOSCOU, 13 janvier - RIA Novosti. On rencontre fréquemment les organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les aliments comme les produits carnés - 17,7%, produits panifiés, farines et semoules - 16,7%, et aliments à base de soja - 16;4%, dit le communiqué de presse du Rospotrebnadzor (Service fédéral de vigilance en matière de protection du droit des consommateurs et du bien-être humain) parvenu jeudi à RIA Novosti.

  Ces données ont été obtenues par le Rospotrebnadzor après analyse d'échantillons de produits alimentaires, dont environ 12% contenaient des
OGM. "Par ailleurs, les OGM sont plus fréquents dans les produits alimentaires importés", souligne le communiqué. Au 1er décembre 2004, 13 types de matières premières alimentaires issues du génie génétique et cinq variétés d'OGM étaient autorisés sans aucune restriction dans l'industrie agro-alimentaire. D'après le communiqué de presse, un des problèmes des aliments transgéniques est leur manque de traçabilité et l'absence de marquage. Les producteurs omettent souvent de préciser la teneur en OGM.

  Afin de renforcer le contrôle de la production d'aliments contenant des OGM, le médecin hygiéniste en chef de la Fédération de Russie, Guennadi Onichtchenko, a signé un arrêté sur le Renforcement du contrôle des produits alimentaires contenant des organismes génétiquement modifiés". L'arrêté instaure notamment le marquage obligatoire de ces produits "afin de respecter le droit des consommateurs de bénéficier d'informations exhaustives et fiables sur les technologies de fabrication des aliments". Guennadi Onichtchenko a désigné les directions territoriales du Rospotrebnadzor de Moscou, de Saint-Pétersbourg, des régions de Rostov, Nijni-Novgorod, Sverdlovsk et Novossibirsk, ainsi que du territoire de Krasnodar, en tant que centres pilotes chargés de définir la teneur en OGM des produits d'alimentation. De plus, l'hygiéniste en chef de Russie a confié à la direction du contrôle sanitaire du Rospotrebnadzor la tâche de formuler des propositions au gouvernement de la Fédération de Russie en matière de création de la Commission interministérielle pour le contrôle des applications du génie génétique.


Le Tarn, zone hors-OGM

Motion sur la culture commerciale des OGM agricoles et les essais en plein champ adoptée par le Conseil général du Tarn en décembre 2004

Constatant :
- l’autorisation en France de 8 nouveaux programmes de recherche portant sur des maïs génétiquement modifiés,
- l’inquiétude des consommateurs qui pour l’instant rejettent à 75% l’utilisation des OGM dans l’alimentation,
- l’impossibilité de mettre en œuvre des cultures de plantes OGM en plein champ sans une contamination des parcelles avoisinantes,
- le risque de multiplication des contentieux et des préjudices économiques qui peuvent en découler, notamment en l’absence de réglementation claire en matière de responsabilité de contamination et d’assurance de dommages éventuels,
- la limitation de l’usage séculaire et libre des semences par la généralisation des brevets sur le vivant,

Le Conseil Général du Tarn affirme :
- la nécessité de préserver une agriculture de qualité sur le territoire départemental, mais aussi les productions labellisées et la production apicole (culture biologique, AOC, etc.),
- l’obligation d’appliquer sur ce sujet le principe de précaution.

Rappelle :
- la prise en compte impérative des attentes des citoyens et l’amélioration du fonctionnement en instance d’expertise scientifique,
- le renforcement nécessaire des prérogatives des maires et des élus locaux,
- la maîtrise obligatoire des contaminations et la précision du régime de responsabilité et d’assurance.

  Exprime son attachement au progrès scientifique et son accord pour les essais confinés, sous réserve du respect des recommandations formulées à l’issue du débat public sur les essais OGM organisé par le Ministère en février 2002.

  En conséquence, appliquant le principe de précaution, il n’accepte pas, compte tenu de l’état actuel des connaissances, du manque patent de concertation, des incertitudes et des risques pour l’environnement et la santé publique, la culture commerciale des OGM agricoles ainsi que les essais publics et privés en plein champ


Les maires de Bax et de Montgeard comparaissaient hier devant le tribunal administratif

Sébastien Marti, La Dépêche du Midi - 5 janvier 2005

Les arrêtés anti-OGM tout près de l'annulation

  Les maires de Haute-Garonne qui ont pris des arrêtés anti-OGM ont revêtu leurs écharpes tricolores. Les maires du Plan, Pierre Zordan, de Latrape, Christine Allenou, de Mailholas, Gérard Carrère, et de Lacaugne, Françoise Dedieu-Castiès, sont venus soutenir deux d'entre eux, le maire de Bax, Philippe Bedel, et celui de Montgeard, André Roou, qui comparaissaient hier matin devant le tribunal administratif. Leurs arrêtés municipaux faisaient l'objet d'une requête en annulation déposée par la préfecture de Haute-Garonne après la suspension de celui de Bax, obtenu en septembre dernier devant la Cour d'appel de Bordeaux. Une dizaine de policiers sont de faction devant la salle d'audience. Surprise, une vieille dame les remarque et leur lance: «Qu'est-ce qu'il y a comme flics ici... Coucou les flics !» Craignaient-ils des
débordements de la part des élus et de leur poignée de supporters ? C'est pourtant avec flegme que Philippe Bedel et André Roou, défendus par l'ancienne ministre Corinne Lepage, ont écouté le commissaire du gouvernement, Mathilde Fabien, conclure à l'annulation de leurs arrêtés.
  L’affaire a été mise en délibéré et le président du tribunal, Jean-Paul Jullière, devrait rendre sa décision d'ici deux à trois semaines. La commissaire du gouvernement a notamment souligné que «pour avérés qu'ils soient, les risques généraux d'atteinte à la biodiversité et à l'agriculture biologique ou conventionnelle, seuls invoqués dans les arrêts contestés» ne peuvent être considérés «comme des circonstances locales particulières permettant au maire, dans le cadre de ses pouvoirs de police générale, d'aggraver la réglementation édictée au niveau national» . En clair, les risques de pollution des parcelles biologiques par des essais d'OGM ne constitueraient pas une atteinte à la santé publique qui justifie l'intervention du maire. Pour autant, Mathilde Fabien a noté que les autorisations ministérielles n'étaient pas délivrées «au vu d'un examen circonstancié des particularités du site», et s'est étonnée que l'Etat «s'affranchisse du respect des règles communautaires», les directives européennes étant très contraignantes pour la délivrance d'autorisations d’essais d'OGM. Enfin, elle a relevé «l'absence d'enquête sur le terrain et de consultation des autorités locales préalablement à l' autorisation de dissémination». Malgré la demande d'annulation, Me Lepage a plutôt bien accueilli les conclusions du tribunal qu'elle qualifie de «très intéressantes» même si, précise-t-elle, «la pollution génétique est pour moi une question de santé publique». «Elle reprend nos arguments», se félicite Philippe Bedel. «Même si on a le sentiment d'avoir raison, on se fait casser nos arrêtés car nos compétences ont des limites», admet André Roou.


Qu'est-ce qu'un OGM ?

6 janvier 2005- par Charlotte Cans, l'Intelligent

  Tomate à mûrissement ralenti, pommes de terre moins perméables à l'huile de friture, coton couleur blue-jean pour limiter les pollutions des teintures, soja riche en ester méthylique pour la fabrication de biocarburant économique... Les chercheurs explorent les potentialités infinies des organismes génétiquement modifiés (OGM), ces organismes (animal, végétal ou bactériologiques) dont on a modifié le code génétique par transgénèse, c'est-à-dire en ajoutant, inactivant ou remplaçant des gènes spécifiques.

  Selon le Service international pour l'acquisition des applications en biotechnologie agricole (ISAAA), les cultures génétiquement modifiées représentaient près de 68 millions d'hectares en 2003 - soit 15 % de plus qu'en 2002 - réparties dans 18 pays et concernant 7 millions de fermiers. Six pays (les États-Unis, l'Argentine, le Canada, la Chine, le Brésil et l'Afrique du Sud), quatre cultures (maïs, colza, soja et coton) ainsi que deux caractéristiques (la résistance aux insectes et la tolérance aux herbicides) représentaient à eux seuls 99 % de la superficie mondiale des cultures OGM en 2003. En Afrique, le maïs Bt et le coton Bt sont les principales cultures OGM. La résistance aux insectes est établie à partir de l'ajout d'un gène provenant d'une bactérie présente dans le sol, le Bacillus thuringiensis (Bt). Les plantes sont alors génétiquement modifiées pour produire la protéine Bt qui est toxique pour certains insectes ravageurs. Les superficies de coton Bt représentent 70 % de la surface cotonnière des États-Unis, 58 % de celle de la Chine et près de 80 % de celle d'Afrique du Sud.

  Les bénéfices des OGM sont encore soumis à caution. Si aucune étude scientifique n'a pu prouver leur dangerosité, aucune étude n'a pu démontrer leur totale innocuité. Ce qui laisse libre cours à deux discours opposés. D'un côté, les pro-OGM, qui considèrent que s'y opposer relève d'un comportement obscurantiste et que l'application stricte du principe de précaution reviendrait à arrêter toute introduction nouvelle. De l'autre, les anti-OGM, qui considèrent que l'interaction entre le gène inséré et les autres gènes de l'organisme peut produire des effets impossibles à prévoir ou à contrôler et qu'il existe un risque de contamination des cultures non-OGM par des pollens OGM (ce qui pose, entre autres, la question de la responsabilité et de la réparation des dommages causés). Pour le chercheur français Jacques Pagès, une chose est sûre : on ne peut pas dire « les OGM », mais « tel OGM utilisé dans telle condition ». Mais, surtout, « on veut aller trop vite alors que les informations que nous possédons sur les OGM sont encore partielles. Il faut se donner du temps. »


Les Zoulous adoptent les OGM et ils savent pourquoi

décembre 2004, J.Janin, AgriHebdo

  Une confrontation sociologiquement des plus intéressantes a en lieu, sous l'égide de Monsanto, sur le plateau de Makhathini, près du village de Jozzini, dans le KwaZuluNatal, au sujet de l'utilisation de semences de coton OGM de la variété Bollgard.

Micro-exploitations
  D'abord le cadre: une salle d'école toute simple avec deux rangées de chaises.
  A gauche, quelques dizaines de femmes, à droite autant d'hommes, séparés les unes des autres comme dans nos églises, il y a cinquante ans. Dans cette contrée, les deux tiers de la population connaissent le chômage. Les exploitations sont très petites: 1 à 3 ha de maïs, haricots et autres légumes, fruits pour la subsistance. A raison de 90%, ce sont les femmes qui se vouent à la culture des champs.
Mais ce sont les hommes qui répondent à nos questions. Une unique femme s'exprimera après avoir été personnellement interpellée.
Depuis la construction d'un barrage de retenue à proximité, de grandes surfaces sont devenues irrigables, d'où la possibilité de cultiver du coton. Aujourd'hui, cette culture occupe une surface de l'ordre de 6000 à 10 000 ha suivant les années et procure un revenu à quelque 4500 agriculteurs. Cette culture a été introduite il y a une dizaine d'années, avec des variétés conventionnelles.

le coton BT est plébiscité

Voici cinq ans, Monsanto a proposé aux cultivateurs qui le voulaient de substituer sa semence OGM aux variétés traditionnelles. Le coton Bt a la propriété de contenir un gène sécrétant une protéine toxique pour différentes sortes de chenilles susceptibles de réduire le rendement de 50 à 90% et dont la lutte exige six à dix pulvérisation d'insecticides par saison. Le transfert s'effectue progressivement: 75 producteurs pour 200 ha la première année, 410 cultivateurs pour 800 ha, l'année suivante sur un total de 6'000 ha, 650 exploitants pour 1250 ha aux dernières nouvelles.
Pourquoi êtes-vous passés au coton OGM, quels avantages en retirez-vous ?
«Au lieu de six à dix traitements par saison, deux au maximum suffisent dorénavant. Comme nos champs sont souvent éloignés de notre habitation et que nos instruments sont rudimentaires, plusieurs passages dans nos cultures représentent des kilomètres et beaucoup d'heures de travail pénible.
Le coût un peu plus élevé de la semence OGM est largement compensé par l'économie sur les insecticides et un rendement physique et économique de la nouvelle variété supérieur de 25 à 30%. Il n'est pas négligeable, non plus, de réduire la manipulation d'un produit chimique dangereux pour l'utilisateur et les enfants dans des conditions où le même récipient sert souvent également au transport de l'eau potable.»
Ne craignez-vous pas la complète dépendance d'une multinationale capitaliste et n'êtes-vous pas au courant de la résistance aux OGM des consommateurs européens et des inconnues que les OGM font planer sur l'environnement ?
Vos préoccupations sont celles d'une société jouissant d'un bon niveau de vie. Pour nous, il s'agit d'une question de vie ou de mort dans l'immédiat. L'économie de frais de production, la réduction de la pénibilité du travail, la suppression de dangers pour la santé, et surtout l'amélioration de notre revenu sont des avantages primordiaux que nous expérimentons, sans obligation, depuis 1998.
Dans nos conditions, dépendre d'un seul fournisseur de semences, voire d'un seul acheteur de coton, c'est déjà mieux que de n'en point avoir!
Et, pour conclure, le président du groupement local des cultivateurs de relever, non sans ironie: «Nous, les Zoulous, qui passons pour des arriérés, avons de la peine à comprendre la résistance que les Blancs des pays développés, réputés rationnels et progressistes, opposent aux OGM».
Les plus fétichistes des sociétés ne sont pas celles que l'on pense.


Commentaire de François d'Hyères-les-palmiers :

Voilà une démonstration qui tend à présenter les anti OGM comme des rétrogrades fétichistes face à des Zoulous ouverts à la modernité. Pourtant, voir :
- la situation locale (effet ou non de la production de l'herbicide par la plante)
- les conséquences à long terme sur les sols
- la dépendance économique de ces agriculteurs (monoculture et dépendance alimentaire)

Il ne suffit pas de dire que c'est une question de vie et de mort à court-terme. Y a-t-il d'autres solutions ?
Cette solution ne fait-elle pas que reporter le problème dans le temps ?


Attaque contre le privilège des agriculteurs

Seedling, GRAIN, paru en juillet 2003

Les droits de propriété intellectuelle appliqués aux semences donnent aux sélectionneurs ou à quiconque déclare avoir découvert ou développé une nouvelle variété végétale, un droit de monopole exclusif sur la semence. Avec la loi sur les brevets, ce droit de monopole est très puissant. De façon générale, il empêchera quiconque d'utiliser, de vendre ou de produire des semences sans la permission du détenteur du brevet. Dans un régime classique de protection des variétés végétales sui generis - un système de droit de propriété intellectuelle destiné en particulier aux variétés végétales - quelques exceptions à ce droit très puissant sont généralement prévues. L'une de ces exceptions autorise les agriculteurs à conserver, échanger, vendre ou réutiliser une partie de leur récolte comme nouveau lot de semences. La possibilité légale de réutiliser des semences protégées par un droit de propriété intellectuelle est appelée « privilège des agriculteurs ». Ce terme est extrêmement mal approprié. Conserver des semences est aussi naturel et essentiel que manger - c'est grâce à ça que nous sommes capables de produire des plantes cultivées. Sous la loi de protection des variétés végétales, cet acte tout à fait ordinaire devient un privilège, une exception légale. On accorde des droits aux sélectionneurs, alors qu'on autorise les agriculteurs à faire quelque chose en fonction de ce droit - et seulement sous certaines conditions. Si vous ne respectez pas ces conditions, vous violerez les droits des sélectionneurs, et vous aurez à en payer les conséquences économiques et juridiques.

Supprimer la concurrence

La question des privilèges des agriculteurs est un sujet brûlant car l'industrie des semences veut avoir le contrôle sur ceux qui produisent des semences - et contrôler le marché. Les ventes de semences au niveau mondial qui se montent actuellement à 30 millions de dollars devraient bientôt atteindre les 90 millions. Mais une part importante de l'alimentation mondiale repose sur les semences conservées à la ferme - jusqu'à 90% en Afrique sub-saharienne et 70% en Inde. Même dans les pays industrialisés, les agriculteurs conservent eux aussi les semences plutôt que d'en racheter, si cela les arrange, et s'ils le peuvent. Il y a là encore un marché considérable à saisir pour l'industrie.

C'est aussi un sujet brûlant parce que l'industrie des semences travaille ardûment à obtenir des systèmes légaux qui limitent la conservation des semences par les agriculteurs, que ce soit par le biais de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les accords bilatéraux de commerce ou par les gouvernements eux-mêmes. La protection des variétés végétales ou la législation des droits des sélectionneurs de plantes sont faites pour ôter aux agriculteurs le pouvoir de produire et de reproduire des semences. Et ces lois gagnent du terrain. Les gouvernements cédant aux pressions déclarent souvent : « Ne vous inquiétez pas, nous protègerons les droits des agriculteurs à tous prix ! ». Ils jurent que rien n'empêchera les agriculteurs de poursuivre leurs pratiques « traditionnelles » et « ancestrales » de conserver, échanger et continuer à développer des semences. Ils inscrivent alors ce « privilège des agriculteurs » dans leur loi. Cependant, il s'avère que le privilège des agriculteurs est un « oui, mais » légal à la conservation des semences - avec un « mais » qui prend de plus en plus d'importance chaque jour. Les pays qui, les uns après les autres, ont instauré une loi de protection des variétés végétale, ont progressivement limité de plus en plus les exceptions faites aux agriculteurs. Au point que ça n'a plus aucun sens. Pourquoi ? Parce que les sélectionneurs continuent de demander des droits de plus en plus forts. Réduire les possibilités légales permettant aux agriculteurs de conserver des semences est la manière la plus simple de donner plus de pouvoir aux sélectionneurs. Les limitations du privilège des agriculteurs dans la loi de protection des variétés végétales prennent plusieurs formes, souvent combinées entre elles :

• Les agriculteurs ont interdiction de conserver des semences de certaines plantes cultivées;

• Seulement certains agriculteurs (par exemple ceux qui ont une ferme d'une certaine taille ou un certain niveau de revenus) peuvent jouir de ce privilège;

• Les agriculteurs doivent payer des redevances supplémentaires au sélectionneur pour tout semence qu'ils conservent à la ferme;

• Les agriculteurs peuvent conserver des semences, mais non les échanger (ils peuvent seulement les cultiver sur leur propre ferme);

• Les agriculteurs peuvent conserver et échanger des semences mais ils ne peuvent pas les vendre;

• Les agriculteurs peuvent conserver, échanger et vendre des semences, mais seulement si ils n'utilisent pas le nom de la variété.

De plus, les gouvernements expliquent de plus en plus aux agriculteurs que, bénéficiant de ce privilège, ils doivent rendre des comptes aux sélectionneurs concernant les semences qu'ils ont conservées. Cela pour mieux imposer les limitations. Les gouvernements débattent aussi pour savoir s'il faut laisser l'industrie des semences contourner le privilège des agriculteurs à travers les contrats de vente - en d'autres termes, permettre aux compagnies d'imposer des restrictions spécifiques concernant la conservation des semences, imprimées sur les sacs, quelque soit ce que dit la loi de protection des variétés végétales. Quel est l'objectif de toute cette pression sur les agriculteurs ? « Financer la recherche ! », déclare l'industrie. Ce n'est pas tout à fait ça. C'est pour contrôler le marché, la concurrence, point final.

Un contrat injuste qui vire à la malhonnêteté

Cela semble être une parfaite injustice et s'en est une. Elle est tout à fait réelle et il est important de ne pas se laisser duper par les promesses mirobolantes de défense des droits des agriculteurs par les lois sui generis de protection des variétés végétales. L'OMC a récemment publié une mise à jour des pays où sont appliqués les accords sur les ADPIC, incluant la question du privilège des agriculteurs. Pour avoir un compte-rendu pays par pays tiré de ce rapport ainsi que de plusieurs autres sources gouvernementales, vous pouvez consulter le site de GRAIN à grain (en anglais).

Le résultat donne à réfléchir, et ce n'est pas peu dire. Pays après pays, le droit ancestral et soi-disant intouchable des agriculteurs à conserver et à réutiliser leurs semences est attaqué. Mais l'histoire ne s'arrête pas là - ce n'est que le point de départ. Les droits de propriété intellectuelle des sélectionneurs de plantes, une fois adoptés, sont toujours renforcés aux dépends des agriculteurs. C'est ainsi que les lois de protection des variétés végétales et leur imposition à quasiment tous les pays par l'intermédiaire de l'OMC servent vraiment de tremplin vers l'acceptation de brevets industriels à part entière sur toutes les formes de vie.


Naissance du premier veau mâle transgénique au monde

Le mercredi 22 décembre 2004, Argentine (Agence France-Presse, Buenos Aires)

Un laboratoire privé argentin a procédé en Argentine à la naissance du premier veau transgénique au monde, a-t-on appris mercredi auprès de la société.
Confirmant une information donnée par le quotidien argentin Clarin, un responsable du laboratoire Biosidus a expliqué que le taurillon, né le 7 décembre et surnommé «Pampero», était le produit du croisement entre une vache clonée et un taureau reproducteur.

  Selon le laboratoire, comme sa génitrice possède dans son ADN une hormone de croissance humaine, cela pourrait permettre de produire des hormones de croissance à partir de lait de vaches génétiquement modifiées.

  «Avec la production d'hormones qui peut être obtenue du lait d'une seule vache il est possible de satisfaire la demande du pays», a expliqué au journal Clarin Marcelo Criscuolo, directeur de Biosidus, soulignant que l'Argentine compte 1500 enfants qui connaissent des problèmes de croissance.

  «Avec le sperme d'une seule éjaculation de Pampero, nous pourrons féconder quelque 300 vaches», dont la moitié seront transgéniques, et qui pourront fabriquer des hormones de croissance en donnant du lait, a-t-il ajouté, soulignant que le faire en laboratoire «demanderait des années». Le laboratoire a investi 7 millions de dollars dans ce projet.

Commentaire de Jacques Testart :

il faut signaler 2 entourloupes (au moins...) dans cette info :
- il y a longtemps qu'on sait fabriquer des veaux transgéniques (mâles ou femelles, c'est pareil)
- il y a aussi longtemps qu'on prétend extraire diverses substances thérapeutiques ou industrielles du lait de mammifèresGM, surtout chèvre (soie d'araignée), lapine (facteur de coagulation) ou brebis (hormone de croissance). Le problème est que la production de ces substances n'a jamais été suffisante pour intéresser l'industrie...
Ce qui serait nouveau ici (mais c'est loin d'être certain ! Voir les travaux de JP Renard à l'INRA), c'est qu'on a cloné une vache transgénique plutôt qu'une vache ordinaire...Cela ne devrait pas augmenter la quantité d'hormone de croissance par les vaches ainsi générées...Cela ne devrait pas non plus éviter les handicaps inexpliqués de ces animauxGM (en particulier diabète...).


Ni oui ni non pour le colza transgénique

Le Soir, 24 décembre 2004

Les ministres de l'Environnement de l'Union européenne n'ont pas dégagé de majorité qualifiée lundi pour approuver ou rejeter l'importation et la transformation dans l'UE du colza transgénique GT 73, produit par le géant américain des biotechnologies Monsanto, selon des sources européennes.

Ce sera donc à la Commission européenne de trancher, très probablement positivement puisque le GT 73 avait reçu en mars un avis favorable de l'Agence européenne de sécurité des aliments (AESA). La Slovaquie, la Suède, la France, le Portugal, la Finlande et les Pays-Bas ont voté pour, le Royaume-Uni, l'Irlande, la Slovénie, l'Allemagne, la République tchèque et l'Espagne se sont abstenus tandis que l'Italie, la Grèce, le Danemark, la Pologne, Malte, la Belgique, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, Chypre, l'Autriche, l'Estonie et le Luxembourg ont voté contre.
Les experts de l'AESA avaient à l'époque conclu qu'il était «aussi sûr que le colza conventionnel» et n'était «pas susceptible de provoquer des effets indésirables sur la santé humaine ou animale, ou dans le contexte de son utilisation envisagée, sur l'environnement». Le colza GT 73 a été modifié génétiquement par Monsanto afin d'être tolérant à l'herbicide glyphosate, également appelé «Roundup» et lui aussi développé par le groupe américain.
La demande d'autorisation de Monsanto vise l'importation dans l'UE et la transformation du produit pour l'alimentation animale, et non la culture de colza sur le sol européen.
(D'après AFP)
Les ministres de l'Environnement de l'Union européenne n'ont pas dégagé de majorité qualifiée lundi pour approuver ou rejeter l'importation et la transformation dans l'UE du colza transgénique GT 73, produit par le géant américain des biotechnologies Monsanto, selon des sources européennes.
Ce sera donc à la Commission européenne de trancher, très probablement positivement puisque le GT 73 avait reçu en mars un avis favorable de l'Agence européenne de sécurité des aliments (AESA). La Slovaquie, la Suède, la France, le Portugal, la Finlande et les Pays-Bas ont voté pour, le Royaume-Uni, l'Irlande, la Slovénie, l'Allemagne, la République tchèque et l'Espagne se sont abstenus tandis que l'Italie, la Grèce, le Danemark, la Pologne, Malte, la Belgique, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, Chypre, l'Autriche, l'Estonie et le Luxembourg ont voté contre.
Les experts de l'AESA avaient à l'époque conclu qu'il était «aussi sûr que le colza conventionnel» et n'était «pas susceptible de provoquer des effets indésirables sur la santé humaine ou animale, ou dans le contexte de son utilisation envisagée, sur l'environnement». Le colza GT 73 a été modifié génétiquement par Monsanto afin d'être tolérant à l'herbicide glyphosate, également appelé «Roundup» et lui aussi développé par le groupe américain.
La demande d'autorisation de Monsanto vise l'importation dans l'UE et la transformation du produit pour l'alimentation animale, et non la culture de colza sur le sol européen.


OGM contestés aux USA

www.washingtonpost.com

La fronde paysanne contre les OGM prend une nouvelle ampleur aux Etats-Unis et se révolte face aux dernières nouveautés de Monsanto.

  Selon le Washington Post du 22/04/03, le mouvement des fermiers contre les semences génétiquement modifiées est en pleine expansion.

  La contestation, née au départ de la perte des marchés d'exportation européens, où les OGM sont interdits, a pris une ampleur nouvelle suite au congrès des associations de fermiers des grandes plaines du nord ouest, où un véritable mouvement de rebellion menace la firme Monsanto.

  Celle-ci est créatrice du dernier bijou génetiquement modifié, le "Ready round up wheat", une forme d'avoine résistante à l'Herbicide "Round up" (de Monsanto), accusé d'avoir détruit ou sterilisé les semences "non Monsanto" ou "non modifiées génetiquement".

  La contestation, d'abord en réaction contre les experiences Frankensteinienne de Monsanto, a ensuite gagné le terrain de la santé publique, les fermiers rappelant qu'aucune étude scientifique crédible n'était venu démontrer l'inocuité sur le long terme, des organismes modifiés.


COLZA OGM : Le gouvernement français osera-t-il trahir les consommateurs ?

17 décembre 2004, Greenpeace

Le 20 décembre prochain, les Ministres européens de l'Environnement vont devoir voter au sujet de l'autorisation d'importation et de transformation du colza génétiquement modifié GT73 de Monsanto, tolérant à l'herbicide glyphosate, ou Roundup, produit par la même société. Greenpeace dénonce avec force l'évaluation superficielle des risques qui a été réalisée sur cet OGM.

Des études d'alimentarité menées sur des rats et des poissons ont montré des différences entre les animaux nourris au GT73 et au colza conventionnel. Les plants de colza OGM contiennent une concentration plus importante d'un composé (le glucosinolate) que leurs équivalents non OGM. Ce composé est considéré anti-nutritionnel (c'est-à-dire qu'il peut inhiber l'absorption des nutriments dans l'alimentation) et cela a été cité comme une raison possible au poids plus important des foies des rats nourris avec le colza OGM. Cependant au lieu de poursuivre les analyses scientifiques, la société Monsanto a tout simplement changé les protocoles d'expérimentation - utilisant une gamme plus étendue de colza non transgénique afin que des différences significatives ne puissent plus être observées. Ceci est tout à fait contraire à un protocole scientifique normal.

"Ce cas montre clairement que les normes de sécurité des compagnies comme Monsanto sont vraiment très basses et qu'elles cherchent à tout prix à introduire leurs produits sur le marché. Ce colza OGM ne peut absolument pas être qualifié de "sûr", les analyses réalisées étant notoirement insuffisantes. Ce serait récompenser une compagnie qui se moque des atteintes à l'environnement que d'autoriser ce produit" a déclaré Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM à Greenpeace France.

Alors que la majorité des Etats-membres de l'UE ont déjà voté contre l'autorisation de mise sur le marché de cet OGM en juin dernier, le gouvernement français a voté en faveur de celle-ci, en complète contradiction avec le moratoire national sur la culture du colza OGM qu'il a mis en place. C'est pour cette raison que la majorité qualifiée qui aurait permis le rejet de cette autorisation n'a pas pu être obtenue. Si le vote du 20 décembre prochain donne le même résultat, la Commission européenne pourra autoriser le colza OGM GT73, même si la majorité des Etats-Membres est contre. La Grande-Bretagne, l'Autriche et Chypre ont expressément fait valoir en juin dernier que des études concernant les propriétés allergènes de cet OGM, ainsi que les conséquences de possibles déversements dans l'environnement de ces semences importées n'avaient pas été menées.

"De ne pas porter une attention particulière aux risques de déversements de graines de colza OGM GT73 et aux conséquences négatives qu'ils pourraient représenter sur l'environnement est totalement irresponsable. Du colza OGM pourrait très facilement se disséminer en Europe, affecter la biodiversité et mener à des problèmes agronomiques et des coûts supplémentaires pour les agriculteurs" a déclaré Arnaud Apoteker.

La contamination par du colza transgéniques est une cause d'inquiétude majeure en Europe car il peut très facilement se croiser avec des variétés sauvages apparentées, comme le navet sauvage. Des déversements accidentels de graines de colza OGM sont probables, comme on l'a vu au Japon, et conduiront à l'apparition de populations sauvages de colza OGM, tolérantes à l'herbicide de Monsanto.

Dans ce contexte, Greenpeace est également très critique des conclusions de l'Agence Européenne de Sécurité des Aliments (AESA) sur l'absence de risque à placer le colza OGM GT73 sur le marché, sans même exiger d'études complémentaires. Pour Greenpeace, l'AESA a été jusqu'à présent incapable de conduire une évaluation des risques transparente et concluante concernant les OGM. Le fait que les experts nationaux soient également impliqués au sein du panel OGM de l'AESA n'est certainement pas étranger à ce phénomène.


Autorisation des OGMs : une réelle démarche scientifique ?

Christophe Noisette (www.infogm.org)
mercredi 15 décembre 2004, par Coordination ATF

La Commission du Génie Bio-moléculaire (CGB) a tenue une conférence de presse Mardi 14 dans le but de montrer sa volonté de communiquer et surtout afin d'éclaircir le processus suivi lors de l'étude de l'autorisation du maïs MON 863, soumise par la firme Monsanto.

Le cas du MON 863 avait fait grand bruit à cause de résultats expérimentaux qui avaient soulevé de nombreuses interrogations au sein même de la CGB. Ainsi Gérard Pascal, directeur de recherche à l'INRA, avait réfuté le fait que les variations observées, dans le cadre de l'étude de nourrissage des rats avec le MON 863, puissent être dues uniquement à une variabilité naturelle. Selon Gérard Pascal, il lui avait été rarement donné d'observer autant d'anomalies dans des résultats expérimentaux. Paradoxalement la CGB a donné un avis favorable au MON 863 expliquant, en partie, le vote favorable de la France lors la réunion du comité régulateur du 29 Novembre [1].

Afin d'expliquer ce changement d'opinion, la CGB à indiqué que dans le cadre de la procédure d'analyse, la CGB a requit des informations supplémentaires à la firme Monsanto. Informations qui ont permis à la CGB de juger que les variations, qui étaient initialement considérées comme anormales, rentraient bien dans le cadre de variations naturelles.

Il est intéressant de ce pencher sur un élément expérimental ayant amené à cette conclusion. La CGB a demandéà Monsanto de lui fournir de nouveaux résultats concernant le nourrissage de rat au maïs MON 863 afin d'étudier plus en avant la variation du poids des reins chez les animaux nourris aux OGM. Monsanto a bien répondu à cette requête en fournissant des résultats issus d'études de nourrissage avec des maïs HIBRYDES ; MON 863 x NK 603 et MON863xNK603xMON810 [2] et non pas avec
du MON863 uniquement. On peut donc légitiment s'interroger sur cette démarche, en effet un protocole expérimental doit normalement être reproduit à l'identique (en intégrant les variations du à la manipulation et à l'instrumentation) afin de fournir des résultats comparable ! A cette remarque le président de la CGB a répondu que si aucun effet n'est observé avec ces hybrides aucun effet ne doit être attendu avec MON 863 seul ! ! Etrange démarche scientifique d'autant plus que dans le rapport 2003 de la CGB , le professeur Marc FELLOUS indique clairement : « Si des différences significatives lors de tests réalisés sur les OGM sont observées, plutôt que de continuer dans le temps ces test, la nouvelle directive demande à juste titre de répéter les tests de tolérance alimentaire avec des lots différents du même OGM afin de prendre en compte de la variabilité naturelle observée….. »

L'élément le plus inquiétant est le suivant et il concerne l'ensemble des événements (manipulations génétique) soumis à autorisation.
Lorsqu'un événement est soumis à autorisation, l'analyse de la CGB concerne uniquement la manipulation génétique, par exemple MON 863, sur un type de maïs donné. Par conséquent si autorisation il y a, elle se base exclusivement sur les résultats obtenus avec ce maïs et pourtant la manipulation peut être utilisée dans d'autres variétés de maïs sans autre forme d'autorisation. C'est là que le bas blesse ! comment peut on assurer l'innocuité d'une mutation sur une variété de maïs alors qu'elle à été testée sur une variété différente ? ? ? ? A cette question fondamentale Marc FELLOUS et Antoine MESSEAN (Président et Vice Président de la CBG) répondent qu'effectivement la CGB ne garantit pas les résultats dans des variétés différentes et que par conséquent des mesure de bio-vigilances sont nécessaires pour assurer le suivi une fois les variétés trans-géniques mises sur le marché.

Qui va imposer ces mesures ? qui va contrôler les variétés trans-géniques une fois autorisées, cultivées et commercialisées ? A ces questions aucune réponse excepté que la CGB n'a pas la compétence pour mettre en place un telle cadre de bio-vigilance. Comme la directive Européenne 2001/18 ne comprend aucun élément coercitif pour la mise en place de telles mesures on peut légitimement penser que cela ne restera qu'un vœu pieux.

[1] Le 29 Novembre la commission a appelé au vote du comité régulateur en ce qui concerne l'autorisation du MON 863. Ce vote n'a pas obtenu la majorité qualifié, mais la France s'est distinguée par son vote favorable. Voir communiqué de presse du Jeudi 2 décembre 2004 « La Schizophrénie OGM de la France » :www.amisdelaterre.org/article.php3 ?id_article=1218

[2] Les variétés hybrides comprennent plusieurs événements (gènes mutés) leur conférant ainsi de multiples caractéristiques ; par exemple résistance à un insecte et en même temps à un herbicide.


Venezuela : les multinationales ouvrent la voie à la culture des transgéniques

Claudia Jardim , 15 décembre 2004 (article en espagnol)

http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=1208

Etat de Portuguesa, Venezuela. Désinformation, manque de surveillance et bonne propagande, tels sont les éléments qui ont favorisé les multinationales productrices de semences génétiquement modifiées pour préparer le terrain de la production de transgéniques au Venezuela. Les producteurs assurent que des expériences avec du maïs transgénique ont déjà eu lieu. La campagne vénézuélienne est toujours menacée par les intérêts des industries productrices de semences génétiquement modifiées.
   En avril de cette année, alerté par un dirigeant brésilien du mouvement Vía Campesina sur les projets de la multinationale Monsanto de cultiver du soja transgénique dans le pays, le président de la République, Hugo Chávez, a interdit l’utilisation de transgéniques dans la production agricole. La déclaration du président a été applaudie par les mouvements sociaux et paysans de tout le continent qui luttent contre la domination des multinationales dans l’agriculture. [1]
Cependant, en dehors du discours du président, rien n’a été fait. Aucune loi ni aucun décret n’a été étudié afin d’interdire ou de réglementer l’utilisation des transgéniques dans le pays. Comme cela s’est passé au Brésil sous le gouvernement de Cardoso. Quand la plantation illégale dans les champs de l’état du Río Grande do Sul a commencé, le ministère de l’agriculture et des terres (MAT) n’a pas surveillé la production ni l’entrée de semences en provenance des Etats-Unis et d’Argentine (respectivement les premier et deuxième producteurs mondiaux de transgéniques).
   Le président de l’Institut national d’investigation agricole (INIA), Prudencio Chacón, affirme que 70% des semences vénézuéliennes sont importées et admet qu’il n’existe pas de contrôle douanier pour l’entrée des semences. « Il est probable que, comme dans d’autres pays, les semences entrent en contrebande, mais nous n’avons aucun contrôle » dit-il.
   Le manque d’équipements capables de détecter les transgéniques est un des facteurs qui empêchent cette surveillance. « Nous n’avons pas d’équipement. Pour avoir des preuves, nous devrions engager une entreprise privée et cela revient très cher », affirme Jesús Ramos Oropeza, directeur général du Bureau national de la biodiversité biologique du ministère de l’environnement.
Oropeza, qui fait partie de la commission qui discute du projet de loi sur les biotechnologies, dit que des débats ont lieu afin d’évaluer les conséquences des organismes génétiquement modifiés (OGMs) sur l’agriculture avant qu’un cadre légal soit décidé. Pendant que l’on attend l’élaboration d’une loi, l’Etat se base sur le principe de précaution prévu dans le protocole de Carthagène dont le Venezuela est signataire. « Nous ne savons pas encore si cela est bon ou mauvais. Ce qui est sûr, c’est que les transgéniques vont à l’encontre de la logique du gouvernement parce qu’ils génèrent une dépendance » assure-t-il.
Pendant que le cadre légal est débattu, les multinationales Cargill, Monsanto et Pioneer -trois des cinq entreprises qui contrôlent le marché mondial de semences- et qui contrôlent le marché vénézuélien de la vente de semences hybrides (stériles), sont toujours plus présentes dans le pays. La Dekalb, une des représentantes de Monsanto, sponsorise l’équipe junior de base-ball : les « Criollitos ». En Argentine, la Deklab produit du maïs transgénique.
En accord avec le président de l’Association des producteurs ruraux de Portuguesa (Asoportuguesa), les multinationales cultivent déjà des semences génétiquement modifiées. « Les transgéniques existent déjà, ils sont expérimentés dans une grande discrétion » affirme Juan Palacios. « Tant les vendeurs que les agriculteurs disent que Monsanto expérimente déjà du maïs transgénique » répète l’agronome de l’association, Orlando Villegas.
Les représentants du gouvernement comme les producteurs n’écartent pas la possibilité qu’il existe des plantations illégales dans le pays. « La seule garantie que nous ayons que les semences ne soient pas transgéniques est la parole de l’entreprise. Certifier les semences rend l’importation encore plus coûteuse » déclare Jorge Alvarado, dirigeant général de Fedeagro.
Selon la loi sur les semences, toutes les demandes d’expérimentation avec des transgéniques doivent être déposées au ministère de l’environnement (MMA, sigles en espagnol) qui doit certifier l’innocuité biologique de l’expérimentation. Le représentant du MMA, Jesús Ramos Oropeza, assure qu’aucune demande pour la réalisation d’expériences n’a été déposée au ministère. « Personne n’a demandé d’autorisation, mais comme nous n’avons pas de système de surveillance, personne ne peut affirmer qu’il n’en existe pas » dit-il.
Lors de la réalisation de ce reportage, nous avons tenté de consulter Monsanto pour que l’entreprise commente ces affirmations mais nous avons été informés par son porte-parole que Monsanto n’était pas présente dans le pays.
Ceci n’est pas la première dénonciation de soupçons surl’existence de cultures illégales de transgéniques dans le pays. Des enquêteurs de la Red de Acción y Alternativas al Uso de Agrotóxicos en Venezuela (Rapalve) soupçonnent que le « Projet Coton », créé récemment par le ministère de l’agriculture et des terres, suppose l’utilisation de semences transgéniques de Monsanto, qui aurait donc déjà commencé des expérimentations dans les campagnes du pays.
Une campagne dans les campagnes
La stratégie utilisée dans des pays comme l’Argentine, le Brésil et la Colombie pour convaincre les agriculteurs d’adopter des transgéniques a aussi été un succès au Venezuela. Dans l’état de Portuguesa, un des plus grands producteurs de maïs du pays (base du régime alimentaire de la population) et une grande partie des producteurs sont convaincus des supposés bienfaits des organismes génétiquement modifiés (OGM). « Nous sommes biologistes, mais l’information que nous avons en provenance d’autres pays, c’est que nous pouvons baisser les coûts de production. Nous sommes prêts à essayer » affirme Juan Palacios. Le président de Asoportuguesa, qui dit suivre de près les discussions sur les transgéniques dans le pays, appuie la libération de la culture de semences génétiquement modifiées. « Les entreprises étrangères disposent d’une technologie plus avancée et dominent la production mondiale de maïs. Nous ne pouvons pas arrêter cette technologie » soutient-il.
Pour le gérant général de la Confédération nationale des associations de producteurs agricoles (Fedeagro), un autre facteur en faveur de cette culture serait la réduction des coûts de production. « Nous sommes pour parce que l’environnement est fort dégradé par l’usage des agro-toxiques. Avec les transgéniques nous pourrions réduire l’usage d’herbicides et augmenter la production » affirme Alvarado.
Au contraire de ce qu’affirment les producteurs vénézuéliens, l’histoire de l’Argentine voisine qui a servi de laboratoire aux OGM en Amérique latine, révèle que la productivité et l’économie ne font pas partie de l’équation de la culture des transgéniques. La capacité de production du pays se réduit à chaque nouvelle récolte.
C’est la même chose en ce qui concerne l’usage des herbicides puisque l’on doit maintenant en utiliser de plus grandes quantités qu’au début dans le cas du soja et du maïs transgéniques. Ces deux facteurs ont entraîné plus de frais et une plus grande pollution des eaux (des nappes phréatiques) et des sols, qui perdent en fertilité.
Les spécialistes comparent le gliphosate, base de l’herbicide utilisé dans la culture des transgéniques, au célèbre agent orange, puissant herbicide utilisé par les Etats-unis pendant la guerre du Vietnam et responsable de la mort de milliers de personnes et de malformations physiques. En Colombie, la version de l’agent orange commercialisée par Monsanto est le Roundup Ultra, utilisé pour les fumigations des plantations de coca et par lesquelles des milliers de paysans sont contaminés.
Contradiction
En dépit du fait que le gouvernement de Chávez défend une position claire contre le monopole des multinationales dans différents secteurs de l’économie, et particulièrement en ce qui concerne l’alimentation, les actions menées par le ministère de l’agriculture vont à contre courant de la logique de la Révolution bolivarienne. En accord avec Asoportuguesa, 98% des semences de maïs importées dans le pays sont hybrides et 70 % de celles-ci proviennent d’entreprises étrangères. Ce qui signifie que la majorité des producteurs ont déjà accès aux semences contrôlées par les multinationales.
C’est une des raisons qui pourrait pousser Orlando Nardini, producteur, à cultiver des transgéniques. Nardini raconte qu’il a été convaincu des avantages des transgéniques quand il s’est rendu au Brésil pour acheter du matériel agricole. « Il m’ont emmené voir une hacienda à No Me Toque (état du Río Grande do Sul) de Monsanto et cela m’a plu ».
Ce qu’ils n’ont pas raconté à Nardini c’est que, en plus de devoir acheter les semences, les agriculteurs doivent aussi payer des droits pour l’utilisation de la technologie développée par la multinationale comme cela est arrivé aux producteurs brésiliens qui avaient planté illégalement du soja transgénique dans le Río Grande do Sul. Monsanto, qui a obtenu le brevet mondial de soja transgénique à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), fera payer aux agriculteurs brésiliens près de 0,40 dollars US par sac.
Le président de l’INIA, Prudencio Chacón, qui considère que l’aspect économique est un des plus préoccupants dans l’adoption des transgéniques, admet les erreurs du gouvernement sur ces aspects et considère qu’il n’est pas possible d’exiger des agriculteurs qu’ils produisent des variétés de semences si l’état ne leur offre pas d’alternatives. « Nous ne pourrons pas nous battre avec les multinationales si nous ne garantissons pas l’accès des producteurs aux semences » affirme-t-il.
Souveraineté alimentaire et agro-business
Le contrôle des multinationales sur la production de semences dans le monde va de pair avec le modèle agro-industriel de production. Les entreprises productrices de semences ne sont pas intéressées par la culture sur de petites parcelles. Il faut une grande production mécanisée pour que la production soit rentable pour les industries qui font des bénéfices sur les ventes liées aux semences et aux herbicides.
Ce modèle défendu par l’agro-industrie des transgéniques comme une des alternatives pour en finir avec la faim dans le monde a été responsable de l’expulsion de milliers d’agriculteurs qui se voient obliger de quitter les campagnes que ce soit par l’émergence d’un conflit pour la possession de la terre (à cause de l’expansion violente des grandes propriétés fortement mécanisées) ou par manque de conditions de production. En Argentine, on estime qu’au moins 300.000 petits producteurs ont été expulsés de leurs terres et font partie aujourd’hui des poches de misère que l’on trouve dans tout le pays.
La menace sur la biodiversité est une autre conséquence de l’adoption de semences génétiquement modifiées. La production de maïs transgénique dans les campagnes mexicaines a eu pour conséquence l’élimination de pratiquement la totalité des semences créoles, originaires du pays. Le risque de contamination avec le maïs est assez élevé parce qu’il s’agit d’une semence 100 % pollinisable : le pollen est transporté par le vent sur de longues distances, provoquant la contamination des cultures conventionnelles.
« La réduction de la diversité génétique signifie une limitation des possibilités d’un régime alimentaire riche et varié. Cela menace la production alimentaire, l’augmentation des revenus, la capacité à surmonter les obstacles environnementaux et l’organisation des écosystèmes » affime l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) dans son dernier rapport sur la sécurité alimentaire.
Au Venezuela, même si le président Chávez défend la conquête de la souveraineté alimentaire et le développement de la petite agriculture, dans la pratique les choses sont différentes. Le directeur général du Bureau national de la diversité biologique du ministère de l’environnement, Jesús Ramos Oropeza, affirme que le peu de pratique d’un modèle agricole durable a contribué à la réduction de la biodiversité dans le pays. « Même sans avoir utiliser les transgéniques, nous avons réduit la diversité des semences à cause de pratiques agricoles productivistes » dit-il.
En attendant, le ministère de l’agriculture et des terres (MAT) nous a montré qu’il prétendait changer la logique de production. Alors que l’on attend la récupération de 8.646.217 hectares de terre, propriété de l’état, pour la réforme agraire et le développement de coopératives agricoles, le modèle « productiviste » est celui qui tend à être adopté. Pour Franco Manrique, du Comité des terres urbaines et de la coordination Rapalve, le « plan de culture » annoncé par le MAT continue à privilégier les grands producteurs.
Selon l’Institut national d’investigation agricole (INIA), le projet de création d’un programme national de production de semences devrait réduire de 25 % les importations. Ce qui signifie qu’une grande part des variétés utilisées pour le programme agricole vénézuélien ne seront pas produites dans le pays.
« Il y a une série de contradictions dans ce processus. La solution consiste à produire nos propres semences et à développer l’agriculture en faveur des petits producteurs afin de pouvoir garantir notre souveraineté alimentaire » affirme Manrique, qui a reproduit des semences de légumes dans de petites coopératives dans l’ouest du pays à partir de techniques apprises des paysans du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) brésilien. « Je crois que nous pourrons aussi faire la révolution dans l’agriculture » affirme-t-il.
NOTES:
[1] Voir à ce sujet : Jason Tockman, Le Venezuela interdit les semences transgéniques, RISAL / Venezuelanlysis.com, avril 2004. (ndlr)
Traduction : Anne Vereecken, pour RISAL ([http://risal.collectifs.net]).


dernière minute (mardi 14 décembre, 16h00) : le procès de RIOM serait reporté au mois de mars


Une version affaiblie du parasite a été inoculée à des souris : Un vaccin OGM contre le paludisme ?

Jean-Michel Bader, 8 décembre 2004 (Le Figaro)

Le paludisme tue 1 million d'êtres humains par an (un enfant toutes les trente secondes). La recherche sur les traitements a été marquée ces derniers mois par plusieurs avancées : médicaments nouveaux dérivés d'une plante chinoise (l'artémisine), un vaccin humain testé avec succès au Mozambique et vingt-cinq autres vaccins en développement. Et voici un surprenant candidat-vaccin OGM.

Un nouveau candidat-vaccin contre le paludisme vient d'être testé avec succès chez la souris (1). La grosse nouveauté, c'est que le vaccin en question est un OGM : un parasite vivant génétiquement atténué, incapable de se développer dans le foie de ses victimes. L'équipe de chercheurs dirigée par Stefan Kappe (Université d'Heidelberg, Allemagne) s'est concentrée sur la seconde phase de la vie du parasite dans l'organisme de sa victime : celle où le parasite devient un sporozoïte qui envahit les cellules hépatiques. Ce n'est qu'après être passé dans le sang et avoir infecté les globules rouges (un autre candidat-vaccin récemment testé avec succès au Mozambique cible le cycle sanguin du parasite (2)) que le parasite Plasmodium atteint le foie. Or, des travaux publiés en 2002 dans le Journal of Infectious Diseases avaient montré que l'on peut protéger efficacement contre l'infection du foie des animaux et des hommes, avec des parasites atténués par irradiation. Ceux-ci provoquent une immunité stérilisante qui détruit les parasites sauvages. Forte du décodage récent du génome complet du Plasmodium parasitaire, l'équipe s'est lancée dans les manipulations génétiques de parasites afin de les affaiblir. L'équipe du Dr Kappe avait identifié une famille de gènes parasitaires qui ne s'expriment qu'à certains stades de son cycle de vie. L'un d'entre eux, baptisé UIS3, est essentiel au parasite pour démarrer son cycle dans le foie. En manipulant le parasite, ils ont obtenu un Plasmodium berghei (responsable de la malaria chez les rongeurs) incapable d'exprimer UIS3, mais sans que cela affecte son développement préalable asexué dans les globules rouges de la victime. Cette étape est en effet cruciale, puisque ce parasite «vaccin» doit d'abord infester le foie pour déclencher la réponse immunitaire protectrice. Lorsque les chercheurs ont ensuite infecté les souris préalablement vaccinées, 100% des rongeurs ont été protégés. A leur grande surprise, les membres de l'équipe ont découvert que les parasites ne sont plus jamais capables d'aller au bout de leur cycle hépatique et de repasser dans le sang.

Ripley Ballou (GlaxoSmithKline Biologicals) est sceptique quant à la valeur du résultat : «Il y a un risque que le parasite soit parfaitement capable de remplacer ce seul gène manquant.» Même son de cloche d'une spécialiste française : «La «bête» dispose d'une multitude de façons de se modifier pour échapper à la surveillance immunitaire. Quand on veut «jouer» avec ce parasite, il faut savoir qu'il a infiniment plus d'imagination que nous.»


(1) Nature, publié en ligne le 5 décembre 2004. (2) Le Figaro du 15 octobre 2004


Polémiques autour d'un OGM

Stéphane Foucart, LE MONDE | 14.12.04
Après avoir émis des doutes sur l'innocuité d'un maïs transgénique commercialisé par Monsanto, le MON 863, la commission du génie biomoléculaire (CGB) rend un avis favorable à son importation.

  La commission du génie biomoléculaire (CGB) française devait annoncer, mardi 14 décembre, l'octroi d'un avis favorable à l'importation et à la commercialisation du MON 863, un maïs transgénique développé par Monsanto. L'annonce n'aurait rien de singulier si la même instance n'avait rendu, le 28 octobre 2003, un avis contraire à propos du même organisme génétiquement modifié (OGM).

  La commission se range ainsi aux côtés de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) qui ont, toutes deux, voilà plus de six mois (Le Monde du 23 avril), donné un avis favorable au MON 863. L'unanimité n'est cependant pas de mise au sein de la CGB, dont un membre, Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'université de Caen, a voté contre l'avis finalement rendu.

  L'affaire n'a commencé qu'au printemps 2004, avec la divulgation des comptes rendus de réunion de la CGB, dont seuls les avis sont rendus publics. La publicité de ces procès-verbaux avait été obtenue par le Comité de recherche et d'information indépendantes sur le génie génétique (Crii-Gen) - association fondée par l'ancienne ministre de l'écologie Corinne Lepage -, qui avait saisi la commission d'accès aux documents administratifs (CADA). Ainsi rendues publiques, les conclusions de la première étude toxicologique, transmise par Monsanto à la CGB, faisaient état de nombreux effets biologiques sur les rats nourris, pendant 90 jours, au MON 863.

  Les chercheurs du laboratoire Covance - commis, selon l'usage, par Monsanto - relevaient des anomalies sanguines variables en fonction du sexe (augmentation des taux de globules blancs et de lymphocytes chez les mâles, baisse des taux de jeunes globules rouges chez les femelles). Une augmentation de la glycémie chez les femelles était également notée. De même, l'apparition plus fréquentes de lésions rénales (inflammations, calculs) ainsi que des variations du poids des reins avaient été observées chez les animaux nourris au MON 863.

  Ces résultats avaient conduit la CGB à conclure, dans son avis du 28 octobre 2003 adopté à l'unanimité, que "l'étude de toxicité subchronique réalisée avec le maïs MON 863 - soulevait - de nombreuses questions - relatives aux - différences significatives observées lors des dosages d'hématologie, de biochimie clinique, de chimie urinaire et de la mesure du poids de certains organes" des animaux testés.

  Les choses n'en sont pas restées là. "Nous n'avons pas conclu à la toxicité du MON 863, explique Gérard Pascal, directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique et membre de la CGB. Nous avons simplement dit que, dans le dossier fourni par Monsanto, nous n'avions pas d'explications satisfaisantes aux anomalies observées." L'instance française d'évaluation des OGM a ainsi demandé des compléments d'information au semencier.

  Celui-ci a alors nommé deux anatomo-pathologistes réputés, Gordon Hard et Andrea Terron, pour réexaminer les résultats obtenus par le laboratoire Covance. Après étude des échantillons précédemment prélevés, les deux experts ont conclu, en septembre 2004, que les lésions et les anomalies sanguines entraient dans le champ de la variabilité naturelle des caractéristiques des animaux. "Les tests ont été menés chez le rat, qui n'est pas un modèle idéal pour la toxicologie chronique", dit Marc Fellous, directeur d'unité à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et président de la CGB. "Les anomalies sanguines et les différences de glycémie s'expliquent par la variabilité des animaux, poursuit M. Fellous.Quant aux anomalies rénales, elles sont naturelles puisque le rat, ce que nous ne savions pas à l'époque, les développe spontanément." Ces nouvelles interprétations ont été, par la suite, validées par un autre expert français, André-Laurent Parodi, professeur à l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort.

  Restait le problème du poids des reins, plus faible chez les animaux nourris au MON 863. En novembre 2004, Monsanto fournit une nouvelle étude, utilisant cette fois une autre variété de maïs hybridée avec le MON 863. Cette nouvelle étude, menée par le laboratoire Wil Research- là encore choisi par Monsanto - n'a pas mis en lumière de telles anomalies.

  Ces dernières conclusions ne satisfont pas Gilles-Eric Séralini, membre du Crii-Gen et de la CGB, qui a voté contre l'avis favorable d'importation du MON 863, formellement adopté le 23 novembre. "Monsanto se dédit, estime M. Séralini. Dans un premier temps, leurs études expliquent, de manière amusante d'ailleurs, qu'il y a des "effets significatifs sans signification pathologique" et dans un deuxième temps, leurs études disent que les effets observés ne sont plus significatifs. De plus le dossier a été saucissonné en prenant les problèmes séparément et non dans leur ensemble, ce qui est inadmissible. La moindre des honnêtetés aurait été de recommencer l'étude, ce qui n'a pas été fait. En tout cas, pas avec la même variété de maïs." En outre, M. Séralini rappelle qu'"aucun test de l'insecticide produit par le MON 863 n'a été effectué sur cellule humaine" et que cette substance "n'est pas entièrement naturelle puisque la séquence de Bacillus thurigensis - introduite dans le génome du maïs - a été modifiée".

  Dans un communiqué du 10 décembre, le Crii-Gen demande la levée du secret industriel sur l'étude menée sur le MON 863, de manière à l'ouvrir publiquement à la "controverse scientifique". L'association demande également qu'une expertise contradictoire soit menée sur fonds publics. Les études financées par les industriels sont en effet jugées "dépendantes" par le Crii-Gen. Certains membres de la CGB, peu suspects d'être anti-OGM, ne sont pas loin de dresser un constat comparable. Ainsi, M. Pascal, qui a voté favorablement au MON 863, estime que le résumé de l'étude sur ce maïs "ne correspondait pas exactement à ce qu'on trouvait dans le dossier détaillé". Ce résumé ne mentionnait pas, selon M. Pascal, certaines des différences entre les groupes de rats observées par l'étude.

  Le fonctionnement de la CGB est lui aussi au centre de polémiques. Au point que MM. Séralini et Fellous ne s'entendent pas sur le nombre de votants présents à la réunion - tenue hors quorum - du 23 novembre...


Les experts français lèvent leurs objections à un maïs OGM de Monsanto

AM - Cyberagri et AFP , le 14 décembre

  La Commission du génie biomoléculaire (CGB), chargée d'expertiser les dossiers d'OGM pour la France, a levé ses objections à un maïs de la société américaine Monsanto, le MON 863, a annoncé mardi son président Marc Fellous lors d'une conférence de presse.

  En avril 2004, l'Agence européenne de sécurité alimentaire a donné un avis positif à ce maïs, le jugeant "aussi sûr que le maïs conventionnel". Finalement, au terme de deux ans d'expertise, la CGB a conclu dans un avis transmis au gouvernement français le 23 novembre que les anomalies repérées dans les reins des rats alimentés avec du maïs MON 863, "s'inscrivent dans la gamme des variations naturelles". "Les lésions rénales observées sont aussi fréquentes chez les rats nourris 90 jours avec du maïs MON 863 que chez les rats nourris avec la même variété non-OGM", a expliqué le professeur Fellous. Sur 20 rats testés, 18 avaient développé une anomalie (néphropathie chronique progressive) dans le groupe nourri avec le maïs OGM, contre 14 dans le groupe nourri en maïs classique, soulevant les réticences initiales de la "Cette variation n'est pas jugée significative par les experts que nous avons consulté", a poursuivi Marc Fellous. De même, le poids réduit des reins des animaux ayant ingéré le maïs OGM n'est pas aberrant au regard de leur poids total, selon la CGB. Les réserves de la CGB avaient incité l'Allemagne, qui avait présenté en 2003 le MON 863 avec un avis positif, à recommander un nouveau test de 90 jours sur les rats à Monsanto. La firme américaine n'a pas produit de test complémentaire, mais a fourni des données pour deux hybrides OGM, qui ne font pas apparaître d'anomalies sur les reins.

Conclusions de la CGB

  Les compléments d’information fournis sur le poids des reins montrent que les variations observées dans l’étude toxicologique sur MON 863 et qui ne se traduisaient pas par un effet biologique, s’inscrivaient dans la gamme des variations naturelles.
Les compléments d’information fournis sur le poids des reins montrent que les variations observées dans l’étude toxicologique sur MON 863 et qui ne se traduisaient pas par un effet biologique, s’inscrivaient dans la gamme des variations naturelles. La Commission du génie biomoléculaire considère que ces nouveaux éléments confirment les termes de l'avis du 16 septembre, à savoir que les résultats de l’étude toxicologique sur rat conduite avec le MON 863 ne mettent pas en évidence d’effet toxique sur le rein lié à la consommation du maïs MON 863.

  En conséquence, dans l’état actuel des connaissances et sur la base de l’ensemble des informations fournies sur le maïs MON 863 dans le cadre du dossier C/DE/02/9, la Commission du génie biomoléculaire considère que ces informations ne mettent pas en évidence de risque pour la santé animale lié à la consommation du maïs MON 863.


Greenpeace publie son nouveau guide des OGM

Véronique Smée

Choisir une alimentation avec ou sans OGM, malgré le flou entretenu sur certains produits : la seconde édition du guide de Greenpeace se concentre cette année sur les produits animaux ou issus d'animaux, qui ne sont pas soumis à l’obligation d’étiquetage adoptée en avril dernier par l’Union européenne.

Avec ou sans OGM ? La réglementation européenne sur l’étiquetage des produits alimentaires ne permet pas de répondre totalement à la question. Si elle exige que soient étiquetés le maïs, le soja ou le colza présents dans les aliments, -lorsqu’ils contiennent ou sont fabriqués à partir de plus de 0.9% d’OGM-, ainsi que l’alimentation des animaux si elle contient des ingrédients et/ou additifs composés à plus de 0.9% d’OGM, la réglementation ne s’applique pas aux produits animaux ou provenant d'animaux nourris avec des OGM. Ce qui signifie que la viande, le lait, les oeufs, le beurre, la crème, mais aussi les biscuits, les plats préparés ou les aliments pour bébé peuvent contenir des ingrédients « OGM » sans que le consommateur en soit averti. « Cette lacune du règlement est très grave car, en effet, 80% de la totalité des OGM entre dans la chaîne alimentaire par le biais de l’alimentation animale », souligne Greenpeace, qui lance un « guide 2004 » axé sur ces produits répartis en 8 catégories et classés en liste verte, orange ou rouge, selon que les entreprises garantissent ou non des produits animaux ou issus d'animaux nourris sans OGM. Outre l’information des consommateurs, ce guide a pour objectif « de faire pression sur les producteurs et distributeurs alimentaires afin qu'ils mettent tout en oeuvre pour éliminer complètement les OGM de la chaîne alimentaire », précise l’ONG, qui lance parallèlement une pétition européenne pour l’étiquetage obligatoire de ces produits.

Retrait de certains produits

Un lobbying qui connaît déjà quelques succès : l’entreprise G. Soreau, importatrice de produits étiquetés OGM provenant du Canada et des Etats-Unis, a décidé de cesser ses importations de Marshmallows Rocky Mountain sous la pression des militants. Dernièrement, c’est le PDG de l'entreprise SDV, importatrice des produits Classic Foods of America et Newman's Own, qui a annoncé que les produits Classic Foods ne seraient plus fabriqués à partir d’OGM. « Nous nous en réjouissons et insistons pour que la même démarche soit entreprise pour les produits Newman's Own (…) Continuons à faire pression sur les importateurs et fabricants de produits OGM et retournons dans les supermarchés pour s'assurer que les produits transgéniques de G. Soreau en sont éliminés », demande Greenpeace à ses « détectives OGM ». Les importateurs de produits venant des Etats-Unis sont particulièrement visés par cette campagne. La plus grande part des cultures transgéniques se trouve en effet aux Etats-Unis (63%), en Argentine (13.9%), au Canada (4.4%) et en Chine (2.8%). Selon les chiffres donnés par l’ONG, la plante transgénique la plus cultivée est le soja (43 millions d'hectares), suivie du maïs (16 millions d'hectares), du colza (7.5 millions d'hectares) et du coton (3.6 millions d'hectares). Et la liste des plantes commercialisées ou en voie de l’être est longue : la banane, la betterave, le blé, le cacao, le café, la chicorée, le chou, le colza, le concombre, le coton, la courge, la laitue, le maïs, le manioc, le melon, l'oeillet, le peuplier, la papaye, la pomme de terre, le pommier, le riz, le soja, le tabac, la tomate, le tournesol et la vigne.

Un mouvement européen

Rappelons qu’il n'existe en France aucune culture de plantes transgéniques à des fins commerciales. Seuls des essais en plein champs à but expérimental ont été mis en place dans certaines communes. Par ailleurs, 15 régions françaises revendiquent le statut de « région sans OGM », un mouvement qui rejoint celui de l'association des régions d'Europe (250 régions) et des Amis de la Terre, qui réclament " des zones et régions sans OGM". Objectif : obtenir "la mise en place d'une réglementation communautaire contraignante sur la coexistence entre les cultures traditionnelles et les cultures OGM " afin d'éviter toute contamination. Actuellement, cette décision relève en effet des Etats membres, mais seul le Danemark a légiféré pour protéger les exploitants traditionnels en cas de contamination. Depuis 1999, près de 2000 collectivités locales et régionales en Europe se sont ainsi déclaré " zones sans OGM ". Elles demandent l'application du principe pollueur-payeur, la définition de distances minimum de séparation entre cultures traditionnelles et transgéniques, et l'établissement d'un registre public des parcelles OGM.


En Allemagne les pollueurs OGM payent ! !

vendredi 26 novembre 2004, par Coordination Amis de la Terre France

- Les Amis de la Terre saluent la loi adoptée aujourd'hui par le Parlement allemand (Bundestag) qui introduit ENFIN le principe de responsabilité des entreprises biotechnologiques et des cultivateurs d'OGM. Dès lors ils seront responsables financièrement pour les dommages économiques résultant d'une contamination par leurs cultures des produits non-OGM.

Les mesures importantes de la loi sont :

· La reconnaissance de la responsabilité des cultivateurs d'OGM en cas de contaminations rendant impossible la vente de produits issus d'exploitations agricoles biologiques ou conventionnelles proches de cultures OGM.

· La mise en place, en cas d'incertitude quant au responsable de la contamination, d'une responsabilité commune des cultivateurs d'OGM de la zone. Ainsi les cultivateurs victimes de contamination pourront choisir l'exploitation contre laquelle porter plainte. Si celle-ci est reconnue coupable, l'exploitant aura la possibilité de réclamer des dédommagements auprès des exploitations voisines cultivant aussi des OGM.

· La mise à disposition du public d'un registre indiquant avec précision la localisation des futures cultures OGM.

Les Amis de la Terre France sont persuadés que ces mesures sont des signaux forts à destination des cultivateurs et des entreprises biotechnologiques afin d'éviter la contamination des parcelles avoisinantes.

Christian Berdot des Amis de la Terre France déclare : « Cette loi est une excellente nouvelle pour des centaines de millions de citoyens européens qui ne veulent pas servir de rats de laboratoire et qui réclament une alimentation sans OGM. La loi allemande, si elle constitue un exemple à suivre pour les autres pays membres, sert aussi de révélateur quant au retard pris par la France en qui concerne les règles de coexistence ».

Néanmoins, la loi allemande contient des lacunes et peut être améliorée. En effet, la protection des zones écologiquement sensibles concerne uniquement les zones Natura 2000, c'est à dire 2,5 % du territoire allemand ! Dans ces zones, les essais en plein champ, l'utilisation et le transport d'OGM sont autorisés si les OGM ne portent pas atteinte à l'environnement. Une question reste ouverte : comment prouver l'existence de menaces sur l'environnement ?

Les Amis de la Terre France sont préoccupés par la volonté de la Commission européenne de faire annuler cette loi devant la Cour européenne de justice. Les Amis de la Terre croient fermement qu'il n'est pas du rôle de la Commission européenne de porter atteinte aux mesures de protection ainsi qu'aux droits civiques mis en place le Parlement allemand.


Semences polluées par des OGM : la justice punit la négligence coupable des semenciers

Source/auteur : http://www.confederationpaysanne.fr/
Mis en ligne le mercredi 8 décembre 2004, par Ludo

Ce 2 décembre, les ex-dirigeants de la société d'importation de semences Golden Harvest Zelder, sise en Maine-et-Loire, ont été condamnés à 3 000 euros d'amende chacun pour "tromperie sur la qualité substantielle d'une marchandise" par le tribunal correctionnel de Saumur. Leur société avait écoulé en 1999-2000 des lots de maïs qu'ils savaient contaminés par du maïs OGM, tout en garantissant à leurs clients la parfaite absence d'OGM dans ces semences. Dans ce cas précis de variétés de maïs très tardives, les semences vendues sur le marché européen sont principalement produites outre-Atlantique, où la proportion de cultures transgéniques est telle que la contamination de lots dits "non-OGM" est hautement probable.

La Confédération Paysanne de Maine et Loire se félicite de cette condamnation significative d'une pratique qui relève au-moins de la négligence coupable.

Les semenciers auraient dû en effet analyser leur marchandise avant même qu'elle ne soit expédiée en Europe. Ils ne l'ont pas fait. Ensuite ils ont menti à leur clients en prétendant que les analyses garantissaient l'absence de traces d'OGM. Dans le contexte de pressions constantes des firmes semencières pour imposer les OGM, voilà une jurisprudence qui obligera les multinationales à réfléchir avant de vouloir faire entrer les OGM par la fenêtre tant que les paysans et les citoyens réussissent à leur fermer la porte.

La question des semences est fondamentale : pour respecter le droit des paysans de produire non-OGM, la garantie par le législateur de semences réellement sans OGM est impérative. A l'époque où l'infraction de la société Golden Harvest Zelder a été commise, la législation n'autorisait aucune trace d'OGM dans les produits garantis sans-OGM. Depuis juillet 2003, le parlement européen a autorisé un seuil de contamination à 0,9% dans les produits dits "sans-OGM". Mais cette législation ne concerne pas le sujet très sensible des semences. La Commission Européenne a d'ailleurs reporté, le 8 septembre dernier, sa décision concernant la fixation d'un seuil de présence d'OGM dans les semences. Nous rappelons que nous exigeons que le seuil de contamination par des OGM soit le plus infime possible, donc qu'il corresponde à la limite de détection par les techniques d'analyse.


deux entrepreneurs condamnés pour dissimulation d'OGM dans leurs produits

Saumur (Maine-et-Loire), 2 déc 2004 (AFP)

   Deux anciens dirigeants d'une PME ont été condamnés jeudi par le tribunal correctionnel de Saumur à verser 3.000 euros d'amende chacun et 5.000 euros à la partie civile pour n'avoir pas signalé à leurs clients des traces d'OGM dans leurs produits. Yann Cannistraro et Robert Jeurink, les anciens dirigeants de la société Golden Harvest Zelder, basée aux Rosiers-sur-Loire (Maine-et-Loire), spécialisée dans le négoce de semences, étaient poursuivis pour "tromperie sur la qualité d'un produit". La justice leur reproche d'avoir vendu, au moins en 1999 et 2000, plusieurs dizaines de tonnes de semences de maïs, sans prévenir leurs clients qu'elles contenaient des résidus d'OGM. La Confédération Paysanne, partie civile, percevra les 5.000 euros.
  L'avocat des prévenus Me Xavier Clédat a indiqué que ses clients étaient "déçus par ces peines bien sévères". "La montagne a accouché d'une souris", a-t-il ajouté en faisant allusion au bruit qu'avait fait cette affaire au moment où elle avait été révélée.


La levée d'interdictions nationales de certains OGM renvoyée aux ministres

Source : © AFP, 30/11/2004 - 10h43 (FR)

Les experts des Etats membres de l'Union européenne ont échoué à s'entendre lundi sur une proposition de la Commission européenne visant à faire lever des interdictions d'OGM décrétées au niveau national par cinq des 25, a annoncé la Commission dans un communiqué.

Les dossiers vont être transmis "dans les prochaines semaines" au Conseil des ministres de l'Union européenne qui devra se saisir de la question et trancher à la majorité qualifiée, a précisé Bruxelles.

Faute d'une décision dans les trois mois, c'est la Commission qui sera amenée à ordonner cette levée, à laquelle les Etats membres concernés auront alors au maximum trois semaines pour se conformer.

Les interdictions portent sur diverses variétés de maïs et de colza transgéniques, bannies selon les cas en Autriche, en Allemagne, au Luxembourg, en France et en Grèce.

Les experts des Etats membres ne sont pas non plus parvenus à trouver un accord lundi pour entériner une autre proposition de la Commission, qui visait à autoriser l'importation et la transformation dans l'Union européenne du maïs transgénique MON 863 du groupe américain Monsanto.


LE GROUPE CARREFOUR LANCE LE PREMIER PRODUIT OGM
A DESTINATION DES CONSOMMATEURS PRECARISES

Francis GIOT et Marc FICHERS

Communiqué de presse Nature & Progrès, 26 novembre 2004

Une innocente huile pour friture, vendue au prix dérisoire de 1,55 euro les deux litres, voilà pour nombre de consommateurs moyens une aubaine qu'il faut absolument saisir ! Seul petit problème : une fois chaussées les lunettes, on peut lire sur le flanc de la bouteille, en petits caractères et dans un français approximatif, la mention « contient l'huile à partir de soja génétiquement modifié ». Il s'agit donc, à notre connaissance, du premier produit OGM diffusé chez nous depuis l'adoption par l'Europe du règlement sur la traçabilité 1830/2003 qui impose un étiquetage spécifique dès lors que l'ingrédient d'un produit dépasse le seuil de 0,9 % d'OGM. Responsable : la marque « N°1 » de Carrefour !

  Une première, alors que le consommateur a dit non !

En 2000, grâce à l'action de Greenpeace et alors que les autorités tardaient à répondre aux exigences légitimes des citoyens, les consommateurs eux-mêmes entrèrent en action avec, pour effet le plus frappant, l'abandon presque unanime des ingrédients à base d'OGM par les principaux fabricants et chaînes de supermarchés en Belgique.
Souvent contraints et forcés par la pression des consommateurs, Danone, Kraft Jacobs Suchard, Master Foods, Nestlé et Unilever renoncèrent aux produits alimentaires à base d'OGM, tout comme les supermarchés Carrefour, Delhaize, Colruyt et Aldi, en ce qui concerne leurs marques propres. Ce mouvement «anti-OGM » des consommateurs s'est étendu dans le monde entier, de la Corée du Sud au Brésil, de la Nouvelle-Zélande au Canada... Et même aux Etats-Unis où une chaîne de supermarché de premier plan telle que Trader Joe's décida d'abandonner les ingrédients transgéniques pour les produits de ses marques propres.
Mais quels sont les risques ? La seule chose sur laquelle les scientifiques s'accordent, c'est qu'on ne sait pas ! Nul ne peut même savoir où un problème éventuel peut surgir, ni dans quels délais... Et pourtant, il s'agit bien d'une technique révolutionnaire, de bricolages incontrôlés de l'ADN de certaines plantes. Il s'agit de constructions artificielles, aussi diverses que l'imagination des hommes le permet et dont les effets peuvent être, par définition, inimaginables... De quoi inciter, nous semble-t-il, à la plus extrême précaution.

  Carrefour : pour ou contre les OGM ?

« Nous nous inquiétons de l'absence de certitudes scientifiques fondées à l'heure actuelle en matière d'OGM et du peu de recul sur l'ensemble des risques potentiels, tant sur la santé que sur l'environnement de l'homme Et nous critiquons l'utilisation par les firmes productrices d'OGM de faux arguments pour convaincre les populations d'ici et d'ailleurs. La production d'OGM ne diminue pas l'utilisation de pesticides et d'herbicides. Elle ne permet pas non plus de nourrir le monde. »
Ainsi s'exprimait Monsieur Roland Vaxelaire, administrateur délégué de Carrefour Belgium, dans une interview accordée au quotidien Le Soir, le 4 juillet 2002. Le même groupe qui s'engageait (engagements Carrefour sur les OGM), dans son Rapport de Développement Durable 2001, à « maîtriser les risques au maximum », affirmant clairement que « nous aurions souhaité pouvoir mentionner sur nos produits l'absence d'OGM » lance aujourd'hui, de manière totalement délibérée, un produit OGM sur la marché, à travers sa propre marque « N°1 », « la marque la moins chère de Belgique », dit la publicité. Il s'agit d'une « huile pour friture » d'apparence parfaitement banale.
Mieux encore. Le groupe, dénonce lui-même le « manque de recul sur les conséquences à long terme sur la santé humaine » des OGM... On peut lire, aujourd'hui encore, cette phrase sur son site Internet. Au même moment, une huile pour friture à base de soja génétiquement modifié est en vente dans ses magasins... Que peut cacher semblable duplicité ? De qui se moque-t-on ?

  La cible : le consommateur précarisé !

« Carrefour. Et tout devient possible », dit la publicité. En effet ! Et « N°1, la marque la moins chère de Belgique » trahit sans vergogne la confiance que le consommateur avait pu placer dans le groupe Carrefour, sur base notamment de ses prises de position bien tranchées en matière d'Organismes Génétiquement Modifiés.
Entend-on, par le biais d'une subtile confusion d'image entre la marque et le groupe, nous faire avaler des couleuvres ? Spécule-t-on sur le fait que le
client des produits les moins chers ne lit jamais l'étiquette des produits qu'il est heureux d'acheter à vil prix ? Car force est de constater que l'étiquetage, en l'occurrence, est bien réduit au strict minimum ! Bref, Carrefour agit-il comme les Américains qui offraient naguère leurs OGM invendus aux pays d'Afrique où la famine faisait rage ?
Depuis l'adoption de la Directive européenne sur la traçabilité que tout le monde a accueillie comme le Messie, Nature & Progrès n'a de cesse de mettre en garde le monde politique : ce seront les publics précarisés qui seront réduits à manger OGM ! Ce seront eux qui serviront de cobaye, avec la complicité - plus ou moins inavouée - des grands groupes agroalimentaires ! Ce sont eux qui paieront, dans leur chair, les pots cassés éventuels ! Il n'est même pas question ici de qualité alimentaire, de diététique ou de bio. Il s'agit uniquement du respect humain élémentaire que tous doivent témoigner à l'égard des publics précarisés.
Monde politique et grandes entreprises en tête ! Il est éthiquement intolérable, à nos yeux, qu'un groupe tel que Carrefour agisse ainsi en parfaite connaissance de cause.

  Transparence et huiles de friture

Mais, dans ce cas-ci, le consommateur, s'il est vigilant, a encore une chance. Car la loi existe et car elle est respectée. Mais qui peut garantir aujourd'hui, que les frites de tel ou tel restaurant, de telle ou telle friterie, ont bien été cuites dans une huile exempte de produits manipulés génétiquement ? Réponse : personne !
Nous pensons qu'il est urgent que le secteur HORECA se soucie du problème ; il est important qu'il s'engage, vis-à-vis de sa clientèle sur la qualité des huiles qu'il utilise... Il est urgent qu'il décide de refuser catégoriquement les OGM et qu'il le dise clairement, avant que d'autres produits OGM ne déboulent sur le marché.

Pour toute information complémentaire :

Nature & Progrès asbl, 520 rue de Dave, B-5100 Jambes, Tél. : 081/30 36 90 - Fax : 081/31 03 06, natpro@skynet.be - www.natpro.be


OGM: L'ÉTIQUETTE QUI CACHE LA FORÊT

Pierre Feuilloley

publié dans la revue : Cahiers d'études et de recherches francophones / Agricultures. Septembre-Octobre 2004. Volume 13, Numéro 5

  Depuis le 19 avril 2004, la Commission européenne impose de mentionner sur l'étiquette de tout aliment s'il contient plus de 0,9 % d'organismes génétiquement modifiés (OGM).
  Cependant, 80 % des débouchés des cultures transgéniques concernent l'alimentation animale. Or, les ¦ufs, le lait, la viande obtenus à partir d'animaux nourris avec des OGM ne sont pas étiquetés. C'est un manque de traçabilité que dénoncent les associations de consommateurs. Ils réclament plus de transparence et une filière animale sans OGM.
  Du coup, le moratoire de 1999 interdisant la mise sur le marché des OGM en Europe a été levé le 19 mai 2004. Cette décision est condamnée par les défenseurs de l'environnement qui soulèvent les problèmes de contamination des cultures et des espèces sauvages par des pollens issus de cultures OGM. En outre, aucun texte juridique ne prévoit des responsabilités en cas d'infection du milieu agricole ou naturel.
Mais c'est à long terme que les risques ne sont pas correctement évalués. En effet, l'impact sur la santé de la consommation d'aliments contenant des OGM n'a pas été démontré et la communauté scientifique est incapable, pour le moment, d'en prévoir les séquelles à longue échéance.
  Toutes ces incertitudes favorisent indirectement la promotion des OGM.
  Même si un récent sondage montre que 70 % des Européens refusent les OGM, cette opposition risque d'avoir un caractère isolé car les cultures transgéniques ne cessent de se développer. Pour la septième année consécutive les superficies en cultures génétiquement modifiées ont eu un taux de croissance à deux chiffres pour atteindre 15 % en 2003, soit 67,7 millions d'hectares dans le monde.
  Très implantés en Amérique du Nord, les OGM se développent maintenant en Amérique du Sud (le Brésil vient de lever ses réticences). L'Asie emboîte le pas, et l'Inde et la Chine ont leur propre programme dans ce domaine.
  Dans ces conditions très concurrentielles, il sera difficile à l'Europe de maintenir des filières sans OGM.
  En attendant, le consommateur européen a déjà une étiquette pour se protéger, et c'est mieux que rien du tout. Mais pour combien de temps ?

Valeurs Vertes 2004 ; (68) : 8-9


LE CONFLIT "ÉTATS-UNIS - UNION EUROPÉENNE" SUR LES OGM

Louis-Marie Houdebine

publié dans la revue : Cahiers d'études et de recherches francophones / Agricultures. Septembre-Octobre 2004. Volume 13, Numéro 5

  Tout observateur ne peut qu'être frappé par la différence d'attitude entre les sociétés des États-Unis et de l'Union européenne vis-à-vis des organismes génétiquement modifiés (OGM). Un livre qui traite de cette question et intitulé Genes, Trade, and Regulation dont l'auteur est Thomas Bernauer vient d'être publié. Les commentaires qu'en a fait JF Oehmke [1] peuvent se résumer de la manière suivante.
Il est peu vraisemblable que les différences reposent sur une évaluation des risques, qu'il s'agisse de ceux concernant les consommateurs que de ceux qui touchent à l'environnement. Il faut donc rechercher les causes ailleurs et en particulier dans le domaine socio-économique.
L'auteur pose trois questions, y apporte des réponses et fait des suggestions.
 1. Pourquoi les consommateurs sont-ils réticents vis-à-vis des OGM ? La raison en est qu'ils étaient d'avance préconditionnés par l'épisode de la vache folle qui s'est transformé en opposition contre l'ensemble de l'agro-industrie.
 2. Pourquoi cette opposition est-elle devenue politique alors que cela n'est pas le cas aux Etats-Unis ? Des groupes ont récupéré les doutes des consommateurs pour le transformer en opposition politique antilibéralisme indépendamment des problèmes réels que peuvent poser certains OGM. Ce phénomène n'a pas eu lieu aux États-Unis, essentiellement parce que ce pays bénéficie d'une administration centralisée, l'USDA (US Department of Agriculture) et son agence la FDA (Food and Drug Administration). La politique des États-Unis est à l'écoute des acteurs de l'agroindustrie tandis que la politique de l'Union européenne prend en compte essentiellement les agriculteurs, les consommateurs et les opposants. L'impact de ce phénomène est considérablement amplifié par la dispersion des décisions qui reviennent plus ou moins à chaque État qui ne résiste pas à adopter une attitude démagogique.
 3. Pourquoi les entreprises de l'agroindustrie de l'Union européenne restent-elles aussi silencieuses ? La perpétuelle dispersion des moyens ne permet pas qu'un discours cohérent et fort puisse émerger. Il n'est pas certain, par ailleurs, que beaucoup de compagnies se soient dotées de laboratoire conséquents capables de maîtriser le génie génétique. Les OGM résistants aux herbicides impliquent souvent l'utilisation de Round up Ready qui est traditionnellement vendu par Monsanto et non par les entreprises de l'Union européenne qui n'ont donc pas particulièrement intérêt à promouvoir les semences résistantes aux herbicides. Certains agriculteurs ont par ailleurs peur de se retrouver pris en tenaille entre les entreprises qui fournissent les intrants et celles qui achètent les récoltes.
  Pour éviter une guerre commerciale qui s'annonce entre les États-Unis et l'Union européenne autour des OGM, l'auteur propose aux Européens de créer une agence centralisée à l'image de la FDA. Cela permettrait un dialogue plus cohérent et équilibré et redonnerait confiance aux consommateurs. L'étiquetage (qui est déjà en place) irait dans le même sens. n

1. Oehmke JF. Political economics of agri-biotechnology. EMBO Reports 2004 ; 5 : 560.


Les consommateurs, dommages collatéraux des OGM

Aurélie Colladon

Washington, DC (USA) / Paris, le 24 novembre 2004 Aujourd’hui, la Food and Drug Administration (FDA) (Administration chargée de l’alimentation et des médicaments) [1] devrait publier une proposition visant à autoriser la contamination d’aliments destinés à la consommation humaine par des OGM expérimentaux cultivés sur des parcelles tests.

Dans 60 jours cette proposition pourrait être acceptée, incitant encore les entreprises biotechnologiques à moins contrôler les parcelles expérimentales et favorisant ainsi les contaminations.

A l’heure actuelle, il est impossible de contrôler la présence d’OGM expérimentaux dans les produits importés des Etats-Unis (matières premières ou aliments transformés) car plus des 2/3 des OGM expérimentaux contiennent des gènes classés confidentiels par l’industrie biotechnologique ; ils sont donc indétectables.

Christian Berdot des Amis de la Terre France, pour sa part souligne que: «Sous couvert de confidentialité aux Etats-Unis, aucune entreprise agroalimentaire ni même un gouvernement ne sera plus capable de contrôler les matières premières ou les produits transformés importés, puisqu’il ne sauront pas sur quoi doivent porter les analyses. Cela signifie que les consommateurs deviendront les dommages collatéraux de l’expérimentation OGM».

Juan Lopez des Amis de la Terre International soulève pour sa part que: «L’administration Bush, soutenue par l’industrie de la biotechnologie, introduit de force des organismes génétiquement modifiés non contrôlés dans l’alimentation mondiale. Cette proposition doit alerter les consommateurs, les entreprises agroalimentaires ainsi que toutes les administrations chargées de questions alimentaires».

Les OGM expérimentaux, aux USA, sont actuellement autorisés à la culture sur une surface minimum de 23000 hectares. Cela inclue entre autres les OGM ayant des propriétés nutritionnelles particulières, ceux qui résistent aux herbicides ou aux insectes ainsi que les types à pollen ou graines stériles, D’autres cultures synthétisent des composés pharmaceutiques ou anti-fongiques pouvant être sources d’allergies alimentaires.

Le Gouvernement américain ne propose aucun taux maximum de contamination, ni pour l’alimentation humaine ou animale, ni pour les semences. La nouvelle politique indique que les entreprises pourront consulter la FDA, de façon volontaire (!), afin d’obtenir la reconnaissance de leurs OGM expérimentaux en tant qu’agents contaminant acceptables. Les contrôles, se réduisent à un dossier à compléter et à deux analyses inadaptées. Cette procédure exclut l’analyse des potentiels effets négatifs imputables aux modifications génétiques. L’objectif de ces contrôles est de fournir aux compagnies biotechnologiques une couverture légale afin de permettre à leurs OGM expérimentaux d’entrer dans l’alimentation américaine.

L’industrie biotechnologique ainsi que les «semenciers» poussent le gouvernement américain à promouvoir activement l’adoption de cette politique à une échelle globale [2].

Cette politique de la FDA est issue d’une initiative de George Bush en 2002. Pour Lester Crawford [3] cette règle est essentielle pour l’administration et l’industrie qui souhaitent accroître la confiance des consommateurs, empêcher les rappels de produits et fournir un modèle pour des politiques similaires dans le monde .

[1] Le communiqué de la à été publié sur Le projet de la FDA est disponible sur: http://www.cfsan.fda.gov/~dms/bioprgui.htm.
[2] “US Grain Industry, BIO Urge US Government to Expedite Trace-Amounts Policy for Biotech Products”, Communiqué de presse publié par Organisation de l’Industrie Biotechnologique, l’ Association National des l’alimentation animale et autres groupes industriels, 7 Avril, 2004,
www.bio.org/newsroom/newsitem.asp?id=2004_0407_01.
[3] Lester Crawford, Acting Commissioner de la FDA. Discours lors de la conférence “Feeding a hungry world : The Moral Imperative of Biotechnology», dans le cadre de la mission au Vatican , Septembre 2004 www.agbioworld.org


Pour plus d’informations : http://www.foei.org/publications/pdfs/contamination.pdf et Contact presse

Jordi Rossinyol, Amis de la Terre France: +33 (0)1 48 51 18 93, Christian Berdot, Amis de la Terre France: +33 (0)5-58-75-34-50, William Freese (co-auteur) à Washington,DC: +01 301-985-3011, Geert Ritsema, Friends of the Earth Euope, Bruxelles (Belgique), +31-6-29005908, Juan Lopez, Friends of the Earth International, London (UK), +39-333-1498049


Brèves...

Italie : les régions peuvent rester sans OGM L’Italie autorise l’entrée des OGM sur son territoire, en revanche, elle accorde explicitement aux régions le droit de rester des zones sans OGM. 13 des 20 régions ainsi que prés de 1'500 villes et communes se sont d’ores et déjà déclarées hors OGM. (AFP, 17.11.04)

Russie : Nestlé perd son procès – les chercheurs veulent un moratoire Une ONG russe a accusé la firme Nestlé d’utiliser des OGM dans les aliments pour nourrissons. Nestlé a engagé un procès – qu’elle a perdu. L’ONG déclare avoir fait réaliser des tests par 2 laboratoires indépendants. Entre temps, dans une lettre ouverte adressée au Président Poutine, des chercheurs notoires mettent en garde contre les risques liés aux OGM; ils demandent un moratoire sur la culture des plantes transgéniques. (Moscow Times, 2.11.04; MosNews, 14.10.04)

Canada : prix décerné à la première zone hors OGM Le district de Powell River se déclare hors OGM et obtient un prix. Au Canada, Powell River est la première zone sans OGM. (PRP, 9.11.04)

USA : chats transgéniques anallergiques La firme Allerca espère vendre chaque année, à partir de 2007, 200'000 chats transgéniques – prix de vente: 3500$ par animal. Selon la firme, ces chats transgéniques qui ne devraient plus déclencher d’allergies chez l’être humain, seraient les premiers animaux »life style« produits en série. (New Scientist, 6.11.04)

Le bio facteur de diversité La plus importante étude menée jusqu’ici le prouve: la culture biologique augmente la diversité de la chaîne alimentaire à tous ses niveaux – depuis les bactéries jusqu’aux mammifères. Cette étude évalue des données en provenance du Canada, des USA, d’Europe et de Nouvelle-Zélande. Un exemple: en Grande-Bretagne, grâce à l’agriculture bio, vanneaux et chauves-souris menacés jusqu’ici ont une chance de survivre. (New Scientist, 9.10.04)


Les Etats-unis imposent les OGM aux Irakiens

Les Barons Marqués, 18 novembre

Une décision en faveur des multinationales de l’agro-alimentaire

Les Etats-uniens ont bien du mal à assurer la sécurité en Irak, mais avant de transférer la souveraineté aux irakiens en juin dernier, ils ont pris le temps de légiférer sur la Protection de la Variété des Plantes (PVP). L’ordre 81, signé par l’administrateur de l’Autorité provisoire Paul Bremer et qui a force de loi, remplace la loi irakienne sur les brevets de 1970. Alors que les droits de propriété privée sur les ressources biologiques étaient interdits, la nouvelle législation introduit un droit de propriété intellectuelle pour le créateur d’une nouvelle semence. Il aura le monopole de production, reproduction, vente, exportation, importation et stockage, pendant 20 ans pour les plantes agricoles, 25 ans pour les plantes et les vignes. Pour conserver et planter des semences, les paysans devront désormais s’acquitter de droits à leurs propriétaires.

Guerre en Irak (Ph.D.R.)
Pour bénéficier de cette protection, une variété de plante doit satisfaire aux critères définis par l’UPOV (Union internationale pour la protection de nouvelles variétés de plantes, une organisation intergouvernementale composée de 53 membres) : la variété doit être nouvelle, distincte, homogène et stable. Des critères que ne remplissent pas les graines développées par les paysans, contrairement à celles des multinationales.

L’ordre 81 fait les affaires des entreprises qui contrôlent le commerce mondial des graines, comme Monsanto, Syngenta, Bayer et Dow Chemicals. Il est également une porte ouverte à l’importation et l’utilisation d’OGM en Irak. Une décision lourde de conséquence qui n’a pas été votée par une instance souveraine représentative du peuple irakien.


SEPT ANS D’OGM EN ARGENTINE : Un immense océan de soja qui détruit la pampa

Sue Branford, New Scientist, Courrier international - n° 731 - 4 nov. 2004

Au début, la culture du soja transgénique a rapporté des fortunes, et les Argentins n’ont plus cultivé que ça. Puis les ennuis ont commencé : abus d’herbicides, stérilité des sols, réduction de la biodiversité. Bilan.

Il y a un an, Colonia Loma Senés était un coin tranquille du nord de l’Argentine. C’était avant l’arrivée du nuage toxique. Depuis, “le poison a envahi nos terrains et nos maisons”, se souvient Filemón Sandoval, un paysan. “Aussitôt, nos yeux ont commencé à brûler et des boutons sont apparus sur les jambes de nos enfants.” Le lendemain matin, les villageois ont découvert des scènes de désolation. “Presque toutes nos récoltes étaient gravement endommagées”, raconte la femme de Sandoval, Eugenia.

Les semaines suivantes, des animaux domestiques sont morts ou ont mis bas des petits mort-nés. Plusieurs mois après, les bananiers étaient encore tout rabougris, et leurs fruits immangeables. Les villageois ont très vite pointé du doigt une exploitation voisine qui cultivait du soja transgénique résistant aux herbicides à base de glyphosate [un produit peu toxique traditionnellement employé pour traiter ces cultures]. Un mois plus tard, des agronomes de l’université nationale de Formosa se sont rendus sur les lieux et ont confirmé leurs doutes. Comme des milliers d’agriculteurs qui cultivent du soja transgénique en Argentine, cette ferme avait été obligée de prendre des mesures drastiques contre les mauvaises herbes et avait arrosé ses terres – et celles du voisinage – d’un mélange d’herbicides puissants.
Les villageois ont poursuivi ces exploitants devant les tribunaux et ont obtenu l’arrêt des pulvérisations et la reconnaissance du préjudice. Mais leur victoire fut de courte durée. En septembre dernier, la ferme a été reprise par de nouveaux exploitants, qui ont recommencé à pulvériser les cultures.

Le cas de Colonia Loma Senés n’est pas isolé. Au cours des huit dernières années, une énorme proportion de terres arables en Argentine a été consacrée à la culture du soja transgénique. De nombreuses plaintes ont été déposées en raison des dommages causés aux récoltes par le glyphosate et d’autres herbicides. “Nous n’avons aucune idée des préjudices subis à l’échelle du pays, car les autorités n’exercent pas un contrôle suffisant”, dénonce Walter Pengue, un agroécologiste de l’université de Buenos Aires. Compte tenu de l’engouement de l’Argentine pour cette nouvelle culture, l’expert prévoit une multiplication des incidents de ce type.
La culture des OGM n’est pas la seule coupable des difficultés de l’agriculture argentine. La crise économique est aussi largement responsable. Mais l’expérience du pays dans ce domaine a mis en évidence des problèmes dont le reste du monde ferait bien de se préoccuper, notamment des pays en développement comme le Brésil, le deuxième producteur de soja de la planète après les Etats-Unis.

En 1997, l’Argentine a été l’un des premiers pays du monde avec les Etats-Unis à permettre les cultures d’OGM. L’importation massive du soja Roundup Ready de Monsanto, une variété résistante au glyphosate – produit commercialisé sous le nom de Roundup par la compagnie – a ainsi été autorisée. Les agriculteurs argentins ont vu dans cette nouvelle culture la solution à certains de leurs problèmes les plus urgents. Depuis la fin des années 1980, la pampa, la région agricole la plus vaste – 5 millions d’hectares – et la plus fertile du pays, souffrait
d’une sérieuse érosion des sols sur la moitié de sa surface. Selon l’Institut national de la technologie agricole (INTA), le rendement des terres du grenier à céréales de l’Argentine avait diminué de plus d’un tiers. Pour tenter de remédier à l’érosion, les agriculteurs ont d’abord essayé de planter les graines de soja sans labourer la terre. Mais leurs champs étaient de ce fait envahis par les mauvaises herbes.
Le soja Roundup Ready est alors apparu comme un cadeau du ciel. Les paysans pouvaient pratiquer la culture sans labour en se contentant de deux arrosages de glyphosate par an aux moments clés de la saison – au lieu de cinq ou six auparavant. De plus, les semences étaient livrées avec le matériel et les pesticides adéquats. Les coûts de production étaient donc moins élevés. Contrairement aux Etats-Unis, où les agriculteurs devaient payer un droit d’au moins 35 % pour cultiver des OGM, l’Argentine n’était signataire, à l’époque, d’aucun accord international sur les brevets. Monsanto ne pouvait donc les taxer que légèrement s’il ne voulait pas être concurrencé par des entreprises produisant des génériques. L’alimentation du bétail créant une demande mondiale de soja apparemment insatiable, les paysans argentins se sont rués sur le secteur. L’un des rares à générer des bénéfices, dans une économie en pleine crise.

Des citadins qui souhaitaient profiter de l’aubaine ont loué des terres à de petits propriétaires appauvris et y ont cultivé du soja. Anta, l’exploitation agricole de Colonia Loma Senés poursuivie en justice, a bénéficié de ces opérations. En 2002, près de la moitié des terres arables argentines (11,6 millions d’hectares) étaient plantées de soja, le plus souvent transgénique. Depuis la pampa, le soja a progressivement gagné des régions très pauvres et écologiquement fragiles comme les provinces du Chaco, de Santiago del Estero, de Salta et de Formosa, dans le nord du pays. Le groupe Monsanto lui-même n’avait pas imaginé que la propagation du soja Roundup Ready serait aussi rapide. Au départ, tout semblait merveilleux. De 1997 à 2002, la superficie occupée par le soja a augmenté de 75 % et le rendement a fait un bond de 173 %. Les premières années, l’opération s’est également révélée salutaire pour l’environnement. L’érosion des sols s’est ralentie et le glyphosate était moins toxique que les autres produits.

Quand les cours mondiaux du soja ont commencé à décliner du fait de l’accroissement de l’offre, les agriculteurs argentins ont continué à prospérer, Monsanto ayant progressivement divisé par deux le prix du Roundup. Les agriculteurs argentins ont gagné au total quelque 5 milliards de dollars. Cependant, quelques agronomes ont commencé à tirer la sonnette d’alarme. La conversion générale et incontrôlée au soja transgénique avait engendré des problèmes imprévus. Dans une étude américaine publiée en 2001 par le Northwest Science and Environmental Policy Center, le conseiller en économie agricole Charles Benbrook [le José Bové américain] soulignait que les producteurs argentins de soja Roundup Ready utilisaient deux fois plus d’herbicide que ceux qui cultivaient du soja ordinaire, et cela à cause des mauvaises herbes résistantes.

Il notait également que les Argentins avaient recours au glyphosate plus souvent que leurs homologues américains (2,3 applications en moyenne par an, contre 1,3). “L’histoire nous montre, écrivait-il, que lorsqu’on s’en remet à une seule stratégie pour lutter contre les mauvaises herbes ou les insectes, on court à l’échec, car des réactions écologiques et génétiques s’ensuivent à long terme.” Il recommandait aux agriculteurs argentins de réduire de moitié leurs superficies plantées de Roundup Ready afin de restreindre l’usage du glyphosate. “S’ils ne réagissent pas, ils risquent de se trouver confrontés à de graves problèmes, notamment une modification de la microbiologie du sol”, soulignait-il.

Ses avertissements n’ont eu aucun effet. Compte tenu des difficultés économiques du pays et de la rentabilité du soja – la plus forte de tous les produits d’exportation –, le gouvernement argentin a préféré faire la sourde oreille. Les superficies plantées de Roundup Ready ont continué d’augmenter. Les agriculteurs, touchés par l’effondrement du peso en 2001, se sont de plus en plus orientés vers la monoculture du soja, les autres céréales n’étant plus rentables sur le marché intérieur. La consommation de glyphosate a elle aussi augmenté : selon les estimations de Walter Pengue, elle atteignait 150 millions de litres en 2003, contre 13,9 millions en 1997.

Lors d’une étude de l’impact du soja Roundup Ready sur les mauvaises herbes, Delma Faccini, de l’université nationale de Rosario, a découvert que plusieurs variétés d’herbes résistantes au glyphosate, peu répandues jusque-là, avaient proliféré. Par ailleurs, des agronomes de l’agence de l’INTA à Venado Tuerto, près de Rosario, ont rapporté que les agriculteurs étaient obligés d’utiliser de plus fortes concentrations de glyphosate.

La troisième prédiction de Charles Benbrook – la modification de la microbiologie du sol – est également en train de se réaliser. “La quantité d’herbicide utilisée est si importante que le sol contient moins de bactéries et devient inerte, ce qui entrave le processus de décomposition”, explique l’agronome Adolfo Boy, qui milite contre la culture des OGM. “Dans certaines exploitations, il est même nécessaire de débarrasser la terre de la végétation morte”, ajoute-t-il. A son avis, la niche écologique qui s’est libérée va attirer les limaces, les escargots et les champignons.

Les Etats-Unis, eux non plus, ne sont pas épargnés. Selon le généticien canadien Joe Cummins, des analyses conduites dans le Midwest sur l’effet des herbicides, en particulier le glyphosate, sur les communautés microbiennes contenues dans le sol ont révélé une colonisation progressive des racines du soja Roundup Ready par le champignon Fusarium.

Un autre problème auquel les agriculteurs argentins doivent faire face est la prolifération du soja “spontané”. Celui-ci germe à partir de graines perdues durant la récolte et résiste à des doses normales de glyphosate. Des entreprises agrochimiques comme Syngenta en profitent pour vendre leurs produits en présentant le soja spontané comme une mauvaise herbe et en conseillant aux paysans d’utiliser un mélange de paraquat et d’atrazine pour en venir à bout. D’autres entreprises, dont Dow Agroscience, recommandent de mélanger le glyphosate à des herbicides tels que le metsulfuron et le clopyralide [des mélanges hautement toxiques].

Mais tous les scientifiques argentins ne sont pas convaincus que l’usage intensif de glyphosate soit si néfaste et certains affirment
que la situation est loin d’être critique. “Il existe réellement des problèmes de tolérance des mauvaises herbes, mais pas à une échelle suffisante pour affecter sérieusement l’ensemble des récoltes ou menacer l’avenir de la culture du soja”, affirme Carlos Senigalesi, directeur de projets de recherche à l’INTA. Pour lui, les problèmes viennent moins du soja transgénique que du fait que les agriculteurs ne cultivent plus que du soja. “La monoculture n’est bonne ni pour les sols ni pour la biodiversité ; le gouvernement devrait encourager les paysans à revenir à la rotation des cultures, dit-il. Mais, chez nous, c’est la loi du marché qui l’emporte. Les agriculteurs ne reçoivent pas de directives. Il n’y a ni subventions, ni prix minimal. Je pense que l’Argentine est le seul pays au monde où les autorités n’ont pas de plan précis pour l’agriculture et s’en remettent totalement aux forces du marché.”

Récemment, l’INTA a pourtant commencé à exprimer ses préoccupations.
Dans un rapport publié en décembre 2003, elle critique le manque de planification du développement de l’agriculture et met en garde contre un déclin inévitable de la production. La dégradation quantitative et qualitative des réserves du pays en ressources naturelles peut être irréversible si rien n’est fait pour remédier à cette situation. La filiale argentine de Monsanto a refusé de s’exprimer sur ces accusations, mais elle s’est dite préoccupée par la situation et convaincue que la rotation des cultures est préférable à la monoculture. L’entreprise commence elle-même à pâtir du manque de contrôle des autorités : en janvier, elle a brusquement suspendu ses ventes de semences de soja Roundup Ready en expliquant que les agriculteurs argentins achetaient la moitié de leurs semences au marché noir.

Pour Charles Benbrook, tout cela s’ajoute à des perspectives déjà très sombres. “L’Argentine est confrontée à de gros problèmes agronomiques et elle n’a ni les ressources ni le savoir-faire nécessaires pour les résoudre, explique-t-il. Elle s’est convertie aux OGM plus rapidement et radicalement que tous les autres pays du monde. Elle n’a pas pris les précautions qui s’imposaient pour résoudre les problèmes de résistance des mauvaises herbes et protéger la fertilité des sols. Au train où vont les choses, je ne pense pas que l’agriculture puisse tenir au-delà de deux ans.” L’Argentine était naguère l’un des plus gros fournisseurs mondiaux de denrées alimentaires, notamment de blé et de viande de bœuf. Mais la “sojaïsation” de l’économie, comme disent les Argentins, a mis fin à tout cela. Quelque 150 000 petits exploitants ont perdu leurs terres, et la production de nombreuses denrées, dont le lait, le riz, le maïs, les pommes de terre et les lentilles, a chuté. On cite souvent l’Argentine comme un exemple de ce qui peut arriver quand on privilégie la production d’une seule denrée pour le marché mondial au détriment de la sécurité alimentaire. Quand cette denrée est produite dans un système de quasi-monoculture, reposant de surcroît sur une technologie hasardeuse et fournie par des multinationales, la situation devient d’autant plus risquée.

Pour l’heure, peu de pays ont opté pour les OGM : les Etats-Unis et l’ Argentine représentent à eux seuls 84 % des récoltes mondiales. Mais certains gouvernements, dont celui de la Grande-Bretagne, semblent de plus en plus disposés à autoriser leur culture. Ils feraient bien de regarder du côté de l’Argentine pour avoir une idée des conséquences fâcheuses auxquelles ils s’exposent.


Interdiction des OGM sur des territoires californiens

 Décision de la ville Arcata en Californie d’interdire la culture et la commercialisation de semences OGM sur le territoire de la commune. Ce texte rejoint les décisions prises par trois districts agricoles de Californie, qui bénéficient d'une autonomie plus grande que les communes et départements français.

ORDINANCE NO. 1350
AN ORDINANCE OF THE CITY COUNCIL OF THE CITY OF ARCATA
AMENDING THE ARCATA MUNICIPAL CODE TO ADD AN ORDINANCE REGULATING GENETICALLY ENGINEERED ORGANISMS.
TITLE V: SANITATION AND HEALTH
CHAPTER 10: GENETICALLY ENGINEERED ORGANISMS


The City Council makes the following findings:
A. Genetically engineered life forms and products are being developed with precipitous speed, and have been introduced into the marketplace before the potential risks and long-term effects of these products have been studied. There are inadequate long-term studies on the impact of genetically modified foods and their impact on humans. It is necessary to protect Arcata’s agricultural industry, natural environment, private property rights of our citizens, and the health and safety of our people by restricting the introduction of genetically altered crops, and other organisms.
B. The impact on our natural environment from genetically engineered organisms and contamination from such is unpredictable, ultimately uncontrollable, and has received little study. It is undeniable that genetically engineered crops have the potential to contaminate other crops and plants, at a distance, through cross-pollination. This may alter or displace existing species of plants, thereby threatening historical preserved strains of food crops, destroying local ecosystems and eradicating biodiversity.
C. The planting of genetically modified crops may accelerate the development of resistant pest populations, thus limiting the types of pesticides and herbicides that can be used in the future to control those pests and has the potential for producing “super weeds” that are difficult and expensive for farmers and communities to eradicate.
D. It is impossible for a farmer who plants genetically engineered seed to contain the pollen from those crops, and to prevent the contamination of conventionally propagated crops belonging to others at a distance.
E. Based on these factors, the City Council finds that the propagation, cultivation, raising, and growing of genetically engineered crops in the City of Arcata constitutes a public nuisance, and shall not be deemed legitimate agricultural operations.

(...)

City Clerk, City of Arcata


LE CRIIGEN dénonce l'importation d'un maïs OGM très mal évalué sur la santé

Ce 26 octobre, la Commission Européenne a décidé d'autoriser l'importation pour la consommation humaine de maïs OGM NK603 tolérant au Roundup, donc susceptible d'en contenir, de la Société Monsanto. Onze Etats membres seulement sur 25 auraient approuvé cette décision l'été dernier, dont la France.
Or, par exemple en France, un des comités sur lequel ce pays a basé son Avis est la Commission du Génie Biomoléculaire (CGB). Pendant ses délibérations, cinquante différences significatives avaient été observées sur la santé des rats consommant ces OGM pendant 13 semaines, d'après les tests de la société demandant la commercialisation et menant ces expériences. Ces différences ont été jugées "sans signification toxicologique" par un expert qui avait eu seul les données, avec le président de la Commission, qui envoya dans l'urgence cet avis aux autorités européennes pendant les vacances d'août
en informant la CGB en septembre. Ce procédé simplifié peut facilement conduire à entériner des erreurs d'interprétation et à sous-estimer les effets décrits dans les dossiers.
De telles erreurs d'interprétation peuvent aussi s'être produites au niveau européen où le processus décisionnel par les scientifiques reste opaque.
La Société Monsanto a publié dans un journal scientifique l'absence de problème, sans publier les taux du désherbant Roundup présent dans le maïs OGM qui pourraient causer des problèmes de santé à moyen et long terme. Le CRIIGEN, comité d'expertise indépendante et contradictoire sur le génie génétique, avait eu beaucoup de mal à rendre publiques ces délibérations couvertes par le secret industriel et gouvernemental (Le Monde, 23/4/2004). Il avait dû faire appel pour cela à la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA).
En fait, il ressort de ces problèmes que le niveau d'exigence ou de laxisme d'une poignée de scientifiques décide de l'interprétation des tests effectués par l'entreprise et qui rend rentable et possible ou pas la diffusion de ces maïs OGM.
Il est temps d'appliquer les plus hauts standards scientifiques et des exigences d'éthique, d'honnêteté et d'expertises contradictoires pour ce qui s'avère être une des plus importantes transformations du monde : l'application du génie génétique permet aujourd'hui la modification artificielle du patrimoine héréditaire des êtres vivants qui nous entourent.
De telles potentialités doivent être réservées à l'amélioration des conditions de vie de l'homme après mure réflexion sur leurs conséquences, plutôt que de servir uniquement de simples intérêts commerciaux immédiats.



La nouvelle loi Irakienne sur les brevets - Une déclaration de guerre contre les fermiers
Une nouvelle loi facilite la pénétration de l'agriculture irakienne par des géants qui contrôlent le commerce mondial de graines tels Monsanto, Syngenta, Bayer et Dow Chemicals.

Grain et Focus on the Global South


Quand L. Paul Bremer III, alors administrateur de la coalition provisoire en Irak, quitta Bagdad en juin 2004, après le prétendu 'transfert de souveraineté', il laissait derrière lui 100 ordres qu'il avait émis en tant que chef des forces d'occupation. Parmi ceux-ci, se trouve l'ordre 81 qui concerne les "Brevets, le design industriel, l'information non révélée, les circuits intégrés, et la loi sur les variétés de plantes". [1] Cet ordre a pour effet de remplacer la loi Iraquienne de 1970 sur les brevets et il a force de loi [2] jusqu'à ce que la nouvelle administration décide de le réviser ou de l'abroger. Avec cette loi, les Etats-Unis ont posé un jalon supplémentaire important pour la transformation radicale de l'économie de l'Irak et ceci avec des implications majeures pour les paysans et l'avenir de l'agriculture dans ce pays.
Qui en profite?
En Irak presque tout le système de production de semences a opéré, depuis plusieurs générations de façon informelle et non régulée. Les pratiques agricoles ont pendant longtemps eu comme base les graines de semences conservées dans les fermes où l'innovation est gratuite et où l'échange de semences se fait parmi les communautés de paysans. Avec la nouvelle loi, cela est désormais illégal. Les paysans/ producteurs de semences sont maintenant autorisés à planter des variétés 'protégées' qui ont été importées en Irak par des corporations transnationales et dont les droits de propriété sont retenus par ces derniers - tout cela au nom de la reconstruction! Tandis qu'historiquement la Constitution irakienne interdisait les droits de propriété privée sur les ressources biologiques, la nouvelle loi des brevets, imposée par les Américains introduit un système de droits monopolistique sur les semences. On a ajouté à l'ancienne loi irakienne tout un chapitre sur la protection de variétés de plantes (PVP), qui prévoit de 'protéger les nouvelles variétés de plantes'. PVP est un droit de propriété intellectuelle ou un genre de brevet pour les variétés de plantes donnant des droits exclusifs de monopole à un sélectionneur qui prétendrait avoir développé une nouvelle variété. Ainsi la 'protection' dans PVP n'a rien à voir avec la conservation mais se destine plutôt à protéger les intérêts commerciaux des sélectionneurs privés (souvent de grandes Corporations) qui prétendent avoir créé de nouvelles plantes.
Les conditions imposées par la Convention de l'UPOV [3] pour qu'une variété de plante soit qualifiée de PVP, sont les suivantes : elle doit être nouvelle, distincte, homogène est stable. Les graines développées par les paysans ne peuvent répondre à ces critères, et ainsi les droits accordés sous le PVP seront exclusivement réservés aux Corporations. Sous cette mesure les sélectionneurs se voient donc octroyés des droits exclusifs de produire, reproduire, vendre, exporter, importer et stocker les variétés protégées. Ces droits ne concernent pas seulement les graines mais aussi les récoltes y compris des plantes entières ou des parties de plante obtenues à partir de l'utilisation de variétés protégées. Ce genre de système de PVP est souvent la première étape qui mènera éventuellement au brevetage du vivant. En effet dans le cadre de cette loi, le brevetage de plantes et d'animaux n'est pas exclu.
La durée du monopole octroyé est de 20 ans pour les plantes agricoles et de 25 ans pour les arbres et les vignes. Durant cette période la variété protégée devient de facto la propriété personnelle du sélectionneur, et nul ne peut la planter ou l'utiliser d'une façon ou d'une autre sans compenser ce dernier. Sous les provisions de cette nouvelle loi, [4] les paysans irakiens ne peuvent plus librement et légalement planter ou conserver des graines de semences de n'importe quelle variété de plantes enregistrées. Cela les prive donc d'un droit qui est considéré par eux et par beaucoup d'autres de part le monde comme étant un droit inaliénable; celui de conserver et de replanter les graines.
Contrôle des Corporations
La nouvelle loi est présentée comme étant nécessaire pour assurer l'approvisionnement de graines de bonne qualité en Irak et de faciliter l'accession de l'Irak à l'OMC. [5] En réalité, elle facilite la pénétration de l'agriculture irakienne par des géants qui contrôlent le commerce mondial de graines tels Monsanto, Syngenta, Bayer et Dow Chemicals. Cette loi a réussi à éliminer la compétition venant des paysans, ce qui est une condition préalable pour aider ces multinationales à lancer leurs opérations en Irak. Prendre contrôle du premier maillon dans la chaîne alimentaire est leur prochaine étape. En dépit de la résistance farouche contre les OGM venant des paysans et des consommateurs à travers le monde, cette nouvelle loi encourage explicitement la commercialisation de graines génétiquement modifiées. Ces multinationales ignorent cette résistance et ne retiennent qu'une seule et unique considération - leurs profits.
En dépit de ce que l'Industrie veut bien nous faire croire, les graines génétiquement modifiées ne réduit pas l'utilisation de pesticides mais par contre posent un risque à l'environnement et à la santé et augmentent la dépendance des fermiers sur les agrobusiness. Dans certains pays, en Inde par exemple, la dissémination 'accidentelle' des OGM est faite de façon délibérée [6] puisque la ségrégation entre les cultures GM et non-GM n'est pas possible. Aussitôt introduit dans le cycle agro écologique, ce n'est plus possible d' enlever ou de nettoyer la pollution génétique. [7]
En ce qui concerne l'argument de l'OMC, l'Irak a légalement un certain nombre d'options pour se conformer aux règles de l'organisation sur la propriété intellectuelle mais les Etats Unis ont tout simplement décidé que l'Irak ne devrait ni les explorer ni en bénéficier.
Sous la Façade de la reconstruction
L'Irak est un pays de plus sur la scène mondiale, à subir cette impulsion globale de faire adopter des lois de brevets sur les semences, pour protéger les droits monopolistiques des corporations multinationales aux dépens des fermiers locaux. Beaucoup d'autres pays du sud ont été forcés [8] à adopter des lois de brevets sur les semences à travers des traités bilatéraux [9] durant cette dernière décennie. Le Sri Lanka [10] et le Cambodge [11] en sont des exemples flagrants : sous la pression des Etats-Unis, ils ont adoptés des lois sur la protection des plantes basées sur le modèle UPOV et celles-ci vont bien au-delà des normes requises par l'OMC concernant les Droits de Propriété Intellectuelle. Les pays sortant des conflits ont aussi été ciblés de la même manière, comme dans le cas de l'Afghanistan [12] qui vient de signer un accord de Commerce et d'investissement avec les Etats-Unis dans le cadre de la reconstruction et qui comprend aussi des mesures relatives aux droits à la propriété intellectuelle.
Mais l'Irak est un cas particulier car l'adoption des lois sur le brevetage n'a pas été faite dans le cadre des négociations entre Etats souverains, ni non plus par un corps souverain qui reflète la volonté du peuple Irakien. La loi sur le brevetage en Irak n'est rien d'autre qu'une mesure supplémentaire pour effectuer la transformation radicale et complète de l'économie d'un pays occupé, 'd'après les dogmes néo-libéraux des forces d'occupation. Cette transformation ne consiste pas seulement à faire adopter des lois préférées mais aussi à mettre sur pieds des institutions qui sont plus favorables au régime du marché.
L'ordre 81 n'est qu'un ordre parmi les 100 ordres laissés derrière lui par Bremmer qui jettent les bases d'un régime néo-libéral en Irak, l'objectif premier des Etat-Unis. Parmi les plus notoires et questionnables se trouve l'ordre 39 qui met en place le cadre légal pour l'économie de l'Irak en donnant aux investisseurs étrangers les mêmes droits que les Irakiens pour l'exploitation du marché domestique. Dans leur ensemble, toutes ces lois qui couvrent pratiquement tous les aspects de l'économie - y compris le commerce, le mandat de la banque centrale, les règlements sur les activités des syndicats, etc -démontrent clairement le but visé.
L' ordre 81 déclare de manière explicite que ses clauses sont compatibles avec la 'transition d'une économie planifiée et non transparente à une économie de marché libre qui est caractérisée par la croissance économique soutenable à travers l'établissement d'un secteur privé dynamique, et la nécessité d'instituer des reformes institutionnelles et légales à cet fin.' Le US Agency for International Development qui est le moteur derrière ces 'réformes' a adopté depuis octobre 2003 un programme de développement et de reconstruction de l'agriculture en Irak (ARDI). Pour le réaliser, on a accordé un contrat d'une année de $5 million à une firme de consultant Américaine, Development Alternatives Inc. [13] et qui a comme partenaire l'université de Texas A&M. [14] Une partie de ces travaux ont été sous-traités à une firme Australienne, Sagric International. [15] Sous la façade de la reconstruction de l'agriculture de l'Irak, le véritable objectif de ARDI est de développer les opportunités dans l'agrobusiness pour les firmes étrangères et d'ouvrir le marché irakien à des produits et services agricoles venant d'ailleurs.
Ainsi le travail de reconstruction n'est pas nécessairement de reconstruire l'économie et les capacités domestique mais consiste à aider les firmes approuvées par les forces d'occupation à profiter au maximum des opportunités en Irak. À travers la loi cadre mis en place par Bremmer, on s'est assuré que même si les troupes Américaines quittent l'Irak dans un avenir pas trop lointain, sa domination économique, elle, ne sera pas affectée.
Souveraineté alimentaire
La souveraineté alimentaire est le droit d'un peuple à définir sa politique d'agriculture et sa propre nourriture, à protéger et à régler le commerce et la production agricole domestique, à décider de la façon par laquelle la nourriture sera produite et de ce qui devrait être importé ou produit localement. La revendication pour l'a souveraineté alimentaire et l'opposition au brevetage des semences ont été au centre même de la lutte des petits fermiers à travers le monde durant la dernière décennie. En changeant fondamentalement le régime de droits à la propriété Intellectuelle, les Etats-Unis se sont assurés que le système d'agriculture de l'Irak restera sous 'occupation'.
L'Irak a le potentiel de se nourrir, mais au lieu de développer cette capacité les Etats Unis ont façonné l'avenir de son agriculture et de sa politique alimentaire pour servir les intérêts des Corporations Américaines. Le nouveau régime des droits de propriété intellectuelle ne démontre aucun respect pour la contribution des paysans irakiens au développement d'importants produits agricoles, tel le blé, l'orge, les dattes et les légumineuses. Des échantillons de ces variétés développées par les fermiers avaient commencé à être préservés dans les années 1970s dans la banque de gènes du pays à Abu Ghraib, qui se trouve en dehors de Bagdad. On craint que tous ceux-ci aient été perdus durant ces longues années de conflits. Mais le Centre International de Recherche dans les Régions Sèches (ICARDA), basé en Syrie et qui fait partie du Groupe de Consultation International sur la Recherche Agricole (CGIAR), [17] détient toujours plusieurs variétés irakiennes.
Ces collections qui sont le témoignage du savoir-faire des paysans irakiens sont censées être gardées en fidéicommis par le centre. Elles représentent le patrimoine agricole de l'Irak appartenant aux paysans irakiens et doivent maintenant être rapatriées. Il y a eu des situations dans le passé où le germoplasme tenu par des centres de recherches internationales était passé entre les mains des scientifiques des pays développés. [18] Ce genre de bio piratage est encouragé par un régime de droits à la propriété intellectuelle qui ignore l'art déployé par le paysan en premier lieu et accorde des droits à un sélectionneur qui prétend avoir créé quelque chose de nouveau à partir du matériel et de la connaissance de ce paysan.
Tandis que la souveraineté politique demeure une illusion, la souveraineté alimentaire du peuple irakien a été rendue presque impossible par ces nouveaux règlements. La liberté et la souveraineté de l'Irak demeureront incertaines tant que les Irakiens ne contrôleront pas ce qu'ils sèment, cultivent, récoltent et mangent.


REFERENCES
[1] Brevets, le design industriel, l'information non révélée, les circuits intégrés, et la loi sur les variétés de plantes de 2004, CPA Ordre No.81, 26 avril 2004, http://www.iraqcoalition.org/ regulations/20040426_CPAORD_81 _Patents_Law.pdf
[2] Le PVP entrera en vigueur dès que que le ministre de l'agriculture irakienne aura fait passer les ordres de mise en place d'après les clauses de cette loi.
[3] UPOV est l'Union International pour la Protection de Nouvelles Variétés de Plantes, qui a son quartier général à Genève en Suisse. C'est une organisation intergouvernementale avec 53 membres dont la plupart proviennent des pays industrialisés. La Convention de l'UPOV est un ensemble de normes établies pour la protection des variétés de plante qui sont orientées principalement en faveur de l'agriculture industrielle et des intérêts corporatifs. Voir http://www.upov.org .
[4] Chapitre trois, quart de l'Article 15 B : il sera interdit aux fermiers de re-utiliser des graines de variétés protégées ou de n'importe quelle variété mentionnée.
[5] Organisation Mondial du Commerce, où le gouvernement de l'Irak a statut d'observateur.
[6] http://www.grain.org/ research/contamination.cfm?agenda
[7] GRAIN, "face à la contamination: 5 raisons de rejeter la co-existence", Seedling, avril 2004, p 1. http://www.grain.org/ seedling/?id=280
[8] GRAIN, PVP dans les pays du sud : capitulation vis-à-vis de l'UPOV, http://www.grain.org/ rights/?id=64
[9] GRAIN, Accords bilatéraux imposant des droits de propriétés intellectuelles (TRIPS-plus) sur la biodiversité dans les pays en voie de développement, http://www.grain.org/ rights/?id=68
[10] http://www.grain.org/ brl/?typeid=15
[11] http://www.bilaterals.org/ article.php3?id_article=387
[12] http://www.ustr.gov/ Document_Library/ Press_Releases/2004/ September/United_States_Afghanistan _Sign_Trade_Investment_ Framework_Agreement.html
[13] http://www.dai.com
[14] Le département d'agriculture de l'université "est un leader mondial dans le domaine de la biotechnologie" et l'université travaille en étroite collaboration avec les services de recherches agricole de l'USDA.
[15] http://www.sagric.com.au
[16] http://www.export.gov/iraq/market_ops/
[17] Groupe de Consultation International sur la Recherche Agricole (CGIAR), un système avec ses 16 Centres de Recherche Agricole Internationale (IARC's) dont ICARDA en est un, détient la plus grande collection de ressources génétiques végétales en dehors de leur habitat naturel, au monde, qui comprennent les variétés paysannes ainsi que des variétés améliorées.
[18] En 2001 il fût découvert qu'un généticiste Américain avait obtenu des graines d'une variété originale du fameux riz de jasmin Thaïlandaise, Khao Dok Mali (KDM) 105, de l'Institut Internationale de la recherche sur le riz (IRRI), un des centres du CGIAR basé aux Philippines. Il n' avait été signé aucun Accord de Transfert de Matériel (MTA) en dépit des obligations internationales de l´IRRI de le faire respecter.


Procès OGM à Toulouse: le tribunal accepte de faire comparaître les 250 faucheurs volontaires

Le 8 novembre 2004 : AP

TOULOUSE -- Le tribunal correctionnel de Toulouse a accepté lundi, à la demande des avocats de la défense, de faire comparaître en même temps que les neuf prévenus près de 250 personnes qui revendiquent avoir participé au fauchage de maïs OGM à Menville (Haute-Garonne) le 25 juillet dernier.
Jean Cavaillès, le procureur de la République, a cependant annoncé sa volonté de faire appel de cette décision et devrait le notifier à la reprise de l'audience à 14h15.
Une décision qualifiée d'historique par José Bové, un des prévenus, et reçue par une salve d'applaudissements et une explosion de joie. «C'est la première fois dans l'histoire de la justice française que la désobéissance civile est reconnue comme un acte collectif (...) et c'est un véritable camouflet pour M. Perben», a-t-il déclaré. Il a ajouté: «le pouvoir revient aux citoyens, nous allons gagner notre combat contre les OGM (organismes génétiquement modifiés)». José Bové a salué dans cette décision «la manifestation de l'indépendance de la justice».
Après une heure et demie de délibérations, le tribunal a accepté les arguments des avocats de la défense qui souhaitaient qu'on ne juge pas les prévenus comme de simples délinquants mais qu'on s'intéresse au fond du dossier, c'est-à-dire selon la défense la dangerosité des OGM et la nécessité de légiférer à ce sujet.
Dès l'ouverture du procès vers 10h20, les avocats de la défense avaient demandé de faire comparaître près de 250 personnes (présentes dans la salles ou à l'extérieur du palais) qui revendiquent avoir participé au fauchage, tout comme les neuf prévenus. Ils ont dénoncé en cas de refus du tribunal «un procès tronqué» ou «biaisé», tout en revendiquant l'application de l'article 6 de la Convention des droits de l'Homme qui assure le droit à un procès équitable.
A l'intérieur du tribunal et à leur sortie, les prévenus ont été accueillis par des applaudissements et des explosions de joie. A l'extérieur du palais, plus de 200 personnes attendaient l'issue du procès.
Cette décision, qui fera jurisprudence selon Me François Roux, avocat de la défense, est «de bon augure pour les mouvements sociaux», en ajoutant qu'il s'agissait d'un très grand moment, pour la désobéissance civile en France, quelle que soit l'issue du procès».
Il avait souligné dans son argumentaire que des dizaines de militants s'étaient faits identifier volontairement dans les commissariats de Toulouse après le fauchage et que la justice avait elle-même reconnu dans les convocations envoyées aux neuf prévenus qu'ils avaient agi avec «quelque 400 co-auteurs ou complices» présumés
Pour le conseil des militants anti-OGM, il était donc «inconcevable» que la justice ne les juge pas en même temps.
Les prévenus encourent une peine allant de 75.000 euros d'amende et cinq ans de prison, sauf José Bové qui, en récidive légale, risque le double, soit dix ans d'emprisonnement et 150.000 euros d'amende.
Les députés Verts Noël Mamère et Gérard Onesta ont renoncé à leur immunité parlementaire pour comparaître avec les autres faucheurs.


Le procès des faucheurs d'OGM renvoyé à 2005

par Nicolas Fichot, Libération du 8 novembre 2004

TOULOUSE - Le procès devant le Tribunal correctionnel de Toulouse de neuf "faucheurs volontaires" d'OGM, dont les élus écologistes Noël Mamère et Gérard Onesta et le syndicaliste agricole José Bové, prévu initialement lundi et mardi, a été renvoyé au 24 janvier 2005.

Colette Pesso, la présidente du tribunal correctionnel de Toulouse où les neuf prévenus ont brièvement comparu lundi matin, a accédé à une demande de la défense qui veut un procès collectif. Le parquet a toutefois fait appel de la décision du tribunal correctionnel de faire comparaître les 250 autres auteurs des faits.

En cas de rejet de cet appel, le tribunal organisera un nouveau procès unique dans les annales judiciaires françaises qui rassemblera 259 prévenus.

Initialement, les neuf prévenus devaient répondre seuls du fauchage d'un champ de maïs transgénique le 25 juillet dernier à Menville (Haute Garonne) en présence de plusieurs centaines d'autres militants.

L'annonce du report du procès a été accueillie par une salve d'applaudissements dans la salle d'audience et devant le tribunal où s'étaient rassemblés 250 "prévenus volontaires" exigeant de comparaître eux-aussi.

Il s'agit d'une première victoire judiciaire, se sont félicités les sympathisants.

Selon eux, la présidente Pesso a abondé dans le sens des avocats sur la base des articles 383 et 389 du Code de procédure pénale stipulant notamment que "la compétence d'un tribunal doit s'étendre à tous les auteurs ou complices d'un délit".

"Ne vous laissez pas prendre en otage madame la présidente. Ne tombez pas dans le piège de ceux qui voudraient que vous ne jugiez que neuf personnes, les plus célèbres bien sûr. Ne jugez pas des exemples seulement", avait fait valoir, en début d'audience l'avocat de la défense, Me François Roux.

"Ce procès sera biaisé si vous refusez d'entendre les autres auteurs qui sont dans la rue aujourd'hui et vous demandent de comparaître devant votre Cour pour des faits qu'ils assument eux aussi", a-t-il ajouté.

"UN CAMOUFLET POUR PERBEN"

L'ancien leader de la Confédération paysanne a salué "une

décision historique".

"Pour la première fois la notion d'action collective est reconnue par un tribunal", s'est félicité José Bové. "C'est extraordinaire et cela prouve qu'il existe enfin une justice en France".

"Cette décision constitue un camouflet pour le ministre de la justice, Dominique Perben, qui avait essayé d'isoler neuf personnes", a-t-il souligné. "Dans le domaine de la désobéissance civile comme dans d'autres, c'est donc une grande justice pour tous puisque désormais la justice ne pourra plus faire des exemples dans ses jugements."

Pour le député-maire de Bègles (Gironde) il s'agit également d'"une victoire immense" qui ouvre la voie à "un véritable débat" sur la question des OGM.

Les prévenus, dont José Bové et les députés Verts Noël Mamère et Gérard Onesta, ont quitté le tribunal sans incident.

D'ici au 24 janvier 2005, le président de la Chambre d'appel du tribunal correctionnel de Toulouse doit statuer sur l'appel interjeté par l'avocat général, Jean Cavailles, à la décision de la présidente Pesso.

Depuis la création du collectif des "faucheurs volontaires d'OGM" appelant à la "désobéissance civile, en 2003, lors du rassemblement altermondialiste du Larzac, les faucheurs ont revendiqué cinq fauchages d'OGM "à visage découvert et les mains nues" dont ceux de Menville, Marsat (Puy-de-Dôme) et Pithiviers (Loiret).

Une heure avant l'ouverture du procès, de légers incidents avaient opposé plusieurs centaines de militants anti-OGM et les forces de l'ordre. Les manifestants ont dit vouloir transformer ce procès "en forum démocratique anti-OGM".


Les Faucheurs d'OGM se réjouissent d'"une grande victoire" juridique

Le Point

TOULOUSE (AFP) - La reconnaissance, lundi, par le tribunal de Toulouse du caractère collectif de leur action a été qualifiée de "victoire historique" par Les Faucheurs volontaires, dont 9 membres comparaissaient en correctionnelle pour un arrachage d'OGM le 25 juillet à Menville (Haute-Garonne).

Le procès a été renvoyé au 24 janvier.

"C'est la première fois que 250 personnes demandent à comparaître volontairement à la suite d'une action collective et la première fois, de fait, qu'un tribunal accepte une telle requête", a estimé l'un des avocats des Faucheurs, Me François Roux.

Dès l'ouverture de l'audience, les 4 avocats de la défense avaient engagé une bataille de procédure, afin d'obtenir la comparution de 259 autres participants à l'action de Menville demandant à être représentés.

Contestant la sélection de 9 faucheurs par l'accusation, alors qu'elle reconnaissait elle-même "que les faits ont été commis en réunion par plus de 400 co-auteurs", Me Roux estimait que le procès serait "tronqué" et "irrégulier" si le tribunal refusait sa requête.

A ce jour, seuls étaient poursuivis le député des Verts français Noël Mamère et européen Gérard Onesta, le syndicaliste paysan José Bové, les élus municipaux toulousains François Simon (ex PS) et Pierre Labeyrie (Verts), le secrétaire national des Verts Gilles Lemaire, le conseiller régional Verts Michel Daverat (Aquitaine) ainsi que Jean-Baptiste Libouban, fondateur du collectif des Faucheurs volontaires, et un militant, Jean-Aimé Gravas.

Après deux longues heures de réflexion, la présidente du tribunal, Colette Pesso, a finalement accédé à cette requête, considérant qu'"un procès équitable justifi(ait) que l'ensemble des co-auteurs soient entendus".

© AFP
Arrachage volontaire de pieds de maïs, le 25 juillet 2004 à Menville, près de Toulouse
© AFP/Archives Pascal Pavani
Ulcéré, le procureur Jean Cavaillès a fait appel sur le champ, avant que, vers 16h00, la présidente Pesso n'annonce le renvoi du procès au 24 janvier. Si l'appel est jugé irrecevable, le procès aura bien lieu avec l'ensemble des prévenus. En revanche, si la cour d'appel refuse la comparution des 259 faucheurs supplémentaires, elle pourrait se saisir elle-même du dossier au fond.

"Ceci est un véritable camouflet au ministre de la Justice Dominique Perben qui a essayé d'isoler 9 personnes. C'est une grande victoire (...) Toute la stratégie de l'Etat sécuritaire s'écroule et nous allons gagner notre combat contre les OGM", a clamé José Bové devant 400 militants anti-OGM massés à l'extérieur du tribunal.

Pour Me François Roux, cette décision "fera jurisprudence". "Ce qui vient de se passer est un très grand moment car c'est la reconnaissance de la dimension collective de la désobéissance civile non-violente", a-t-il déclaré.

"C'est une décision historique car elle donne une existence juridique à la notion d'action collective", a abondé le député Verts Noël Mamère. "Maintenant (...) franchi(es) les portes de la justice, les portes de l'Assemblée nationale doivent s'ouvrir au débat démocratique", a-t-il ajouté, "fier", comme son homologue européen Gérard Onesta, "d'avoir agi en tant que député".

La Plateforme OGM, qui représente semenciers et industriels de la protection des plantes, dit pour sa part "rester sereine" et espérer le 24 janvier "un jugement qui tiendra compte de la hauteur des préjudices subis".

Les faucheurs quant à eux comptent maintenant mobiliser leur énergie "pour soutenir le 14 décembre les inculpés du procès de Riom", où, assure José Bové, "on plaidera la même chose".


« Jean-Louis Debré nous a assuré qu’il n’y aurait pas de loi avant avril »

Entretien réalisé par Vincent Defait, Rubrique Société de l'Humanité, le 8 novembre 2004

Le député socialiste Jean-Yves Le Déaut est président de mission parlementaire sur les conséquences des OGM.

À partir de mardi et pendant plusieurs mois, la mission parlementaire mise en place par Jean-Louis Debré, président de l’Assemblée nationale, organisera auditions et tables rondes. Jean-Yves Le Déaut, qui présidera cette mission, était à l’initiative, en 1998, des conférences de citoyens sur les OGM.

Le 21 octobre, Jacques Chirac annonçait une loi sur les OGM, qui devait être prête dans « deux semaines », d’après les ministères de l’Agriculture et de la Recherche. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Jean-Yves Le Déaut. La mission parlementaire d’information allait se télescoper avec le dépôt d’un projet de loi. Mercredi soir, Jean-Louis Debré nous a donc assuré qu’il n’y aura pas de dépôt de projet de loi avant le rendu du rapport de la mission d’information au mois d. Le projet de loi sera peut-être soumis au Conseil d’État.

Quel est l’objectif de votre mission ?

Jean-Yves Le Déaut. C’est une étude des conséquences sanitaires et environnementales des essais d’organismes génétiquement modifiés. Cela concerne donc la réglementation des essais. Le système d’autorisation et d’évaluation des essais est-il bon ? Dans quelles conditions les autoriser ? Comment traite-t-on les conséquences sanitaires et environnementales éventuelles ? Quel est le rapport entre les bénéfices et les risques ? Quelle législation au niveau national et européen ?

Le projet de loi vise à encadrer les essais en laboratoire et en plein champ. Cela vous semble-t-il nécessaire ?

Jean-Yves Le Déaut. D’abord, ce sont deux directives européennes à transposer en droit français. Ensuite, la loi de 1991 s’est faite dans l’indifférence générale. Il n’y a pas eu, à mon avis, de débats publics. Résultat, on parle d’OGM alors qu’il n’existe pas un unique OGM. Il s’agit d’une technique, comme un couteau, l’électricité ou le chemin de fer. On dit que le couteau ou l’électricité sont dangereux. Certes, mais cela dépend de ce que l’on veut en faire. Il faut donc étudier au cas par cas, se donner les moyens de le faire, et surtout engager le débat. Un certain nombre de nos concitoyens sont très inquiets. Il faut leur apporter des réponses. Nous devons engager un débat sur ce sujet complexe. Du côté des industriels, des multinationales comme Monsanto, qui ont essayé de faire passer les OGM sans la moindre discussion et sans un début de commencement de bénéfice pour le consommateur. On peut aussi regretter qu’un certain nombre de personnes critiquent la recherche sur les organismes transgéniques. Il est évident que, si on veut faire des progrès, non seulement dans les biotechnologies végétales mais aussi en matière de santé, il faut accepter la recherche, y compris après la transgénèse (après la transformation génétique, donc en serre ou en champ - NDLR).

Pourquoi avoir lancé ces deux initiatives simultanément ?

Jean-Yves Le Déaut. Jean-Louis Debré a voulu que des missions traitent de grands sujets de manière assez consensuelle. Il y a eu la laïcité, l’euthanasie, les transports aériens et enfin les OGM. Cette dernière a sans doute montré au président de la République qu’il avait oublié de transposer deux directives, d’où le réglage de dernière minute.

Que pensez-vous du procès des faucheurs qui se tient aujourd’hui à Toulouse ?

Jean-Yves Le Déaut. Nous sommes dans un État de droit. J’estime que, dès lors que des autorisations ont été données, on n’a pas à détruire des expérimentations. On peut comprendre, et même soutenir, l’inquiétude de personnes qui refusent l’appropriation du vivant et la brevetabilté d’un certain nombre de semences, permettant à de grandes multinationales de posséder le brevet pour les semences et les produits phytosanitaires qui vont avec. Mais on n’a pas à détruire la recherche dans la mesure où elle est autorisée. On peut changer le système d’instruction et d’évaluation des dossiers d’expérimentation en plein champ. On peut aussi faire pression pour changer les lois. Mais on ne peut pas détruire le travail de chercheurs.


L'Europe dit oui au maïs transgénique dans les aliments

Futura-Sciences, le 2 novembre 2004

La Commission Européenne a donné son accord pour l'importation et l'utilisation dans l'alimentation humaine d'un maïs issu des semences génétiquement modifiées de la société américaine Monsanto.

Ce feu vert, qui ne concerne pas la culture de la céréale sur le sol européen, fait suite à une autorisation comparable octroyée en juillet dernier dans le cadre de l'alimentation animale.

Le maïs concerné, du nom de Roundup Ready NK603, contient un gène qui lui confère une tolérance à l'herbicide Roundup, également fabriqué par Monsanto. Bien que hautement symbolique, la décision de la Commission n'aura sans doute pas, pour les exportateurs d'OGM américains, d'impact économique important - du moins dans l'immédiat.

En effet, les industriels de l'agroalimentaire en Europe préfèrent encore éviter d'intégrer des éléments transgéniques aux produits de consommation humaine. A cela deux raisons : les contraintes en matière d'étiquetage que cela entraîne et la réticence des consommateurs.


OGM : Dans un rapport tenu secret,
une Commission de l'Alena préconise le maintien du moratoire par le Mexique

19 octobre 2004, Paris/Bruxelles, FRANCE
http://www.greenpeace.org/france_fr/press/release?item_id=618911&campaign_id=

Greenpeace a dévoilé aujourd'hui un rapport de l'ALENA (1) qui recommande que tout le maïs américain soit moulu à son entrée au Mexique et que le Mexique prolonge son moratoire sur la culture de maïs génétiquement modifié pour protéger sa biodiversité. Le rapport, rédigé par la Commission pour la Coopération Environnementale (CEC) de l'ALENA, recommande également l'étiquetage de toutes les importations de maïs OGM (2). Le gouvernement américain a bloqué la publication de ce rapport depuis le mois de juin.

"La reconnaissance par ce rapport des risques environnementaux du maïs OGM va compliquer la position américaine dans sa plainte contre l'Europe à l'OMC. Ce n'est pas étonnant qu'ils aient tenté d'empêcher sa publication" a déclaré Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM à Greenpeace France.

En effet, en 2003, les Etats-Unis, le Canada et l'Argentine ont déclenché une plainte à l'OMC contre l'Europe à cause de son moratoire de fait sur les nouvelles autorisations, en vigueur depuis 1998. Ces trois pays sont les principaux exportateurs mondiaux de cultures transgéniques.

"Il est troublant de constater que l'Alena, organisation libre échangiste nord américaine, soutient un moratoire sur la culture du maïs OGM et s'inquiète plus des risques des importations d'OGM que la Commission européenne et l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments," a indiqué Eric Gall, conseiller politique pour l'unité européenne de Greenpeace. "Au lieu de faire pression sur les Etats membres pour qu'ils éliminent leurs interdictions nationales (3), la Commission devrait au contraire les soutenir".

Dans le cadre de la plainte devant l'OMC, la défense de l'Europe est basée en partie sur les incertitudes scientifiques concernant les impacts environnementaux et sanitaires des cultures OGM. En Juillet, le panel de l'OMC a accepté une demande européenne que des scientifiques soient consultés pour informer la décision de l'organisation (4), malgré la résistance américaine. Le rapport du CEC de l'ALENA va sans doute conforter les arguments de l'Europe.

La Commission a utilisé la plainte à l'OMC comme argument pour imposer de nouvelles autorisations d'OGM en Europe malgré le désaccord d'Etats-Membres. Elle a également menacé de procédures légales les Etats-Membres qui refuseraient de lever les interdictions nationales relatives aux OGM approuvés entre 1996 et 1998, et qui sont également attaqués par les Etats-Unis. Ces "clauses de sauvegarde" nationales seront discutées le 29 Novembre dans le Comité réglementaire de la Directive 2001/18.

Notes :
(1) - Accord de Libre-échange nord-américain, regroupant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique.
(2) - Le rapport attire l'attention sur les lacunes considérables qui existent au sujet des impacts du maïs OGM au Mexique. Il indique que les évaluations des risques effectuées aux Etats-Unis ne sont pas adéquates pour déterminer les impacts potentiels au Mexique. Dans la partie la plus lourde de conséquences du rapport, les auteurs, un groupe distingué de scientifiques et d'experts politiques, incluant des représentants de l'industrie des biotechnologies, ont recommandé à l'unanimité que "tout le maïs importé au Mexique des Etats-Unis et du Canada qui n'est pas certifié non OGM devrait être envoyé directement et sans exception dans des moulins pour sa transformation"*. Les auteurs concluent également : "En attendant qu'une recherche et des évaluations adéquates soient entreprises sur les risques et les bénéfices des effets du flux de gènes du maïs génétiquement modifié vers les variétés locales et la téosinthe et que des informations plus complètes soient disponibles pour les campesinos, le moratoire actuel devrait continuer à être appliqué à la culture commerciale du maïs transgénique au Mexique"*. En 2003, les Etats-Unis ont exporté plus de 5,5 millions de tonnes de maïs au Mexique. Au moins 30% de ce maïs est considéré comme génétiquement modifié. Cependant, comme la plus grande partie du maïs importé au Mexique n'est pas ségréguée, les 5,5 millions de tonnes devraient être étiquetées comme OGM.
* Traduction non officielle du rapport original en Espagnol.
(3) - Autriche, France, Allemagne, Luxembourg, Grèce, Italie.
(4) - La deuxième audition des Parties par le Panel devrait avoir lieu les 24 et 25novembre 2004 ; les négociations pour les nominations des experts scientifiques sont en cours.


Pesticides. La firme en procès pour publicité mensongère sur le Round Up.
La campagne «écologique» de Monsanto devant la justice

Eliane PATRIARCA, le vendredi 29 octobre 2004 (Libération)

Le 4 novembre, la firme d'agrochimie Monsanto-France devra répondre, devant le tribunal correctionnel de Lyon, de l'accusation de publicité mensongère pouvant induire en erreur le consommateur. La plainte a été déposée en 2000 par l'association écologiste Eaux et Rivières de Bretagne, à propos du Round Up, le pesticide inventé par le groupe en 1975. Monsanto, leader en France de la vente de pesticides aux particuliers, qui commercialise ce produit sous différents noms depuis une dizaine d'années, a bâti le succès du Round Up sur ses qualités «écologiques». Qualifié dans les publicités de «biodégradable», il est censé «protéger et respecter la nature». Des vertus miraculeuses pour un pesticide mais usurpées selon Eaux et Rivières de Bretagne.

Réhomologation. «En 2000, Monsanto s'est payé une grosse campagne de pub à la télé pour le Round Up. Nous, on venait d'obtenir les résultats d'études qui montraient la présence massive de glyphosate, la matière active du Round Up, dans les rivières bretonnes», raconte Gilles Huet, délégué de l'association. Or le glyphosate est un produit dangereux pour l'environnement dont la présence dans l'eau et les aliments est réglementée par de multiples textes français et européens. Scandalisée, l'association apprend que le Round Up a fait l'objet d'une procédure de réhomologation en 1993 aux Etats-Unis, et en Europe en 2001. «Or ces dossiers étaient étayés par des études scientifiques anciennes qui soulignaient le danger du glyphosate pour l'environnement, études que ne pouvait ignorer Monsanto France.» En 2001, la Commission européenne, qui réhomologue le glyphosate, le classe «toxique pour les organismes aquatiques», et pouvant «entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement».

«Vérité scientifique». «Avec ses pubs, Monsanto a ancré dans la tête des consommateurs que le Round Up est efficace et sans risque pour l'environnement», déplore Gilles Huet. La consommation de glyphosate a d'ailleurs été multipliée par deux entre 1997 et 2002.

La dégradation du glyphosate produit un métabolite, l'AMPA, aussi toxique que le glyphosate, mais dont la présence dans la nature est supérieur à celui de la molécule mère. «Biodégradable, pour le grand public, cela signifie qu'il disparaît sans laisser de trace, dénonce l'association. Il faudrait préciser en combien de temps !»

Hier, Monsanto France n'a pas répondu à nos questions. Mais, aux Etats-Unis, à la suite de plaintes de consommateurs, Monsanto a décidé en 1996 de retirer de ses publicités les mentions de biodégradabilité et de respect de l'environnement. «Pour que la vérité scientifique soit rétablie», Eaux et Rivières espère obtenir le même résultat.


POUR UNE ILE-DE-FRANCE SANS OGM

LE CONSEIL REGIONAL D’ILE-DE-FRANCE

VU le Code Général des collectivités territoriales ;

VU Le budget de la Région Ile-de-France pour 2004 ;

VU Les actes du colloque « OGM, la Région se mobilise », tenu le 14 juin 2004 ;

VU L’avis de la commission de l’environnement, du développement durable et de l’éco-région ;

VU Le rapport présenté par monsieur le président du conseil régional d’Ile-de-France

Considérant que, après cinq années de moratoire européen sur les OGM, une majorité des citoyens et des Etats membres de l’Union ne sont pas convaincus de l’intérêt des OGM ;

Considérant que l’impossibilité de résoudre juridiquement les problèmes de coexistence avec les autres filières justifie pleinement le refus d’importer des organismes transgéniques dans l’espace régional, que par ailleurs les assureurs refusent d’assumer le risque environnemental et de santé publique lié à la culture et la commercialisation d’OGM sur le territoire de l’Union, et qu’il n’existe actuellement aucune législation qui encadre effectivement la responsabilité civile des producteurs d’OGM.

Considérant que le Conseil Régional soutiendra la recherche publique et ne s’oppose pas à la poursuite des expériences en milieu confiné,

Considérant qu’il convient d’appliquer également le principe de précaution à l’égard des Organismes Génétiquement Modifiés :


APRES EN AVOIR DELIBERE

Article 1

Le Conseil Régional s’oppose à toute mise en place, sur son territoire, de cultures en milieu non confiné (eaux, air, sols) y compris en forêt, d’organismes génétiquement modifiés (animaux, végétaux, fongiques ou microbiens), que ces cultures soient destinées à la production ou à l’expérimentation.

Article 2

Le Conseil Régional d’Ile-de-France apportera son soutien aux élus qui, par délibération de leur collectivité territoriale, ont pris ou prendront position en faveur de l’interdiction de telles cultures sur le territoire de leur collectivité. Aussi, il autorise le Président du Conseil Régional à intervenir dans les éventuels contentieux relatifs aux arrêtés municipaux d’interdiction des OGM en plein champ, en relation avec la protection de cultures de qualité pour soutenir ces orientations.

Article 3

Le Conseil Régional d’Ile-de-France incitera la consommation d’aliments non transgéniques dans la restauration collective des établissements dont il a la responsabilité.

Article 4

La Région Île de France adhère au Réseau des Régions Européennes Libres d’OGM (European network of GMO-free Regions) et mandate le Président du Conseil Régional d’Ile-de-France pour porter cette adhésion.

Article 5

Le Conseil Régional d’Ile-de-France favorisera la réflexion citoyenne sur le sujet des OGM.


Mission sur les OGM : Le Déaut (PS) président, Ménard (UMP) rapporteur

PARIS, 19 oct 2004 (AFP)

- La mission d'information parlementaire sur les conséquences des OGM, qui a tenu mardi sa réunion constitutive à l'Assemblée, a choisi comme président Jean-Yves Le Déaut (PS, Meurthe-et-Moselle) et comme rapporteur Christian Ménard (UMP, Finistère), a-t-on appris de source parlementaire.

Créée la semaine dernière par la conférence des présidents de l'Assemblée, à l'initiative de Jean-Louis Debré, cette mission d'information comprend 31 membres (18 UMP, 8 PS, 2 UDF, 2 PCF et 1 non inscrit).

Le but de cette mission parlementaire est de s'informer sur "les conséquences environnementales et sanitaires des autorisations d'essais d'organismes génétiquement modifiés".

Se félicitant de cette initiative, Christian Ménard a rappelé, dans un communiqué, qu'il avait demandé la création de cette mission "dès le mois de juillet dernier".

Cette mission est la cinquième créée selon cette nouvelle procédure, après celles sur les signes religieux à l'école, l'accompagnement de la fin de vie et la sécurité dans les transports aériens.


Libre opinion: Sécurité alimentaire et OGM au menu parlementaire

http://www.ledevoir.com/2004/10/20/66511.html


Bové invite les Européens à rejeter l'utilisation des OGM

BRUXELLES (Reuters)

L'ancien porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, a appelé les Européens à participer à des opérations de désobéissance civile pour dire leur rejet de l'utilisation d'organismes génétiquement modifiés (OGM).

"La démocratie n'a plus de sens en Europe à partir du moment où la Commission européenne nous dit que nous devons utiliser des OGM", a dit l'actuel membre du bureau de la Via campesina lors d'une conférence de presse.

"En tant que paysans et citoyens, la seule chose qu'il nous reste à faire est de participer directement à des mouvements de désobéissance civile."

"Les citoyens doivent faire pression sur leur propre gouvernement et sur la Commission européenne", a dit Bové, un des chefs de file du mouvement des Faucheurs volontaires, qui a récemment participé à des opérations de fauchage de champs d'OGM en France.

"Si cela doit nous conduire en prison, alors nous serons des milliers", a-t-il ajouté, en précisant que ce genre d'opération devait être publique et non-violente.

La Commission européenne devrait assouplir l'an prochain la législation pour permettre l'importation de produits alimentaires à base d'OGM, en dépit des réserves que suscite cette technologie auprès des différents gouvernements de l'UE. A en croire les sondages, 70% des consommateurs européens sont contre les aliments génétiquement modifiés.

Le moratoire de cinq ans sur les importations de produits OGM est devenu caduque au printemps dernier car il n'a pas été renouvelé.

Les actions de désobéissance civile des militants écologistes et paysans en France ont valu à certains, dont José Bové, des peines d'emprisonnement.

"Depuis que nous avons commencé ces opérations illégales, 50% des Français disent les approuver, même si elles sont illégales", s'est enorgueilli le militant altermondialiste.



Le Brésil fait un nouveau pas vers la légalisation des transgéniques

RIO DE JANEIRO, 15 oct (AFP)

Malgré les réticences de la ministre de l'Environnement et des organisations de consommateurs brésiliens, le président Luiz Inacio Lula da Silva a autorisé pour la troisième année consécutive la culture et la commercialisation de la récolte de soja transgénique en attendant une loi définitive sur les OGM au Brésil.

"Le provisoire est en train de devenir définitif. On est devant la loi du fait accompli et les transgéniques s'étendent dans le pays qui est le premier exportateur mondial de soja conventionnel", a déploré vendredi à l'AFP Gabriel Fernandes, porte-parole d'un grand réseau de mouvements pour un Brésil libre de transgénique (ASPTA).

Selon lui "Lula a cédé au lobby de l'agroalimentaire au détriment du ministère de l'Environnement et en dépit de ses engagements internationaux puisque le Brésil est signataire de la Convention de la Biodiversité".

Greenpeace a qualifié "d'absurde" le décret signé jeudi soir par Lula, dont le Parti des Travailleurs (PT-gauche) a toujours été farouchement opposé à la libération des OMG.

"Le problème majeur de ce nouveau décret est qu'aucune étude d'impact du soja transgénique sur l'environnement n'a encore été présentée", a déclaré Gabriela Couto de Greenpeace.

En mars 2003, Lula avait autorisé la vente du soja transgénique, produit illégalement dans l'Etat du Grande do Sul (sud du pays) avec des graines achetées en contrebande d'Argentine. Il voulait ainsi éviter de grosses pertes financières aux producteurs de la région. En septembre, il avait réédité le décret pour 2004, en attendant l'adoption de la polémique et définitive "Loi de la Biosécurité".

En février de cette année, la Chambre des députés a approuvé un texte de projet de loi en accord notamment avec les orientations de la ministre de l'Environnement, Marina Silva, et des représentants de la société civile. Mais ce projet a été modifié le 6 octobre au Sénat et devra être soumis une nouvelle fois au vote des députés, en novembre. Les députés devront voter intégralement le projet ou le rejeter en bloc, n'ayant pas le droit de le modifier.

Comme la loi sur la Biosécurité n'a pas été votée à temps pour régulariser la récolte 2005, dont l'ensemencement débute en octobre, les parlementaires et agriculteurs partisans des OGM tablaient sur un nouveau décret présidentiel.

Pour ASPTA et Greenpeace le nouveau décret "contrarie" la Constitution brésilienne qui stipule des études scientifiques avant d'autoriser les OGMs dans le pays.

C'est aussi "un manque de respect" envers les Brésiliens dont 80% s'opposent aux OGMs.

De plus, selon ces organisations, cela "compromet" les avantages commerciaux que le Brésil détient par rapport aux pays qui exportent du soja transgénique.

Des trois principaux exportateurs mondiaux de soja, le Brésil est le seul capable de répondre à la demande du marché international, notamment l'Union Européenne, pour des produits sans OGM puisque la production des deux autres (Etats-Unis et Argentine) est transgénique.

Le Brésil, premier exportateur mondial de soja conventionel, a produit 4,1 millions de soja transgénique (développé par la multinationale américaine Monsanto) lors de la récolte 2003-2004, ce qui représente 8,2% de la production nationale de soja, selon le Ministère de l'Agriculture.

Les 88,1% de la récolte de soja transgénique (d'un montant total de 900 million de dollars), ont été cueillis dans l'Etat de Grande do Sul (extrême sud).