Canard Enchainé2008
Dopage ou Désert ?


Le Canard Enchaîné du 30 juillet 2003

   Les Organisateurs du Tour de France sont inquiets. Le dopage n'a pas bonne presse, et vient ternir l'image de la compétition cycliste la plus fameuse du monde.

 
  Malgré la création récente de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFDL), à laquelle siège un représentant de l'Agence Mondiale Antidopage (AMA), les affaires récentes de sportifs "contrôlés positifs" et la connaissance de techniques indétectables aux contrôles laissent planer de sérieux doutes sur cette manifestation sportive. L'administration de produits sanguins qui favorisent le transport d'oxygène, ou encore une nouvelle forme d'EPO fabriquée sur lignée cellulaire humaine (la dynepo), passent en effet au travers des contrôles actuels. Quant à l'hormone de croissance, utilisée comme amplificateur du capital musculaire en dehors des saisons sportives, elle n'a encore jamais été détectée pendant les épreuves.
   Une remise à l'heure des pendules de la compétition sportive nous ferait revenir plusieurs dizaines d'années en arrière, lorsque le peloton de cyclistes laissait derrière lui une traînée de sueur sur le macadam, et que la vitesse moyenne horaire des coureurs n'excédait pas 25 km/h - à comparer aux 40 km/h de ces dernières années -. C'est près d'un siècle de dopage qu'il faudrait dénoncer, comme en témoigne dès 1920 l'invention du "pot belge" décrit par les frères Pélissier, champions de l'époque : un mélange détonnant d'amphétamine et de cocaïne pour la stimulation du système nerveux central, celle qui rend temporairement euphorique, hyperactif et parfois agressif, complété par de l'héroïne et des antalgiques, pour le sentiment intense de bien-être, la relaxation et l'insensibilité à la douleur. La redescente vers le monde réel est ensuite moins agréable que celle qui entraine le cycliste du col de montagne vers la vallée : troubles de l'humeur, troubles cardio-vasculaires et pulmonaires, pouvant aller jusqu'au décès. Depuis la découverte d'amphétamine chez le cycliste Jensen, décédé pendant les Jeux Olympiques de Rome en 1960, la lutte contre les techniques dopantes s'est développée, mais toujours avec un certain retard sur les avancées pharmacologiques.
   Pourtant, du strict point de vue du sport de compétition, faut-il s'en plaindre ?
   Quelles seraient les conséquences sur l'entreprise "Tour de France" d'une révision de son fonctionnement, conduisant à des performances sportives réduites, des abandons, un désintérêt du public ? Déjà, les sponsors s'interrogent. Deutche Telekom vient de mettre fin en novembre 2007 à son soutien financier en faveur du Tour.


"Le Canard Enchaîné" du 9 janvier 2008

   Il est indéniable que le dopage existe depuis la naissance de la compétition dans le sport. Alors, pourquoi ne pas le banaliser, évitant ainsi un rejet populaire du sport dit "de haut niveau", accompagné du tarrissement de ses sources de financements ? Sinon, le parcours du tour à travers les verdoyantes régions françaises, sous les ovations de la foule, risquerait bientôt de ressembler à une traversée du désert.
   En poussant plus loin l'hypothèse d'une libéralisation du dopage, celle-ci pourrait s'étendre à tous ceux qui doivent être particulièrement en forme pendant certaines périodes intenses de leur vie : les étudiants en examens, les artistes sur scène, le personnel politique soumis à la pression du pouvoir.
   Bien évidemment, cette hypothèse étendue ne tient pas. Le risque serait bien trop grand de voir se développer une population de "sur-hommes devant les caméras" qui, lorsque s'éteignent les projecteurs, retomberaient dans leur dépendance à des produits artificiels destructeurs d'un fragile équilibre.
   Le sport est porteur d'autres valeurs que la compétition. Ce sont notamment le courage devant l'effort parfois douloureux, dont l'expérience forme le caractère, et l'esprit de solidarité qui apprend à bien vivre ensemble.
   Comme le déclare Albert Jacquard, "Il faut mettre fin à l'hypocrisie et dire ce qu'est le sport de haut niveau aujourd'hui : une entreprise d'exploitation de l'homme par l'homme, où la seule et véritable règle du jeu est le profit, quel qu'en soit le coût humain. Courir plus vite, sauter plus haut, être le plus fort : il est temps de remiser cet idéal enfantin et de proposer un modèle (...) enfin humaniste."
   Ainsi, pour avoir trop longtemps poursuivi cet idéal, le Tour de France pourrait connaître prochaînement sa traversée du désert, juste le temps nécessaire pour que l'ensemble de la profession, le public et les sponsors admettent la nécessité d'un nouveau départ, sur des bases assainies.
    Dès 2008, un "passeport biologique"doit être mis en place pour chaque cycliste, qui fournirait en continu un suivi de ses paramètres biologiques, et de ses éventuelles modifications d'origine artificielle. Selon Alain Garnier, directeur médical de l'AMA, "il s'agit de passer du contrôle radar - dont l'emplacement est souvent connu - à un enregistreur embarqué mesurant la vitesse en permanence".
  Une telle mesure a un coût non négligeable. Cependant, lorsque la santé des sportifs et de leurs fans est en jeu, il ne parait pas impensable de consacrer à cet effort de réajustement des valeurs sportives une fraction des centaines de millions d'euros qui alimentent encore aujourd'hui le Tour de France.

Professeur Tocardeau


"Le Canard Enchaîné" du 30 juillet 2003

Une rencontre improbable

Dom de Chevreuse

  L’AlterTour, c’est notamment l’histoire d’une rencontre improbable entre d’accueillants paysans et des cyclistes militants.

  Improbable, car la société est ainsi faite qu’elle s’accommode des barrières naturelles entre les hommes ne pratiquant pas la même activité. C’est la structure en « nid d’abeille » qui vient à l’esprit : à chaque citoyen son alvéole, dont il ne sort pratiquement pas. A l’origine de ce cloisonnement, il y a notre tendance naturelle à éviter l’inconnu, et à nous satisfaire d’échanges avec des individus proches de nos préoccupations personnelles. Que pourrait donc raconter à un paysan passionné par l’observation de son sol [1], un chercheur spécialiste de l’identification de réseaux impliqués dans le catabolisme du carbone chez le champignon filamenteux Aspergillus nidulans [2] ? Peut-être plein de choses, en réalité. Mais pour qu’un jour ce lien soit envisageable, il faudrait faire communiquer les alvéoles de la société. Et pour atteindre cet objectif, l’épreuve de la réalité passe par des essais en vraie grandeur, des modèles expérimentaux tels que celui développé en définitive par votre association. En plus de sa dimension professionnelle, le réseau « Accueil paysan » expérimente en effet une manière conviviale de rapprocher le monde paysan et les citoyens.

[1] Philippe de Genouillé, accueillant de l’AlterTour le 19 juillet.
[2] Christian Vélot, altercycliste et intervenant les 21-22 juillet à Saint-Émilion. Ce paysan et ce scientifique ne se sont donc pas rencontrés en 2008. Peut-être alors, sur le tour 2009 ?

  Improbable cette rencontre, car en acceptant l’invitation à participer à l’Assemblée Générale des Amis de la Conf’ sur le plateau de l’Aubrac en août 2007, Gilbert Belgrano (alors secrétaire des Amis d’AP) ignorait qu’il en reviendrait enthousiasmé par la perspective d’un projet dans lequel Accueil Paysan pourrait trouver toute sa place. Ainsi, c’est par l’intermédiaire de deux de leurs  « Amis » respectifs qu’AP, puis la Confédération Paysanne, ont contribué avec une vingtaine d’organisations à ce qu’est devenu l’AlterTour en juillet 2008 : 24 étapes de 200 relais cyclistes, auxquelles une quinzaine d’accueillants ont contribué avec succès. Les sites intégrant à la fois le repas, l’hébergement, la scène militante, ont en effet été des îlots de réconfort dans cette véritable épreuve de solidarité vécue pendant un mois. Certains « altercyclistes » ont tellement apprécié cette expérience qu’ils sont par la suite retournés chez leurs « accueillants ».

   Parmi ces accueillants qui justifient si bien qu’un adjectif devienne un substantif, une mention spéciale à Jean-Baptiste de l’Aude, qui fut je crois le premier à proposer de recevoir le tour, à Julien des Deux-Sèvres dont les qualités d’organisateur ont servi d’exemple aux autres comités, et surtout à Laurent l’Ardéchois qui a « essuyé les plâtres » du premier accueil en début de circuit, et dont l’abnégation l’éloigna fort de chez lui début juillet, à la fois géographiquement et professionnellement.
   A toutes et à tous, merci, en espérant que cette « rencontre improbable » devienne un rendez-vous militant des étés à venir.

17 juillet

Le maillot jaune se met au vert

par Ariane Puccini

Un autre Tour de France est possible, selon les organisateurs de « l’AlterTour pour la biodiversité cultivée et une planète non dopée ». Une boucle écolo de 2 700 km à vélo, pour renvoyer dos à dos OGM et EPO.




  « Qui prend “Cannabis” sur le premier relais ? » Dominique Béroule, un des organisateurs de l’AlterTour, scrute l’assistance réunie dans la salle polyvalente de Cendras, petit village situé à quelques tours de pédalier d’Alès (Gard) et première des 24 étapes de ce tour de France alternatif. L’instant sera bientôt un rituel pour la quarantaine de participants : la répartition des « altercyclettes », qui portent toutes un nom de produit dopant naturel. Comme chaque jour des trois semaines que dure l’AlterTour, la vingtaine de bicyclettes doivent trouver preneur pour parcourir un des huit tronçons de 15 km qui composent l’étape. Soit une moyenne de 120 km par jour. La distance n’effraie pas les « altercyclistes » car l’itinéraire est organisé en relais et c’est tous ensemble qu’ils relieront chacun des étapes de la grande boucle de 2 700 km à parcourir entre le 3 et le 28 juillet. Mot d’ordre de cet événement sportif d’un nouveau genre : la solidarité plutôt que la compétition. D’ailleurs, pas de maillot jaune mais une seule couleur de paletot pour tous les relayeurs : le vert, évidemment. « La compétition est le moteur commun, aujourd’hui, à l’agriculture productiviste et au sport de haut niveau, regrette Lilian Ceballos, pharmacologue et écologue participant à l’AlterTour. Le sol est comme le corps de certains athlètes. On y ajoute des intrants, ces produits dopants de l’agriculture, pour obtenir de meilleurs rendements. »

Changement de vitesse ou de plateau, les cyclistes les plus expérimentés ne sont pas avares en conseil pour les débutants. Puis, progressivement, le long du trajet, les relayeurs se constituent en grappe, sur les petites départementales qu’emprunte l’AlterTour : les sprinters en tête, les promeneurs ou les bavards en queue de peloton. L’« alterbus » ferme la marche avec, à son bord, les altercyclistes qui prendront le relais au prochain stop. Le parcours pourrait n’être qu’une joyeuse randonnée de cyclotourisme, sans l’aspect militant de l’opération. Une vingtaine d’associations ou mouvements soutiennent l’AlterTour, parmi lesquels la Confédération paysanne ou Attac. Et chaque altercylciste trouve sa raison de pédaler : contre la pollution de l’étang de Berre dans les Bouches-du-Rhône, pour la promotion de l’agriculture biologique au Burkina Faso, ou pour l’indépendance du Tibet.
Mais tous rallient la cause écologique, qui sert de dénominateur commun.

À la pause déjeuner ou en fin de journée, les participants, recuits et courbaturés, participent aux débats, conférences, visites ou projections de films qui les attendent à chaque étape. Au programme de ces trois semaines : agroécologie, lutte contre les OGM, énergies vertes ou souveraineté alimentaire, entre autres. Lors des soirées « festéducatives », viennent parfois se mêler aux cyclistes quelques sympathisants ou curieux du village où l’AlterTour fait étape. « Grâce au principe du relais, nous pouvons nous arrêter dans de petits villages et aller à la rencontre des gens », raconte Dominique Béroule, militant à Attac et ami de la Confédération paysanne, chez qui a germé l’idée d’AlterTour, il y a un an. À l’époque, il trace sur une carte un itinéraire reliant tous ses contacts militants autour du Massif central.

La machine est lancée : 24 comités locaux se mettent en place et mobilisent une centaine de personnes pour organiser l’événement. L’AlterTour prévoit déjà de s’arrêter dans des villages ayant pris des arrêtés anti-OGM. Certains élus se sont montrés réticents à accueillir l’événement, refroidis par sa coloration politique. « Mais ils se sont laissés finalement convaincre après discussion », se souvient Dominique Béroule. « Nous sommes là pour écouter et pour rencontrer », avait-il promis à la directrice d’un lycée agricole qui a accueilli l’AlterTour le temps d’une visite. Écouter et rencontrer, mais aussi… contrôler. L’AlterTour effectue en effet des « contrôles inopinés antidopage » sur des feuilles de maïs récupérées sur le parcours. Un test chimique permet de détecter les OGM. « Peu de chance qu’on tombe sur un champ de Mon 810 », confie un Altercycliste, faucheur volontaire. En effet, depuis le Grenelle de l’environnement, les OGM sont sous le coup d’un moratoire. « Mais si jamais nous croisons un champ d’OGM, nous en avertirons les gendarmes pour qu’ils détruisent le champ », assure-t-il. Un tour de France qui prend parfois, aussi, des airs de ronde de garde.

Les cyclistes pédalent entre le 3 et le 28 juillet au rythme de relais solidaires. Leila Minano


septembre 2008

« On ne sera même pas propre pour le 14 juillet ! »

Dom de Chevreuse, conclusion de Laurent du Mans

  Des personnalités d’origines variées soumises à une épreuve sans précédent, collective, pédagogique, itinérante et sportive, contrainte par toute une série de rendez-vous prévus à l’avance avec des collectifs militants.
 Certaines valeurs ne pouvaient en sortir indemnes.

Retour sur un détour en France pas comme les autres.

"On ne sera même pas propre pour le 14 juillet !". Cette remarque ironique, énoncée dès le réveil sur un ton tragique par Stéphane, provoque l’hilarité d’Anny, sa voisine de dortoir improvisé. Nous sommes bien le matin du 14 juillet, après une soirée mémorable de l’AlterTour à l’Arche de la Nature du Mans, suivie d’une nuit courte et fraîche sur un site ne comportant pas de douche. Le rire d’Anny identifie une rupture dans nos habitudes. Dans la réalité décalée que met en scène cet autre tour de France, peu importe en définitive de rompre avec les réflexes quotidiens et les événements sacralisés. Car la priorité est ailleurs. Le but commun des participants peut impliquer du renoncement : à la toilette quotidienne, voire même à la retransmission du défilé militaire sur les Champs-Elysées (ou arrivera bientôt le Tour-de-France) ! Désolé, les altercyclistes ont d’abord rendez-vous avec les fermiers, les associations et les bénévoles qui ont préparé leur accueil, l’après-midi, le soir, et sur les 200 relais que comporte cette vraie grande boucle de 3000 km. De telles rencontres, c’est ce qui compte avant tout. Elles sont tellement rares, ces opportunités de rencontres, dans une société devenue individualiste en même temps qu’ultra-libérale. Cette tendance à l’individualisme, encouragée depuis plusieurs décennies par le système économique à la mode, ne proviendrait-elle pas de notre rejet de la vie en société, une société dont on se souvient qu’elle est guidée par le modèle compétitif de réussite sociale...

  Existe-t-il des modèles plus satisfaisants pour l’individu que l’individualisme ?

  Pendant ce mois de juillet 2008, la roue de la compétition a continué de tourner, en même temps que celles des coureurs du Tour de France : conflits individuels et politiques, atteintes accidentelles ou organisées à la vie, autant de faits d’été composant la trame des bulletins d’information, toujours ponctués par les indices boursiers des grandes firmes. Presque rien pour apprécier son prochain. Presque tout pour accroître la peur de l’autre, cet inconnu, ce concurrent potentiel. De quoi admettre que le sort de la société puisse être placé entre les mains d’un plus autoritaire, d’un plus agressif, d’un plus puissant que soi.

   Pourtant, en marge des routes bitumées, des panneaux de direction obligée et des autoroutes de l’information formatée, l’AlterTour a entraîné une population diverse vers un même objectif.
Mais au fait, cet objectif global, quel était-il ? Il s’agissait d’informer - par l’intermédiaire de la notion de dopage - sur l’agriculture, l’énergie, la biodiversité ; certes, mais la quantité de personnes touchée par cette campagne devait dépendre de la bonne volonté des médias. Or, on ne peut avancer que le dopage existe dans tous les secteurs de notre société compétitive en croyant que cette assertion iconoclaste sera développée au journal de 20 heures.

  Heureusement, et sans préméditation, cette manifestation a également engendré un laboratoire social itinérant. Nous y avons expérimenté à notre insu une nouvelle espèce de microsociété solidaire, sans les réflexes conditionnés habituels, et qui s’est révélée très satisfaisante pour chacun de ses acteurs. Le maillot vert des altercyclistes ne comportait pas de poches, ni pour le porte-monnaie, ni pour le téléphone portable. Les aspects financiers avaient en principe été réglés avant le départ. Communiquer à travers le portable s’avérant encore moins pratique sur deux-roues qu’au volant d’un 4x4, les participants ont beaucoup échangé de vive voix, et - incidemment - de voix vive. L’information radiotélévisuelle était inexistante et Internet quasi-absent.


 Dans une microsociété déduite de l’AlterTour, chacun peut prendre part à l’organisation du voyage, jusqu’à un partage systématique des différentes tâches. Pas de hiérarchie ni de distribution des rôles fixée une fois pour toutes. Les organisateurs intermittents ne se placent pas au dessus des autres, mais à côté.

  Dans cette microsociété, le cercle de parole est l’endroit où l’idée originale a une chance d’émerger, puis de finalement faire consensus. A côté de cette activité dite « intellectuelle »,  l’épreuve de la réalité met en valeur la valeur primordiale de l’activité manuelle dans le succès d’une entreprise (réparations des outils du voyage : alterbus, altercyclettes).

  Dans cette microsociété, le handicap côtoie la pleine forme, et chacun peut être amené à réguler les écarts de comportement des personnes mentalement déficientes. Les différences physiques sont également gérées par le groupe, moyennant un appareillage adapté (tandem pour non-voyant, tricycles couchés). Personne ne reste sur le bord du chemin. Le maillot jaune est porté par celui qui a pour rôle de suivre l’ensemble des cyclistes, contribuant à la sécurité du groupe.

  Dans cette microsociété, nul besoin de dopants artificiels pour avancer. La beauté des paysages rencontrés, la générosité des « accueillants », les harmonies musicales produites par le groupe, l’énergie mise en commun suffisent à doper le mouvement et l’imagination individuelle.

  Une fois revenu de ce périple initiatique, le corps se repose ; beaucoup. L’esprit tente de prolonger l’aventure, de rejouer des scènes, de revoir des paysages, de reprendre de ces tranches de vie heureuse ; souvent.
Le sentiment personnel qui domine l’insatisfaction ambiante est une sérénité mesurée. La contradiction entre un idéal de partage et la réalité du CAC40 est en effet plus facile à gérer après avoir « fait » l’AlterTour, après avoir expérimenté cette nouvelle façon de vivre en nomade, les uns avec les autres. Celles et ceux qui sont passé par là ont aujourd’hui la confirmation que la vie en communauté peut être gratifiante et enrichissante, à condition d’être motivée par un objectif commun présumé louable, et d’y préserver l’initiative individuelle, sans compétition.
 « Je ne suis pas un concurrent » : tel est le slogan que l’altercycliste Philippe a fait figurer sur l’un de ses maillots recyclés, et qui résume une grande épreuve de solidarité peu ordinaire.

  Si le message de l’Altertour : « le dopage a prise sur tous les domaines de la société de compétition, mais des alternatives s’expérimentent partout en france» n’a pas fait le poids face aux machines sportives construites spécifiquement pour les médias comme le Tour de France ou les Jeux Olympiques, force est de conclure qu’il faudra du temps pour tourner les regards sur ces routes de campagnes où notre avenir se construit en alliant la parole, l’acte et la bicyclette…

  Allez, à l’année prochaine, pour un autre tour !


ChimicTour contre AlterTour

par Patrick Mignard

Il y a leur Tour et le nôtre.
- Le notre c’est l’inconnu, celui que l’on ignore, dont on ne trouve que quelques traces à la fin d’édition d’information régionales ou en entrefilets dans la presse locale
- Le leur, c’est la «caravane chimique» qui traîne sans son sillage autant de slogans publicitaires que de scandales révélés ou étouffés, qui déverse des tonnes de publicités et autres gadgets sur un public soumis et qui se croit libre de ses choix.




  C’est dans la comparaison de ces deux événements que l’on peut mesurer le poids de l’idéologie dominante, de la pensée unique. Quand on a vu, sur les bords des routes les masses abruties de publicité, drainées par le conditionnement médiatique, admirer béatement les sous produits d’éprouvettes qui pédalent, on comprend comment où l’on en est politiquement aujourd’hui et l’on se met à craindre pour l’avenir.

LA MARCHANDISE EN FETE

Que du fric!
Le CHIMICTOUR est un résumé fulgurant de ce qu’est le système marchand. Il expose aux yeux de tous, toutes les tares, les dérives, les absurdités qui en constituent le fondement. Gaspillage, fric, compétition, soumission, conditionnement, hypocrisie, tricherie, et j’en oublie certainement… tout y est.

Pourtant, cette manifestation indécente bénéficie de toutes les protections de notre société,… et pour cause.

Alors que des routes entières sont bloquées pour laisser passer ce cirque chimique, la police et la gendarmerie  que l’on veut nous faire croire «service public» - sont mobilisées à grands frais pour assurer sa sécurité.

Tout ce que le système marchand peut avoir d’organisation à sa botte est mobilisé pour abreuver le bon peuple des «bienfaits de la marchandise» et se trouver de nouveaux «héros» qui lui feront oublier la liquidation de tous ses acquis sociaux.

Les coureurs qui passent devant le «bon peuple», bien conditionné par les médias aux ordres, et avides d’audimat, ne sont que des produits fabriqués, dopés, sponsorisés, étiquetés, emballés comme les poulets aux hormones des supermarchés.

La chasse antidopage chez les coureurs «chimiques» n’est qu’un leurre. Tout le monde sait qu’ils sont tous dopés. Le contrôle anti dopage c’est comme la douane, il suffit de ne pas se faire prendre. Malheur à celui qui a mal calculé la quantité des doses prises, des délais de temps pour effacer toute trace, à celui qui est en retard d’une drogue, qui n’a pas le «conseil» médical adéquat,... Il risque de révéler, par ses imprudences, le «pot au roses» et de faire cesser l’illusion…

Ce n’est plus une course cycliste, mais une course entre labos par coureurs interposés.

 





LA CONSCIENCE EN FETE

Que du bonheur !
Délaissé des médias et évidemment par les marques publicitaires avides de consommateurs et de profit, l’ALTERTOUR, lui, ne vit que par la volonté de celles et ceux qui ont une autre éthique que celle que nous impose le système marchand: à la compétition il oppose la solidarité et le plaisir, au matraquage publicitaire, il oppose la connaissance et le respect de la nature: pas d’engrais chimiques, pas d’OGM, de défoliants,…

Peu de moyens, juste ce qu’il faut… donc pas de gaspillage… rien de standardisé, de normalisé… la diversité de la vie mise au service d’une rencontre dans le groupe et au hasard des étapes.

Isolé et ignoré socialement, il existe pourtant dans la conscience et la volonté de femmes et d’hommes  décidés à démontrer que l’on peut «courir» autrement, circuler autrement, découvrir autrement … bref s’amuser et vivre autrement.

Pas de routes bloquées, de trafic dévié, de centres villes en état de siège. l’ALTERTOUR se débrouille comme il peut, au milieu de la circulation automobile il se fraye un chemin sur des petites routes, sans foules hystériques sur son passage. Il est accueilli par des municipalités amies, et consomme des produits qui sentent bon le terroir et le bio.

Pas de journalistes survoltés qui hystérisent les foules au travers de médias complices, mais une communication militante, associative et soucieuse plus de la connaissance que du sensationnel.

Pas de vainqueurs, pas de vaincus,… que des femmes et de hommes heureux/ses d’avoir vécu une expérience enrichissante.

Aux étapes, les conférences débiles des coureurs «chimiques» - qui exposent largement leurs sponsors et débitent des lieux communs affligeants - sont remplacées par des conférences-débats sur le respect de l’environnement et les dangers des manipulations génétiques… bref rien que du sérieux, donc du subversif.

Police et la gendarmerie ne sont jamais là pour traquer les tricheurs, mais seulement pour surveiller, de loin, les tests anti OGM pratiqués sur le long des routes, compléter leurs fichiers en identifiant les participants, sympathisants et militants.

Ainsi, même dans ses aspects les plus matériels, la différence de traitement, le paradoxe en dit long sur les choix opérés par la société marchande.

Ces deux manifestations expriment bien ce qu’est aujourd’hui le combat à mort entre la conscience et la marchandise, l’intérêt immédiat contre l’intérêt citoyen, la solidarité et l’entraide contre la compétition et l’individualisme, le bien être contre la loi du profit.

Deux tours, deux philosophies, deux modes de vie, deux conceptions de la vie,… l’une perverse et déclinante à l’image de notre société marchande, l’autre ouverte sur une autre éthique et qui pourrait bien être les prémisses de la solution alternative qui sauvera l’humanité du désastre.

La Nouvelle République 12 juillet
Altertour : étape à Vendôme pour “une autre consommation”

par Hervé Aussant

L'Altertour fait un tour de France de la promotion de “ nouveaux moyens de consommation ”.
L'Altertour, organisé notamment par Accueil paysan, les Amis de la terre, Attac et les Verts, a fait escale samedi soir à Vendôme, avec une conférence sur l'agroalimentaire donnée par Juan Roy de Menditte, philosophe et membre d'Attac.


L'Altertour est-il un clin d'œil au Tour de France cycliste ?

« Bien sûr. Nous avons cherché, cette année, à recentrer notre lutte contre les organismes génétiquement modifiés (OGM) sur l'Hexagone. Nous avons eu l'idée de faire un tour de France à vélo, l'altertour, en même temps que le Tour de France cycliste. Le parallèle nous a paru amusant. »

Pourquoi ?

« Nous sommes contre le dopage et vous savez ce qu'il en est du Tour de France. Mais le dopage des sportifs n'est qu'un prétexte pour dire que nous sommes contre tous les dopages : les engrais, les pesticides, la compétition, la finance. Nous prenons le contre-pied de tout cela, nous défendons des valeurs de solidarité. »

Le Tour de France est une institution…

« Oui, c'est bien pour cela que nous avons fait l'altertour, mais nous avons été surpris de la réaction de Greenpeace, par exemple, qui n'a pas trop aimé notre initiative. Mais nous aussi, nous faisons ce tour à vélo, en nous relayant tous les 15 kilomètres ! »

Que préconisez-vous ?

« Une promotion de toutes les nouvelles formes de consommation, qui visent à une relocalisation des produits, pour réduire les circuits de distribution et parvenir à une autonomie plus importante. Car le problème qui se profile, c'est l'énergie.

Lors de notre Altertour, nous nous arrêtons à des endroits où ces méthodes sont en pratique pour les mettre en valeur. C'est pour nous un enrichissement intellectuel, c'est d'ailleurs le seul que nous concevons. »

Êtes-vous favorable à la décroissance ?

« Oui, si elle est sectorielle et soutenable. Sectorielle, parce qu'elle doit être économique et non sociale, et soutenable, parce qu'elle ne doit pas aboutir à une régression. Mais il est évident que nous consommons trop. Nous créons de la haute technologie qui génère à son tour une activité de consommation. C'est absurde. Il est hallucinant de constater que la croissance est sacralisée, qu'elle est devenue un dogme, un élément obligatoire de la société. Nous ne sommes pas d'accord. »

Pouvez-vous donner un exemple ?

« Le nucléaire, bien sûr : il est polluant et dangereux. En France, l'énergie éolienne n'est pas assez développée, alors qu'en Allemagne, elle emploie 25.000 salariés. L'éolien, c'est l'emploi de plus de salariés que le nucléaire, c'est moins cher, moins polluant… »

Votre combat porte-t-il ses fruits ?

« Je ne sais pas, mais je vois la fatigue des militants. Nous sommes constamment pris de vitesse : nous n'avons pas les moyens de nos adversaires ? C'est parfois décourageant, mais nous restons des lanceurs d'alertes. Nos idées s'ancrent dans l'esprit de la population. »

26 juillet
AlterTour : le périple des cyclistes écolos

par Silvana Grasso

Deux-roues. Ils sont arrivés hier au Capitole. A vélo, bien sûr et parfois dans des tenues loufoques.

   La 20e étape de l’AlterTour est arrivé hier après-midi place du Capitole. L'occasion de découvrir de drôles de machines, des tenues parfois inattendues et des idées fortes sur l'environnement.


Les vélos

Depuis un an, Pierre pédale sur un vélo couché : « J'en avais assez d'avoir mal aux fesses, explique-t-il. Alors, je me suis fait plaisir, je me suis offert ce vélo. Là, je suis comme dans un fauteuil devant la TV. Zéro stress, zéro fatigue ».
Ces machines se démocratisent doucement. « Comptez le prix d'un vélo de course, soit 1 700 €».
Tout près, Frédéric est fier de présenter son vélo à assistance électrique, avec batterie et moteur, assorti d'un abri veltop. « Ce petit abri indépendant se fixe sur tous types de deux-roues. Drôlement pratique pour se protéger de la pluie, du vent et donner fière allure sa machine ».
« Tall bike », ou double vélo, est doté d'une seule selle, mais possède deux étages. Une idée plutôt originale de l'association VéloRution, qui récupère les deux roues et en fait des objets insolites. Attention, il roule très bien et se moque bien des voitures.

Les vêtements

« Plus de pétrole, tous à vélo », lancent les altercyclistes en arrivant sur la place. Guillaume, 26 ans, vient de la région lyonnaise. « Nous sommes les « guerriers de l'arc-en-ciel », affublés d'une large robe de couleur assortie à notre vélo. Nous venons d'un peu partout en France. L'an passé, pour exprimer nos idées, on a fait la « marche du vivant » des Pyrénées à Paris. Le 9 septembre 2009, on fera la marche pour la paix ».

Idées

Elizabeth, cycliste convaincue, a rejoint les alters. « Pour le plaisir du vélo, l'aspect militant et parce que c'est pas trop sportif ». François, 60 ans, et Roland, 83 ans : « L’AlterTour sans dopage ni sponsors est une très bonne chose, même si c'est un peu utopique... » Nicole, l'une des organisatrices, le répète : « Cette première édition augure d'un bon bilan. Entre 200 à 300 participants nous rejoignent à chaque étape ».

Le plus heureux? Alain Ciekanki, responsable des Amis de la Terre : « La LMSE a été retirée par la municipalité comme promis. C'est une belle victoire ». Tandis que Régis Godec, élu Vert à la mairie de Toulouse, réaffirme son engagement pour l'environnement. L'AlterTour arrivera à Montpellier le 28 juillet.


(SPORT + COMPETITION) MARCHANDISE = DOPAGE

par Patrick Mignard

C’est la formule magique du sport dans une économie de marché. C’est cette formule qui devrait figurer sur le logo du Tour de France (et pas que de lui), épreuve «sportive» qui vient de nous donner depuis quelques années, l’exemple même de ce que donne la marchandisation du sport.

  Le sport de compétition, en soi, est déjà source de toute une série de dérives, mais quand en plus, l’argent s’en mêle, le pire est à redouter.

UNE ECONOMIE POLITIQUE DU DOPAGE

La manière dont nous est présenté le dopage est souvent perverse. Moralisante, elle cache par cette pseudo moralité les vraies racines du mal. En effet, le problème du dopage nous est présente sur deux plans: le moral et la santé.
- Sur le plan moral: «ce n’est pas bien de tricher».
- Sur le plan sanitaire: se doper présente des dangers pour la santé.
- Tout cela est fort juste mais manque singulièrement de profondeur d’analyse car la vrai question est la suivante: comment se fait-il que des sportifs trichent et prennent autant de risque pour leur crédibilité et leur santé?
La réponse simpliste serait de dire: pour gagner! Soit, mais encore?
C’est toute la structure de ce qui constitue, socialement et économiquement, le sport qui est génératrice de cette dérive qu’est le dopage.

La règle générale est la suivante et est très simple: je ne peux courir que si je suis sponsorisé, par une marque, pour être sponsorisé il faut que je gagne, pour gagner je me dope.

Autrement dit, la course n’a pas  plus  de valeur en elle-même. L’important n’est plus l’effort, pas plus que le temps, pas plus que les qualités du sportif, l’important est l’argent que l’on peut faire par la médiatisation et la publicité d’une marque.
Le discours des journalistes sportifs est un exemple parfait d’hypocrisie puisqu’ils s’acharnent à faire croire à une réalité qui est complètement réifiée et dont la véritable essence est la marchandise…. ce dont ils se gardent bien de parler et de dénoncer, se rendant ainsi complice de la mystification. Louer l’effort d’un concurrent, saluer une victoire c’est en fait applaudir un système pervers de détournement, c’est cautionner ce sur quoi se fonde la victoire, le dopage, donc la triche.

Le sport est alors totalement instrumentalisé, a perdu son sens originel, n’est plus que le support d’un domaine du système marchand, d’un domaine qui a été complètement phagocyté par la logique marchande.

Le sport, l’effort n’est que le support physique de l’argent.


L’IMPOSSIBLE SOLUTION

C’est un cercle vicieux auquel on peut difficilement échapper.
En effet, même le coureur honnête ne peut pas ne pas se doper parce que, s’il ne le fait pas, il est de fait hors jeu, ne respectant pas la loi, non dite, qui fait qu’il faille se doper pour sportivement et donc économiquement exister.
De même, imaginons un sponsor qui refuse le dopage, ses coureurs ne feront jamais le «haut de l’affiche», hors, s’il sponsorise c’est pour être connu… et il ne peut l’être que si ses coureurs existent, gagnent, donc… se dopent….

On peut comparer, au niveau du principe, le problème du dopage à celui de l’utilisation des engrais et des pesticides.
Le paysan qui n’utilise pas d’engrais voit sa productivité être inférieure à celle de ses concurrents. De même que celui qui n’utilise pas de pesticides dans un environnement saturé de ces produits verra ses récoltes attaquées par les insectes.
Dans les deux cas on est poussé à l’utilisation de tels produits par la logique même du système.

La solution au problème du dopage est donc beaucoup plus complexe qu’une question de répression qui ne règle rien et n’a jusqu’à présent rien réglé.

Tant que le Tour de France, et toutes les manifestations sportives, fonctionneront sur le principe marchand, le dopage règnera en maître.
Le problème c’est que le Tour de France et maintes manifestations sportives, jusqu’aux Jeux Olympiques sont complètement soumises à la logique de la marchandise.
Peut-on «démarchandiser» ce type de manifestation?
C’est peu probable. Trop d’intérêts commerciaux, financiers et politiques sont en jeux. Le sport faire désormais partie intégrante du système.

Il faut, bien entendu, ajouter à cet édifiant tableau, le rôle idéologique que joue le sport dans notre société. Véritable entreprise d’abrutissement massif, exutoire de la grogne sociale, instrument de dérivation des colères. Il permet de dévoyer les énergies subversives vers le nationalisme, le chauvinisme,… aboutissant souvent au racisme et à la haine de l’autre.

La solution dépasse donc la simple question du sport mais pose un vrai problème politique et social. Tant que des naïfs applaudiront bêtement des individus drogués transformés en pharmacie ambulante, la grande boucle continuera avec ses scandales… Si tout le monde s’en désintéresse, le Tour de France, et autres manifestations sportives, n’auront plus d’intérêt pour les sponsors… alors, mais alors seulement, on pourra imaginer un autre type d’épreuve.

Avant d’en arriver là il faudra bien d’autres changements dans notre société décadente.


Tous en selle pour l'Altertour
par Henry Moreigne
paru dans La Mouette

Vous aimez le vélo, de la bicyclette de grand-papa au vélo de course mais vous ne supportez plus les dérives du Tour de France et les atteintes récurrentes à la planète ? L’Altertour est fait pour vous. L’Altertour est au tour de France ce qu’est le forum social de Porto Alégre au forum économique de Davos. Une giga randonnée à vélo, sans dopage, sans esprit de compétition mais avec de la bonne humeur, des conférences pédagogiques et des animations musicales !

A l’origine du projet, Dom de Chevreuse, personnalité bien connue des milieux altermondialistes. Ses passions sont légion notamment en l’espèce défendre à la fois le monde paysan et la biodiversité. Ce qu’il déteste ? Le dopage sous toutes ses formes, aussi bien pour les humains que pour la nature avec les OGM. Dans ce combat, la pédagogie et la convivialité sont ses meilleurs armes.

Alors que Le Tour, version officielle, traversera la France avec sa caravane publicitaire, sa cohorte de médias et ses coureurs suspectés, quoi qu’il advienne de dopage, l’Altertour lui proposera en toute simplicité, du 3 au 28 juillet, de partager plaisirs et savoir. A chaque étape et demi-étape, se succéderont des points de rencontre avec des vrais gens, bien du cru au bon sens du terme, des producteurs bio locaux, le tout agrémenté de projections, visites, débats…


En guest stars Rictus, un groupe délirant des viticolrockeurs qui s’est taillé sa petite notoriété avec une ode anti-OGM dont le titre,”Faucher-Faucher”, constitue à lui seul tout un programme mais aussi, une caution morale et intellectuelle de poids avec le professeur Albert Jacquard.

Organisation bien huilée, lucrative à souhait d’un côté et, de l’autre, des bénévoles seulement armés de bouts de ficelles et beaucoup de bonne volonté. Sur le papier, le combat est inégal. Et pourtant le mois de juillet pourrait être celui de toutes les surprises. L’Altertour s’annonce en effet comme un grand moment d’anthologie, un de ces rendez-vous rares celui où la vraie France se retrouve dans une joyeuse pagaille.

Concrètement, l’Altertour, c’est une boucle de 2 700 kms, dont 480 kms de voies vertes qui traverseront des villages de caractère et de superbes paysages. Pas besoin d’être sportif pour participer. L’épreuve est à la carte avec 24 relais tous les 15 kilomètres, le tout dans un esprit de solidarité. Pas besoin non plus d’emmener son vélo, les altercyclistes se transmettent les altercyclettes ! Et après l’effort, le réconfort avec un programme de quelques 40 événements locaux.

Dans ce pari un peu fou, Dom de Chevreuse et son équipe espèrent que le public répondra présent. Privés des médias officiels, ils ne peuvent compter que sur leurs réseaux, le bouche à oreille et leur site internet.


L’alter tour
Dans moins d’un mois, le grand départ !
par Anny de Rochefort

Le 3 juillet à Cendras, le départ d’une grande boucle de 2700 Km sera donné. Ce tour de France d’un nouveau genre se fera en parallèle du tour de France officiel. Ce dernier est montré du doigt pour le dopage qui l’accompagne et ses objectifs plus financiers que sportifs. L’Alter tour de France se donne, lui, pour objectif d’être en phase avec le développement durable.

Les nombreux partenaires de l’Alter tour veulent montrer qu’un autre sport et une autre façon de vivre sont possibles mais aussi qu’une autre agriculture sans OGM ni pesticides existe et doit se développer pour répondre aux crises alimentaires attendues.

Enfourchez vos vélos jusqu’au 28 juillet- arrivée à Villeneuve-les-Maguelone - ou pour seulement quelques étapes ! Ici tout le monde gagne à se connaître, à s’informer, à regarder les paysages, à partager le meilleur et le plus difficile, pour que personne ne soit à la traîne.

Pas de maillot jaune, mais de la bonne humeur, des spectacles et des conférences où petits et grands peuvent enrichir leurs connaissances autour des thèmes de l’AGRO-ECOLOGIE, des AMAP, l’APICULTURE, du DOPAGE, de l’ENERGIE / de la DECROISSANCE, de la GESTION DU TERRITOIRE, des TRANSPORTS, de la GESTION de l’EAU, des MAISONS ECOLOGIQUES, des OGM, les PESTICIDES, de la RECHERCHE AGRONOMIQUE, de la SOUVERAINETE ALIMENTAIRE, des SEMENCES PAYSANNES, du SPORT, de la SOLIDARITE, etc.

Pour avoir la fierté de dire « c’était en 2008, j’y étais ! » inscrivez vous, seul, ou avec vos amis, vos enfants, vos voisins … avant le 25 juin, à partir du site : www.altertour.net, et faites confiance aux 100 bénévoles qui ont tout préparé pour que cet événement soit une réussite écologique, festive et éducative !


AlterTour :
Champions de rien,
curieux de tout
par Jean-Claude Moreau

paysan dans l’Indre
Campagnes solidaires N° 230 juin 2008
« Le Tour » ! Celui de France, celui d’il y a un siècle, celui des Darrigade, Charly Gaul, Raymond Poulidor, Fausto Coppi, des héros sortis de l’anonymat de leur cambrousse, de leur milieu populo, celui-là resplendit comme une image de chocolat Poulain.
C’est pas qu’on y croit, c’est un cabotinage sportif qui recycle quelque diseur d’épopée et envoie quelques héros dans la poussière du linceul. La dope n’est pas mauvaise : elle est un médicament dévoyé. La dope ne devrait pas exister : nous aurions des champions purs. Hélas, les meilleurs n’ont pas de temps à perdre pour gérer leur carrière : imaginez ce qu’aurait pu faire Kerviel, le trader de la Générale, en champion cycliste !
Le Tour d’il y a un siècle n’est que le tour de nos images : celles d’un public « formidable » (donc, je suis formidable !), d’un pays rural quand les populations sont majoritairement citadines, du champion méritant quand le mérite est si difficile professionnellement …

Ce mérite, c’est comme le bonheur : à nous de le prendre en direct, en veux-tu en voilà, comme un autre Tour. Car c’est un autre Tour de regarder au ras de l’herbe et au-dessus de la planète, de porter la biodiversité plutôt que les noms des marques les plus improbables, de battre la compétition, non pas à plate couture, mais au gré de la connaissance et de la fantaisie. Les champions de rien sont les curieux de tout ! C’est ça l’AlterTour, des étapes pour amis de la Conf’, en vélo pour les ceusses qui aiment le vélo (les autres feront autrement !), avec repos en connaissance de cause : pratiques agricoles, alternatives sociales, pratiques de fêtes, pratiques de la recherche…
Du 3 au 28 juillet, l’AlterTour ne connaîtra pas de côte éliminatoire. Dans les fermes étapes, au bord des routes et même en vélo, nous serons là pour les recevoir, les encourager et les accompagner dans cette belle aventure.

Résistance internationale aux OGM

par Julian Rose

paysan, Président de la Coalition Internationale pour Protéger la Campagne Polonaise (ICPPC)


  Il existe plusieurs niveaux de résistance : ‘passive’, ‘occasionnellement active’, et ‘active’. Les puissances politiques et industrielles qui cherchent à réguler la chaîne alimentaire comptent plutôt sur une résistance de type passive et bâillonnée. Elles tolèrent qu’une résistance occasionnelle interfère avec leur objectif majeur, mais pas une résistance vraiment active. On comprend donc que ceux d’entre nous qui frappent avec assiduité aux portes des corporatismes pro-OGM soient mis sous écoute, ennuyés, et généralement marginalisés par la pensée dominante et les médias qui la servent.
Ne nous berçons pas d’illusion : la pensée dominante est alimentée par l’agrobusiness, dont les profits annuels se chiffrent en centaines de (« double figure » à vérifier) milliards, et qui tente réellement de contrôler la totalité de l’alimentation mondiale. " Contrôlez le pétrole et vous contrôlerez les gouvernements. Contrôlez la nourriture et vous contrôlerez les peuples” disait Henry Kissinger.


   Quel est le meilleur moyen de contrôler la nourriture ? Réponse : viser les graines, le point de départ de nos ressources génétiques, à la base de la biodiversité de la planète.

La vraie ligne de démarcation entre l’acceptation et le refus des OGM se situe au niveau du droit à produire notre nourriture, indépendamment des intérêts commerciaux des grandes firmes. La souveraineté alimentaire constitue le droit absolu de tout citoyen d’une communauté humaine sur cette planète, et ceux qui, historiquement, ont été les plus activement engagés dans cette résistance sont les paysans du monde.
S’associer aux paysans, comme notamment en France, en Inde, en Amérique du sud, Pologne, Roumanie, Turquie, et à travers le monde, contribue à former une alliance efficace contre les forces de la stérilité et de la destruction. Localement, les agriculteurs ont souvent peu de contact avec le monde extérieur et deviennent facilement les victimes du discours attractif des vendeurs de graines et des aides gouvernementales. Les citoyens militants, qui défendent résolument une nourriture saine et sans OGM, peuvent offrir un soutien crucial aux paysans, au moins en les informant des stratégies prédatrices des grandes firmes, et en les associant au mouvement de résistance internationale.

Traduit de l'anglais, extrait de Julian Rose : Paysan, Président de la Coalition Internationale pour Protéger la Campagne Polonaise (ICPPC)

Julian Rose interviendra le 9 juillet à Château-Chinon

Dépendance entretenue au dopage agricole
Etre ou ne pas être… en forme. La question ne peut se poser lorsqu’on est soumis à la dictature de l’efficacité immédiate et récurrente. Malgré les fluctuations de notre état interne, le spectacle n’attend pas, l’économie libérale non plus. Il faut être performant. La tentation est donc grande d’avoir recours à des substances qui améliorent notre perception du monde tout en potentialisant pour un temps nos capacités intellectuelles et physiques, avec parfois le soutien implicite de ceux qui en tirent profit.

Certains de ces produits sont intégrés à la vie en société et présentent peu d’effets indésirables à petites doses, comme le café, l’alcool, le tabac. D’autres substances admettent un effet plus marqué, dont les conséquences dépendent de quelques principes biologiques :

1. un produit biologique donné admet généralement plusieurs cibles. C’est ainsi que la cocaïne n’agit pas uniquement sur le système neuromodulateur du cerveau, mais également sur le système vasculaire, pouvant entraîner à long terme des attaques cardiaques ou cérébrales.

2. l’introduction artificielle d’un produit dans un organisme vivant donne lieu à une adaptation de ce dernier. L’arrêt du produit provoque ensuite un déséquilibre durable (sensation de « manque » dans le cas d’un dopant) qui correspond à une entrée en dépendance.

  Appliqué au dopage de l’agriculture par les intrants et les biotechnologies, ces principes biologiques restent valables :
1. Les produits dits « phytosanitaires » ne s’avèrent pas seulement toxiques pour certains organismes : ils touchent notamment les insectes pollinisateurs, et se retrouvent dans l’alimentation humaine. Quant aux plantes génétiquement modifiées, tout comme les dopants sportifs modernes, elles sont utilisées prématurément avant d’en connaître toutes les cibles. Les retours sur investissement ne supportent pas de retard.
2. L’association d’intrants aux cultures engendre des sols biologiquement appauvris et une sélection de plantes fragilisées (témoignage de Pascal Poot, à paraître dans ces colonnes et dans le recueil de pratiques agroécologique de l'Altertour). Mais peut-être cette dépendance est-elle voulue ?

Connaissez vous l’Altertour ?

par Catherine Chalom, WordPress

  Vous connaissez le tour de France, avec chaque année son lot d’accidents, de scandales liés au dopage, car cette activité sportive brasse de tels enjeux financiers que les coureurs sont prêts à braver des risques inutiles et mettre leur sécurité en danger, soit de leur propre initiative, soit du fait de la pression de leur sponsor.  Alors face à ce monde où la compétition est placée comme une valeur, que ce soit la compétition sportive, la compétition pour les postes dans l’entreprise ou en dehors (tout le monde sait bien que les chômeurs, s’ils sont chômeurs, c’est parce qu’ils ne valent pas ceux qui ont un boulot), la compétition dans les émissions stupides à la TV où il faut éliminer les gens pour qu’ils ne restent que 1 ou 2 gagnants. Eliminer : belle mentalité ; on devrait aussi éliminer les handicapés, les trop grands, les trop petits, les trop gros, les trop maigres, que sais-je encore ?  Donc dans ce monde devenu fou, il faut savoir saluer les belles initiatives ; en voici une : l’Altertour.

  L‘Altertour se définit lui même comme un autre Tour de France, qui dénonce le dopage sous toutes ses formes : dans le sport parce qu’il y porte atteinte aux sportifs pour le bénéfice de sponsors, et dans l’agriculture, parce qu’il y porte atteinte aux paysans et à la biodiversité pour le bénéfice des firmes productrices d’OGM et d’agrotoxiques.

  C’est aussi un tour qui se fait dans un esprit de solidarité et non de compétition. Il empruntera les anciennes voies de halage et des voies ferrées. 2.700 km seront parcourus, mais chaque coureur n’effectuera qu’une petite étape de quelques kilomètres. Le contrôle anti dopage sera réservé aux feuilles de maïs récupérées le long du trajet. Les étapes passeront prioritairement dans des villes où la municipalité aura pris des arrêtés anti OGM. Et chaque étape sera l’opportunité de rencontres, de débats (souveraineté alimentaire, OGM et brevetage du vivant, diversité culturelle et Esperanto,…).  De nombreuses organisations s’associent à ce projet : la FNAB (Fédération Nationale d’Agriculture Biologique), la Confédération Paysanne, le Réseau Semences Paysannes, Accueil Paysan, ATTAC,…  Si ce projet sympathique, délirant, chaleureux, original, solidaire,… alternatif pour tout dire, vous plait, rendez vous sur le site de l’Altertour pour en savoir davantage… et pourquoi pas pour participer ?

le 26 janvier 2008